Le journal Le Monde répond au Maroc et à NSO
Le journal français Le Monde a publié, jeudi, un article dans lequel il a battu en brèche l’argumentaire avancé par le royaume du Maroc et l’entreprise israélienne NSO qui ont nié avoir utilisé le logiciel espion Pegasus pour surveiller des journalistes et des personnalités. Dans son article, Le Monde a démenti les affirmations du Maroc selon lesquelles ce pays ne serait pas client de NSO assurant que «le projet Pegasus a accumulé de multiples éléments, tant techniques que concernant l’identité des cibles, qui montrent très clairement que le Maroc est client de NSO et opère des surveillances électroniques par le biais de Pegasus». «De nombreuses victimes du logiciel espion ont, par ailleurs, eu maille à partir avec le renseignement marocain, dont des militants partisans de l’indépendance du Sahara occidental ou des journalistes. Par ailleurs, le Citizen Lab de Toronto, lun des principaux centres de recherche sur les logiciels espions, avait, dès 2018, identifié le Maroc comme un très probable client de NSO, en se basant sur une analyse des infrastructures utilisées par le logiciel espion», soutient Le Monde. Avant d’ajouter : «Des analyses plus récentes du même Citizen Lab ont confirmé que le client marocain de NSO Group avait été actif en France depuis 2018 et jusqu’à cette année». Il affirme, à ce sujet, que «le Security Lab d’Amnesty International a retrouvé des traces de Pegasus, portant la signature technique distinctive d’un même client sur les téléphones utilisés du journaliste Edwy Plenel et de l’ancien ministre François de Rugy, tout comme sur ceux de la militante Claude Mangin et du journaliste marocain Omar Radi, deux personnes qui intéressent au plus haut point les services de renseignement marocains». Répondant, par ailleurs, au communiqué du palais royal du Maroc, publié le 20 juillet, dans lequel il défie
Amnesty International et le consortium Forbidden Stories de «fournir des preuves matérielles», le journal Le Monde souligne que désormais «toutes les preuves sont publiques et vérifiables». «Les preuves matérielles sont toutes publiques : elles ont été mises en ligne le 18 juillet par le Security Lab d’Amnesty International. La méthodologie de ce rapport a été validée de manière indépendante par le Citizen Lab de Toronto. Aucun élément remettant en cause la moindre partie du rapport, dont le sérieux a été unanimement salué dans le milieu de la sécurité informatique, n’a été signalé à ce jour», affirme le journal français. S’intéressant, en outre, au communiqué de NSO Group dans lequel il conteste le fait que «la liste de plus de 50 000 numéros de téléphone n’ont rien à voir avec le système de Pegasus et ne représentent pas des cibles», Le Monde note que «l’analyse de nombreux téléphones figurant dans cette liste montre, comme l’écrivent les médias du consortium depuis le début, qu’elle contient à la fois des numéros qui ont été infectés, des numéros qui ont été ciblés et des numéros qui n’ont pas été ciblés par Pegasus». Il relève que «plus de la moitié des téléphones testés par le Security Lab d’Amnesty International avaient été infectés ou présentaient des traces du logiciel espion, une coïncidence extrêmement forte si cette liste n’avait aucun rapport avec NSO et Pegasus». Dans le même ordre d’idées, le quotidien Le Monde dément les affirmations de NSO relatives à l’impossibilité d’accéder aux numéros de certaines personnalités, en soulignant que des personnes de l’entourage du journaliste saoudien assassiné, Jamal Khashoggi ont bien été ciblées par le logiciel espion. «Les analyses des téléphones de plusieurs de ses proches montrent sans équivoque qu’ils ont bien été infectés par Pegasus», note le journal.