El Watan (Algeria)

«Même justifiée, toute forme de populisme n’est pas la bienvenue»

- A. B.

Asma Bersali

Une fois encore, le ministre de l’Education nationale a annoncé la baisse de la moyenne d’admission au baccalauré­at. Pédagogiqu­ement parlant, est-ce acceptable ?

Ce 9,50/20 a été adopté par rapport au 9 de l’année dernière et aux perturbati­ons de cette année scolaire qui n’a commencé que vers la minovembre. Malgré cela, les élèves ont beaucoup travaillé et leurs résultats sont mérités. Mais le recours à cette baisse de la moyenne n’avait pas de motif valable, sauf un peu de populisme motivé par la situation de pandémie que nous vivons. Ceci dit, ce qui fait mal au coeur est que nous n’avons pas encore atteint les objectifs assignés par la loi d’orientatio­n. C’est-à-dire que malgré tous ces efforts et cette revue à la baisse de la moyenne de réussite au bac, nous n’avons toujours pas atteint les 75% de taux de réussite, comme le veut la loi d’orientatio­n. Cela sous-entend qu’il y a d’autres problèmes à régler au lieu d’aller vers cette admission d’office de tous les candidats ayant un 9,5/20 et jouer sur la carte de l’apaisement des esprits en misant sur un tel examen. Toute forme de populisme n’est pas la bienvenue, même si elle est justifiée.

Qu’y avait-il lieu de faire alors ?

Il faut savoir que l’instaurati­on du 10/20, une norme internatio­nale, a nécessité plusieurs années de travail et surtout beaucoup de peine. Il est aujourd’hui anormal d’admettre des élèves dans les différents paliers avec un 10 obligatoir­e et tolérer une moyenne plus basse pour les futurs bacheliers. L’année scolaire s’est plutôt bien passée et nous aurions pu conserver le 10 pour le passage, surtout que les sujets étaient abordables. En tant que pédagogue, j’aurais préféré de loin l’adoption du rachat. Pour faire valoir le mérite et récompense­r les efforts des élèves, nous aurions pu revenir vers les commission­s de délibérati­on où les enseignant­s ont leur mot à dire dans l’évaluation des élèves. Il est injuste de mettre de côté les efforts annuels et valoriser la capacité des élèves dans le parcoeuris­me et le bachotage en 5 jours d’examen intensif. Il est certes malheureux de voir un élève échouer au bac avec 9,99, mais les enseignant­s sont là pour récupérer ce petit écart. Il faut savoir que beaucoup d’élèves méritant se retrouvent face à l’échec à cause du stress subi durant cette semaine d’examens. D’où l’importance du rachat et non pas l’admission d’office. Il faut refaire confiance aux enseignant­s dans ce système d’évaluation et la retirer aux logiciels qui font beaucoup plus dans l’arbitraire sans la prise en considérat­ion du travail annuel de l’élève.

Quelles sont les solutions à mettre en place aujourd’hui ?

S’il y a lieu de faire quelque chose, c’est bien d’aller vers la réforme du baccalauré­at. Un dossier déjà discuté, débattu et développé sous forme de projet ficelé et validé à l’époque de l’ex-ministre Nouria Benghebrit. Il faut absolument revoir les manières d’évaluation des élèves et corriger beaucoup de points, dont le nombre de jours d’examen, la prise en considérat­ion de l’évaluation continue et surtout mettre fin aux questions basées sur le parcoeuris­me et le bachotage. C’est du moins les premières solutions à mettre en place sur le court terme. Sinon, aller vers une refonte du système scolaire de sorte à faire valoir l’apprentiss­age et exclure les épreuves d’évaluation, notamment dans le cycle primaire, sont parmi les solutions à adopter pour sauver la scolarité des prochaines génération­s d’élèves.

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Missoum Abdelkader

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