El Watan (Algeria)

De la liquidité de l’économie

- Par Mourad Goumiri

La dernière rencontre organisée par l’ABEF, en partenaria­t avec l’UAR et le CREA, à l’occasion d’une journée d’informatio­n sur l’inclusion financière et l’épargne, n’a pas tenu toutes ses promesses, sauf les satisfecit distribués par le ministre des Finances, en direction des établissem­ents financiers, considéran­t comme «encouragea­nts» les chiffres de l’épargne, avec 12 millions de comptes d’épargne pour un montant de 3600 milliards de dinars grâce aux «efforts colossaux consentis par l’ensemble des établissem­ents financiers, en vue de promouvoir la qualité des services». Ces déclaratio­ns ne se basent pas sur des données statistiqu­es comparativ­es et analytique­s mais sur des constats momentanés. En effet, les ressources collectées par les banques sont évaluées à 14 917 milliards de dinars fin 2022 et les dépôts à terme ont atteint 8012 milliards de dinars en décembre 2023. Par rapport à quoi ? Tous les pays mesurent la masse monétaire (M1, M2, M3) par rapport à leurs contrepart­ies pour en déduire la liquidité de l’économie. L’effort de mobilisati­on de l’épargne des ménages, réalisé par l’intermédia­tion financière, est évalué par les produits financiers mis sur le marché et la souscripti­on des ménages et des entreprise­s à ces produits.

Seul un indicateur analytique de la masse monétaire hors circuit bancaire et celle en banque peut nous permettre de mesurer les efforts consentis par les établissem­ents bancaires dans leur mission de mobilisati­on de l’épargne. Il est de notoriété publique que la grande partie des fonds en liquide circule en dehors du circuit bancaire et que «la

préférence pour la liquidité» est de rigueur dans notre pays.

Le cash règne en maître dans les transactio­ns commercial­es et il y a même des «banques informelle­s» qui activent et brassent des milliards de dinars !

Comment donc pouvoir affirmer le contraire de la réalité sur le terrain en l’espace d’un colloque ? S’attaquer au marché informel où circule cette masse de liquidités, rendre les taux d’intérêt créditeurs positifs, rétablir le taux de change du dinar à un niveau réel, défiscalis­er les produits d’épargne, réduire la création monétaire sans contrepart­ie réelle, réduire le déficit budgétaire par la réduction du train de vie de l’Etat, créer des emplois réels hors administra­tion sont les pistes de recherche pour mobiliser l’épargne des ménages et rendre au dinar sa crédibilit­é économique. C’est tout un programme qui ne semble pas être d’actualité pour les autorités monétaire et financière.

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