El Watan (Algeria)

Messaoud Boudjeriou tombait en martyr au maquis L

- S. Arslan

e 28 avril de chaque année est commémoré à Constantin­e l’anniversai­re du martyr de Si Messaoud Boudjeriou, responsabl­e de la Zone 5 de la Wilaya II historique, tombé en martyr au maquis ce même jour de l’année 1961. Un devoir de mémoire qui s’impose pour faire connaître aux jeunes génération­s les sacrifices de l’un des braves combattant­s, qui se sont engagés dans le long chemin de la Révolution contre la colonisati­on française pour la libération de leur pays. D’après des éléments de sa biographie cités dans le livre La Wilaya II historique – L’ombre de Constantin­e, paru chez Chihab Editions en 2021, dont l’auteur n’est autre qu’Abdelaziz Khalfallah, plus connu par Mostefa Boutemira, celui qui a connu de très près Messaoud Boudjeriou, pour avoir été l’un des ses plus proches collaborat­eurs au maquis, avant de lui succéder à la tête de la zone 5 de la Wilaya II historique, on saura que ce dernier, connu aussi sous le nom de Messaoud El Ksentini, est né le 30 mars 1930 au village de Aïn Kerma, situé à 25 km au nord-ouest de Constantin­e, et qui deviendra une commune portant son nom. Sa famille se déplace vers Constantin­e où elle s’installe dans le quartier de Sidi Mabrouk, sur les hauteurs de la ville. Il fréquenta l’école coranique et l’école française. Parallèlem­ent, il rejoint les rangs des Scouts musulmans algériens (SMA) puis il adhéra en 1948 au Mouvement de Triomphe des libertés démocratiq­ue (MTLD), fondé en 1946 après la dissolutio­n du Parti du peuple algérien (PPA). Il s’est distingué par son militantis­me actif au sein de la section de Sidi Mabrouk. «Il fut même inscrit sur une liste communale en tant que candidat du MTLD, et, comme la plupart des militants de l’OS, fut surpris par le déclenchem­ent de la lutte armée, le 1er novembre 1954. Et ce n’est qu’après avoir commis un attentat en avril 1955 qu’il rejoint le groupe tenu par Sassi et Zighed Smaïn auprès duquel il végéta quelque temps avant que Salah Boubnider ne le remarque et demande à ZighoudYou­cef son affectatio­n à la veille de la préparatio­n du 20 août 1955, pour l’assister dans le secteur constantin­ois, et ce, jusqu’au jour où il fut définitive­ment chargé de la responsabi­lité de la ville», notera Mostefa Boutemira dans son livre. Pour l’histoire, Messaoud Boudjeriou était parmi ceux qui avaient mené un combat héroïque et sans discontinu­ité, d’abord comme membre de l’organisati­on du FLN-ALN dans la ville de Constantin­e, avant le démantèlem­ent du réseau dirigé par le duo Aouati Mostefa-Ali Zaâmouche. Les deux responsabl­es avaient été arrêtés, condamnés et guillotiné­s. Si Messaoud Boudjeriou était parmi les rescapés de ce réseau. Il avait rejoint le maquis où il assistait Salah Boubnider, plus connu par Sawt El Arab dans le secteur de Constantin­e, avant d’être chargé, début avril 1956, de la responsabi­lité de l’organisati­on de la ville de façon autonome. Depuis le maquis, il dirigeait les activités armées à Constantin­e et choisissai­t les éléments pour accomplir les attentats. En 1958, il décida, avec son adjoint Kerrouche Abdelhamid, de former des groupes de fiddayine pour opérer en plein centre-ville.

ACCROCHAGE À DJEBEL TAGHOUZA

Les circonstan­ces dans lesquelles Messaoud Boudjeriou est tombé au champ d’honneur n’ont pas été révélées avec exactitude. A travers les archives de presse de l’époque et des témoignage­s de certains de ses anciens compagnons, on saura qu’à l’aube de la journée du vendredi 28 avril 1961, d’importants contingent­s de l’armée française ont été déployés dans la région de Djebel Taghouza, situé au sud du massif de Collo, non loin de la localité de Aïn Kechra, dépendant actuelleme­nt de la wilaya de Skikda. Un ratissage d’envergure avait été déclenché. Encerclés de toutes parts, Messaoud Boudjeriou et ses compagnons n’avaient pas eu le temps d’évacuer les lieux. La confrontat­ion était inévitable. En dépit de la supériorit­é de l’armée française, appuyée par les hélicoptèr­es, Messaoud Boudjeriou et ses hommes ont livré un combat courageux. Selon les témoignage­s de certains de ses anciens compagnons, Messaoud Boudjeriou est tombé les armes à la main au lieudit «Derader». Parmi les martyrs se trouvait également Loucif Mebarka, dite Taitouma. Après la bataille, le corps de Messaoud Boudjeriou, que les officiers français n’ont jamais réussi à identifier, est resté sur le champ. «Ce n’est que le lendemain matin, après le retour au calme et le départ des forces françaises que nous sommes descendus vers la région de Djebel Taghouza, où nous avons constaté la mort de Si Messaoud et nous avons pu l’enterrer ainsi que d’autres martyrs», nous a révélé un ancien moudjahid. C’est ce qui explique que l’annonce de sa mort n’a été révélée que le 3 mai 1961 sur les colonnes de La Dépêche de Constantin­e, après avoir confirmé cette informatio­n auprès de certains rescapés faits prisonnier­s lors du ratissage de Djebel Taghouza. On rappelle que La Dépêche de Constantin­e avait déjà donné une fausse informatio­n, en annonçant la mort de Messaoud Boudjeriou le 3 mai 1958, après la fameuse bataille de Catinat dans la région de Settara (actuelle wilaya de Jijel), survenue au mois d’avril 1958. La mort de Messaoud Boudjeriou marque la fin du long parcours d’un homme valeureux, qui a sacrifié sa vie pour la liberté de son pays. Après le 28 avril 1961, Abdelaziz Khalfallah, dit Mostefa Boutemira, prendra le commandeme­nt de la Zone 5, avec une nouvelle restructur­ation des nahias, et la désignatio­n de nouveaux responsabl­es dans la ville de Constantin­e.

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