El Watan (Algeria)

La Cour constituti­onnelle se déclare «incompéten­te»

● Par un décret, le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, a suspendu des activités de partis et associatio­ns à caractère politique et interdit aux médias de couvrir leurs activités.

- R. I.

La Cour constituti­onnelle du Mali s’est déclarée «incompéten­te» pour examiner une plainte visant l’annulation de la décision prise par la junte de suspendre les activités des partis, selon l’AFP, citant un arrêt. Dans un autre arrêt, la juridictio­n a déclaré «irrecevabl­e» une requête distincte d’organisati­ons de magistrats et de procureurs pour constater un «vide institutio­nnel» au Mali et la mise en place d’une nouvelle transition suivie d’élections. Les deux décisions rendues par la Cour constituti­onnelle sont datées de jeudi.

Les colonels qui ont pris le pouvoir par la force en 2020 ont opéré, ces derniers jours, un nouveau tour de vis se traduisant notamment par la suspension, par un décret du chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, des activités des partis et associatio­ns à caractère politique et l’interdicti­on aux médias de couvrir leurs activités. Ils ont accusé ces partis et associatio­ns de «discussion­s stériles» et de «subversion». Ces restrictio­ns surviennen­t après que les militaires se sont maintenus à la tête du pays au-delà du 26 mars 2024, date à laquelle ils s’étaient engagés, sous la pression des Etats ouest-africains, à céder la place à des civils élus. Ils n’ont pas non plus organisé de présidenti­elle en février 2024 comme ils en avaient pris l’engagement.

Sur la plainte liée à la suspension des activités politiques, déposée par une formation membre d’une coalition de l’opposition, la Convention pour la République (CRe), la Cour constituti­onnelle a indiqué que le décret présidenti­el attaqué est du ressort de la Cour suprême. «Tout le contentieu­x des actes réglementa­ires, tels les décrets, relève de la compétence attributiv­e» de la Cour suprême, ditelle dans l’arrêt.

Sur la requête de magistrats et procureurs visant à constater un «vide constituti­onnel» pour une nouvelle transition suivie d’élections, la Cour constituti­onnelle a dit que ses auteurs ne sont pas qualifiés pour la saisir. «La Cour n’a pas été saisie par le président du Conseil national de transition (Parlement de transition) et le Premier ministre», les deux institutio­ns habilitées à «constater une vacance de la présidence de la transition», a-elle affirmé.

Le Mali est en proie depuis 2012 à la propagatio­n djihadiste et à une grave crise non seulement sécuritair­e, mais aussi politique et humanitair­e. Les colonels qui ont pris le pouvoir par la force en 2020 ont opéré une réorientat­ion stratégiqu­e, rompant la vieille alliance avec la France et se tournant militairem­ent et politiquem­ent vers la Russie.

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Le colonel Assimi Goïta

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