Gaz lacrymogènes pour disperser une manifestation contre la cherté de la vie
La police a tiré hier des gaz lacrymogènes pour disperser une manifestation contre la cherté de la vie organisée par les syndicats à Cotonou, la capitale économique du Bénin, dont le Président est régulièrement accusé de réprimer l’opposition, rapporte l’AFP. Des petits groupes de manifestants s’étaient d’abord rassemblés avant d’être entourés par des policiers qui les ont ensuite dispersés en tirant des gaz lacrymogènes. La Confédération des syndicats autonomes du Bénin (CSA Bénin), un des plus importants mouvements de ce petit pays d’Afrique de l’Ouest, a indiqué sur X que son dirigeant, Anselme Amoussou, a été interpellé par la police. Selon une source syndicale, une douzaine de manifestants ont été arrêtés. La police n’a pour l’instant fait aucune déclaration à ce sujet. «Je suis heureux de la mobilisation des camarades», s’est pour sa part félicité Alban Kelomey, un des responsables d’un syndicat d’agents de santé. «Nous sommes déterminés et engagés et la peur de la police ne peut pas avoir raison de nous. Les travailleurs au Bénin souffrent. Tout coûte cher et on brime les droits humains au quotidien. C’est triste ce que le pays est devenu sous Talon», a-t-il ajouté. En 2023, l’économie béninoise s’est montrée résiliente même si, comme ses voisins côtiers, elle a souffert de la fermeture de la frontière avec le Niger après un coup d’Etat dans ce pays sahélien, d’une augmentation de l’inflation et d’une hausse des prix de l’essence, d’après la Banque mondiale. Frontalier du géant nigérian, poids-lourd démographique et économique de l’Afrique, le Bénin était autrefois connu pour sa démocratie multipartite florissante. Mais les critiques assurent que le président Patrice Talon a conduit le pays sur une voie autoritaire depuis son arrivée au pouvoir en 2016. Depuis son arrivée à la tête du Bénin, de nombreux dirigeants de l’opposition ont été emprisonnés ou se sont exilés. L’opposante et ancienne ministre de la Justice Reckya Madougou a ainsi été condamnée à 20 ans de prison pour «complicité d’actes terroristes» en décembre 2021. La même année, elle a été interdite de se présenter à l’élection présidentielle, qui a vu P. Talon remporter un second mandat avec 86% des voix. Début février, le premier groupe de presse privé du Bénin, La Gazette du Golfe, a annoncé le licenciement de ses 200 employés après le gel de ses comptes bancaires par les autorités du pays. Plusieurs journalistes ont été arrêtés au Bénin, et un journaliste étranger a été expulsé ces dernières années du pays, où la liberté de la presse «a fortement reculé», selon l’organisation Reporters sans frontières (RSF).