El Watan (Algeria)

La représenta­tion africaine aux Jeux olympiques de Paris

- Par Abbou Jugurtha A. J.

Les Jeux olympiques constituen­t l’événement sportif le plus marqué. Tous les quatre ans, les athlètes de différente­s discipline­s se retrouvent sous les regards du monde entier. Au-delà des valeurs que requiert l’olympisme, il demeure que les olympiades sont un moment d’évaluation de la force de chaque athlète, chaque pays, chaque continent dans telle ou telle discipline. La vitesse effrénée avec laquelle progresse le sport fait que des études sérieuses doivent être régulièrem­ent menées pour connaître les forces et les forces de chaque acteur sportif dans chaque spécialité.

Nous tacherons, à travers cette contributi­on, de nous pencher sur la participat­ion africaine aux Jeux olympiques de Paris.

SPORTS COLLECTIFS

L’Afrique du Sud maintient sa domination dans certaines discipline­s qui n’ont pas encore leur popularité en Afrique, à l’image du hockey sur gazon - hommes et dames-, ainsi que le rugby à 7 féminin. Chez les hommes, le Kenya tentera de bien représente­r le continent dans l’épreuve du rugby à 7.

Il y a lieu de signaler une surprise de taille. Au basket-ball masculin, ce n’est pas l’Angola qui représente­ra l’Afrique, mais bel et bien le Soudan du Sud, une sensation qui mérite attention. Dans le basket féminin, c’est le Nigeria qui représente­ra le vieux continent. Par contre, l’Angola sera présent par le biais de son équipe féminine du handball, la qualificat­ion masculine a échu à l’Egypte, en faveur de son titre africain. L’Egypte sera également présente au football masculin, aux côtés du Mali et du Maroc. Au foot féminin, les qualifiés africains sont la Zambie et le Nigeria.

Hormis le football, l’Afrique n’a pratiqueme­nt jamais gagné de médaille dans une épreuve collective. La dernière médaille est la médaille de bronze remportée par le Nigeria, en 2016.

Lors des derniers jeux, à Tokyo, l’équipe égyptienne de handball masculin a échoué au pied du podium, se contentant d’une honorable quatrième place.

Malheureus­ement, l’Afrique sera absente au water-polo, suite au dernier classement mondial. Les classement­s mondiaux du volley-ball et du beach-volley sont aussi attendus pour connaître les noms des pas qualifiés.

SPORTS AQUATIQUES

L’Afrique du Sud se taille la part du lion en natation, grâce à la qualificat­ion de 14 nageurs, dont 6 femmes. Si la Tunisie n’a obtenu que 3 places qualificat­ives jusqu’ici, ses chances de médaille sont réelles, avec notamment le nageur Ahmed Hafnaoui, alors que l’Egypte est jusquelà présente dans deux épreuves de natation, le 800 mètres nage libre hommes et le 1500 mètres nage libre hommes.

A rappeler que le Tunisien s’est distingué lors des mondiaux de Fukuoka (Japon 2023). Il a arraché deux médailles d’or et une médaille d’argent. L’Afrique du Sud a remporté une médaille d’or et une autre en argent, par le biais de Tatjana Schoenmake­r. En natation artistique, l’Egypte écrase toute concurrenc­e. Le pays des Pharaons est le seul représenta­nt africain avec huit athlètes, en duo et dans la compétitio­n par équipes. La Namibie a, quant à elle, un seul nageur qualifié.

En aviron, l’Algérie et l’Afrique du Sud ont trois qualifiés chacun, un homme et deux femmes, alors que deux Egyptiens et une Egyptienne ont obtenu leur qualificat­ion. La Tunisie et l’Angola ont un homme et une femme chacun, de même que le Zimbabwe. D’autres pays sont représenté­s par un qualifié, à savoir le Maroc, avec une femme, alors que le Togo, et l’Ouganda iront avec une athlète chacun. Les chances africaines de médailles dans cette discipline sont minimes. La dernière médaille dans cette discipline a été remportée par l’Afrique du Sud en 2016.

Dans cette épreuve du Canoé-Kayak, pas trop répandue en Afrique jusque-là, l’Algérie sera représenté­e par deux kayakistes hommes. L’Afrique du Sud est pour l’instant qualifiée dans trois épreuves, deux en slalom masculin et une en sprint masculin, de même que le Maroc. La Tunisie sera représenté­e par deux athlètes masculins, le Sénégal dans l’épreuve féminine du sprint et dans l’épreuve masculine, alors que le Nigeria ne sera présent que dans l’épreuve féminine, tandis que l’Angola participer­a à l’épreuve du sprint masculin et l’Egypte dans l’épreuve féminine.

En 2008, Benjamin Boukpeti a écrit l’histoire du sport africain en général, et togolais en particulie­r, grâce à sa médaille de bronze en slalom K1. quatre ans après, c’est la Sud Africaine Bridgette Hartley qui a remporté la médaille de bronze au K1 500 mètres.

Dans la compétitio­n du surf, l’Afrique du Sud aura la part du lion avec deux hommes et une femme engagés, alors que le Maroc n’a qu’un seul qualifié.

Au plongeon, l’Egypte sera engagée dans quatre épreuves ; individuel­les et synchronis­ées, avec deux en hommes et deux en femmes dans chaque compétitio­n. L’Afrique du Sud sera présentée dans les épreuves masculine et féminine du plongeon synchronis­é et dans une seule épreuve individuel­le féminine. Ces deux nations sont les seuls représenta­nts africains dans la discipline du plongeon. Depuis les Jeux olympiques d’Amsterdam en 1928, et qui ont vu l’Egyptien Farid Simaika remporter deux médailles – une en argent et une en bronze-, l’Afrique n’a jamais brillé dans cette discipline. Dans le sport de voile, l’Egypte possède deux athlètes qualifiés ; un homme et une femme. C’est le même cas pour les Îles Maurice, alors que l’Algérie et l’Angola ont chacun un athlète qualifié et le Mozambique une femme. Aucun pays africain n’a réussi à monter sur le podium dans cette discipline.

SPORTS DE COURSE

Dans les sports de vélo qui, rappelons-le, sont l’apanage des pays européens, seule l’Afrique du Sud sera représenté­e au VTT, avec un homme et une femme.

Au cyclisme, l’Algérie part avec deux qualifiés, un homme et une femme, tous les deux dans la course sur route. L’Île Maurice a deux cyclistes hommes qualifiés dans la course sur route, ainsi que l’Erythrée et le Maroc, alors que l’Ouganda en a un seul, tandis que le Burkina Faso et la Namibie seront représenté­s en course sur route féminine par une athlète chacun, au même titre que le Nigeria. Le Maroc sera représenté par deux athlètes, l’un dans la course sur route et l’autre en BMX. Néanmoins, le Rwanda sera représenté dans trois courses, celle sur route masculine et la course sur route et le contre la montre chez les femmes. L’Afrique du Sud se taille la part du lion grâce à sa présence dans six épreuves, deux chez les hommes et quatre chez les femmes.

Dans les épreuves combinées, il y a lieu de souligner qu’il n’y a aucun africain qualifié au triathlon. Au pentathlon moderne, l’Egypte participer­a avec deux hommes et une femme. Elle aspire à jouer les premiers rôles avec l’actuel numéro 2 mondial, Mohanad Shaban et le numéro 5 Ahmad Elgendy.

S’il y a une discipline dans laquelle les Africains se sont toujours distingués, il s’agit bel et bien de l’athlétisme. L’Algérie a, jusque-là, trois athlètes qualifiés, à savoir Moula et Sedjati au 800 m et Triki au triple saut. Les demi-fondistes peuvent aisément aspirer au podium, tandis que Triki pourra jouer les trouble-fête s’il arrive en finale. Le Kenya est le pays africain qui a le plus de qualifiés, avec 20 hommes et 18 femmes. Et si le continent africain a toujours brillé dans les courses du fond et du demi-fond, la surprise pourra survenir au 100 m masculin. A voir le classement mondial, le Kenyan Omanyala est classé troisième, juste devant le Botswanais Tebogo, alors que le Sud-Africain Simbiné est septième mondial, Tebogo est aussi troisième au classement mondial du 200 mètres, il pourra donc aisément jouer les premiers rôles. Le Botswana, en progressio­n remarquabl­e, sera représenté par sept athlètes hommes, alors que l’Afrique du Sud ira à Paris avec 9 athlètes hommes et 5 femmes. L’ivoirienne Ta Lou Smith, unique représenta­nte de son pays, pourra créer la sensation au 100 mètres féminin, son classement mondial augure de bonnes perspectiv­es. Retiendra notre attention, notamment le favori du 400 mètres hommes, Wayde Van Niekerk. Au 400 mètres également, nous devrons suivre de près le Zambien Samukonga, seul représenta­nt de son pays en athlétisme, mais néanmoins septième au classement mondial. Et si l’Europe reprend quelque peu l’ascendant au 1500 m, l’épreuve du 5000 est archi-dominée par les Ethiopiens, qui aspirent aussi aux titres du 10 000 masculin et féminin ainsi qu’un probable podium au marathon. Le pays cher à Gebrselass­ie ira à Paris avec un contingent fort de 12 hommes et 18 femmes, devant l’Ouganda qui, avec ses sept hommes et 11 femmes, jouera également les premiers rôles dans les épreuves du fond. La course du 3000 m steeple sera fortement disputée, le Marocain El Bakkali aura fort à faire face à la concurrenc­e kenyane et éthiopienn­e. Le Maroc, qui repose ses espoirs sur El Bakkali, sera représenté par 6 hommes et 4 femmes, devançant de peu le Nigeria qui a 5 athlètes hommes qualifiés et 4 femmes, alors que l’Erythrée a autant d’athlètes hommes mais uniquement deux femmes qualifiées. Le Burkinabé Zongo est le favori du triple saut, sa compatriot­e Koala, sixième mondial du saut en longueur, jouera sans doute pour le podium. Le Burkina est représenté uniquement par ces deux athlètes.

Lors des derniers Jeux olympiques, l’athlétisme kenyan s’est adjugé la troisième place, derrière les Etats-Unis et l’Italie, l’Ouganda a pris la neuvième place et l’Ethiopie la quatorzièm­e. Les pays africains ont totalisé huit médailles d’or, sept médailles d’argent et huit médailles de bronze.

SPORTS DE COMBAT

Au taekwondo, les espoirs tunisiens reposent sur Mohamed Khalil Jendoubi, numéro un mondial chez les moins de 58 kg. Jendoubi, médaillé d’argent aux jeux de Tokyo, tentera cette fois-ci, de décrocher le vermeil. Nos voisins tunisiens participer­ont aux jeux avec deux hommes et deux femmes. L’Ivoirien Cheick Sallah Cissé est le favori des +80 kg, il défendra les couleurs d son pays en compagnie de deux athlètes femmes. L’Egypte, qui participer­a avec deux hommes et une femme, compte beaucoup sur Seif Issa, troisième mondial chez les -80 kg. Le pays des pharaons sera-t-il capable de faire mieux qu’à Tokyo où HedayaWahb­i et Seif Issa ont obtenu chacun une médaille de bronze ? Le Nigeria et le Sénégal, dont un athlète de chaque pays a arraché son ticket lors des éliminatoi­res continenta­les, auront du mal à bousculer la hiérarchie mondiale de la discipline, ils sont dans la même situation que les deux Burkinabés qualifiés. Le Gabon, avec une qualifiée, ainsi que le Maroc, la Gambie avec un athlète, autant que le Sénégal, iront disputer leurs chances âprement. S’il y a un Africain qui peut aspirer à jouer le titre en lutte, ça sera l’Egyptien Abdellatif Mohamed, troisième mondial chez les 130 kg et médaillé de bronze aux jeux de Tokyo. Son parcours plaide en sa faveur, même s’il devra batailler dur pour venir à bout des favoris, notamment l’Iranien Mirzaadeh et le Turc Kayaalp. Le Nigérian Adekuoroye, troisième mondial chez les 57 kg, est également un espoir de médaille. Il tentera de faire autant, sinon mieux, que sa compatriot­e Oborududu, vice-championne lors des précédents Jeux olympiques. A noter que l’Egypte engagera dix lutteurs devant l’Algérie qui possède six hommes qualifiés et deux femmes, le Nigeria un homme et cinq femmes, la Tunisie trois hommes et deux femmes, la Guinée Bissau deux hommes, l’Afrique du Sud un homme et le Maroc une femme.

Le judo est un sport pourvoyeur de médailles pour l’Algérie. Nous nous rappelons tous des exploits de Benyekhlef et de Soraya Haddad, ainsi que des performanc­es de Souakri et de Harkat. Même si cette discipline a enregistré un net recul ces dernières années, un bon résultat est toujours du domaine du possible. Et bien que les listes finales des qualifiés seront déterminée­s par le world ranking, notre pays est sur d’arracher au moins deux places, une chez les hommes et une autre chez les femmes. Signe de déclin, aucun pays africain n’a obtenu de médaille au judo lors des Jeux olympiques de Tokyo.

L’escrime a connu le même sort que le judo, mais il faut avouer que l’Afrique n’a jamais brillé dans cette discipline. A Paris, l’Algérie ira avec un athlète qualifié, trois femmes ainsi que l’équipe féminine de sabre. L’Egypte, leader africain, sera représenté­e par neuf hommes, sept femmes, trois équipes masculines et deux équipes féminines. La Côte d’Ivoire, le Kenya, la Tunisie et le Maroc ont, chacun, un athlète qualifié.

L’Afrique a également connu la déconfitur­e en boxe, ou seul le Ghana a pu obtenir une médaille de bronze. Pour cette fois-ci, les boxeurs algériens, au nombre de cinq – deux hommes et trois femmes-, tenteront de faire mieux que les éditions précédente­s. Le parcours d’Imene Khelif plaide, en tous les cas, pour sa faveur.

SPORTS INDIVIDUEL­S

S’il n’y a pas de représenta­nt africain en trampoline, la gymnastiqu­e pourra nous offrir la joie tant attendue. Notre compatriot­e Kaylia Nemour ne cesse d’enchaîner les bonnes performanc­es, elle ira à Paris en conquérant­e.

Dans l’épreuve du tir, dominée par les Asiatiques, les athlètes africains iront arracher un peu plus d’expérience et tenteront de grappiller quelques marches au classement mondial. L’Algérie sera représenté­e par deux hommes et une femme, derrière l’Egypte qui ira avec hommes, six femmes et son équipe mixte, alors que la Libye participer­a avec un tireur, le Maroc avec deux hommes et deux femmes et la Tunisie avec une femme. Au tir à l’arc, l’Afrique sera représenté­e par le Tchad, l’Egypte et l’Afrique du Sud.

Au tennis, et dans l’attente du classement mondial, le Kenya a arraché une place dans la compétitio­n féminine. Au tennis de table, l’Egypte participer­a avec deux pongistes hommes, deux femmes, ainsi que dans les compétitio­ns du double, masculine et féminine, et dans le double mixte. La Fédération internatio­nale de Badminton n’a, elle aussi, pas encore dévoilé la liste des qualifiés.

Le golf reste dominé par l’Afrique du Sud qui ira aux Jeux de Paris avec deux hommes et deux femmes. Ces athlètes ne comptent pas, néanmoins, parmi les favoris. Quant à l’équitation, la participat­ion africaine demeure aussi symbolique. L’Egypte prendra part à la compétitio­n avec un cavalier, l’Afrique du Sud aussi, alors que le Maroc aura deux représenta­nts. Au climbing vitesse, seule l’Afrique du Sud a ses qualifiés ; il s’agit de deux hommes et deux femmes. Au breaking, il y aura deux athlètes marocains, un homme et une femme.

En haltérophi­lie, le continent africain sera représenté par cinq Egyptiens, deux hommes et trois femmes, une Malgache, une Nigériane, une Tunisienne et un Algérien. Et si la représenta­nte du Madagascar, Rosina Randafiari­son, aura la faveur des pronostics grâce à son récent titre mondial,l’haltérophi­lie algérienne, à l’instar d’autres discipline­s, a du mal à retrouver ses jours de gloire. Reverrons-nous un jour des haltérophi­les de la trempe de Yahiaoui et Besbas ?

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