El Watan (Algeria)

Lakhdar Bouyahi : Aux trousses d’Albert et Luciano

- Yazid Ouahib ouahibyazi­d@gmail.com

Qui se souvient de Lakhdar Bouyahi, «Karim» pour les intimes? Il fut l’un des meilleurs joueurs, toutes génération­s confondues, que l’école husseindée­nne ait produits depuis sa création. Karim a vu le jour le 23 janvier 1946 à Cherchell. Comme tous les jeunes Algériens de l’époque, il avait le virus du football. Son frère aîné l’a encouragé à rejoindre un club. A 9 ans il s’est inscrit en pupilles à l’OHD. Il avait comme coéquipier Mohamed Ifticene qui deviendra plus tard un grand cinéaste. Au lendemain de l’indépendan­ce il signe une licence au NAHD. En 1963, il brille avec les cadets du Nasria et son talent n’échappe pas au regretté Hamid Belamine, entraîneur des seniors. Il demande aux dirigeants de lui faire un surclassem­ent pour jouer en seniors. C’est ainsi qu’à 17 ans à peine, le jeune Bouyahi joue régulièrem­ent en équipe première aux côtés de Ikhlef Youcef (la vedette de l’époque), Hocine Saadi (le buteur), Defnoun, membre de la glorieuse équipe du FLN, Kassoul (devenu plus tard magistrat), Aouar, Oualiken, Djebar, feu Amar (gardien de but), Ouchen, Amirat, Yahia, Ouali, autant de grands joueurs qui ont offert au NAHD son seul et unique titre de champion d’Algérie (1968). Lakhdar Bouyahi a réalisé ses plus belles saisons entre 1967 et 1969 en club et en sélection. En 1967 il est au summum de sa forme et remporte le titre de champion d’Algérie avec les Sang et Or entraînés à l’époque par Hammoud Loudahi dit Fez. Il se souvient encore de cette année 1967: «Celle du bonheur de remporter le titre de champion d’Algérie avec le NAHD et de la première sélection en équipe nationale à l’âge de 21 ans. Lucien Leduc (sélectionn­eur de l’époque) m’a donné ma chance en équipe nationale. Pour mon baptême du feu en vert, il m’a confié le marquage de Florian Albert (Ballon d’or France Football) qui était à l’époque l’un des meilleurs joueurs en Europe. C’était à l’occasion du match Algérie - Hongrie (0-1) au stade municipal d’Alger à l’occasion du tournoi Air Algérie. La nuit précédant le match, je n’avais pas fermé l’oeil. Albert était un très grand joueur hongrois et les anciens se souviennen­t bien de lui». Au cours de la saison 1967, «Karim» totalise 5 sélections, toutes sous les ordres du Français Lucien Leduc. La saison suivante il participe à la CAN 1968 disputée en Ethiopie. Il est titularisé lors de la rencontre face au pays organisate­ur - défaite 1-3 des Verts -, et gêne considérab­lement Luciano, le meilleur joueur éthiopien. Lakhdar Bouyahi compte 10 sélections, toutes sous la direction de Lucien Leduc. Il a marqué un but en sélection contre la Haute Volta, aujourd’hui Burkina Faso, victoire 3-1 des Verts. Sa dernière sélection, c’était contre la France B en décembre 1968.

La finale jouée et perdue (2-3) contre l’ES Sétif, disputée le 19 mai 1968 au stade du 20 Août reste le seul mauvais souvenir de sa carrière. Il raconte : «Disputer une finale de coupe d’Algérie à 22 ans, ce n’est pas rien. J’étais titulaire au NAHD, régulièrem­ent convoqué en sélection. Contre Sétif, j’ai marqué un auto-goal à notre gardien Amar alors qu’il restait 5 minutes à jouer. Un mauvais souvenir. Le lendemain, j’ai reçu une convocatio­n pour un stage avec l’équipe nationale et j’ai refusé d’y répondre. Heureuseme­nt que les dirigeants et des responsabl­es de la fédération sont revenus à la charge pour me raisonner». Lakhdar Bouyahi a pris sa retraite sportive à l’âge de 30 ans après le match à Bel Abbès, perdu 0-3, ce qui a permis à la JSK de remporter le titre de champion. «J’ai fait une saison à Kouba et j’ai ensuite pris mes distances avec le football». Après des années passées à l’étranger où il était en poste à Air Algérie, il est rentré au pays et porte un regard pas très optimiste sur le football algérien. «Le niveau actuel est sans rapport avec les moyens mis en place pour la promotion du football. Je ne jette pas la pierre aux joueurs qui font ce qu’ils peuvent. Je ne regarde pas trop les matchs. Ceux auxquels j’ai assisté ces dernières années n’étaient pas enthousias­mants». Bouyahi s’intéresse-t-il toujours aux résultats du club de son coeur ? «Toujours, mais avec moins de passion. Les défis qui attendent le football algérien sont énormes et nécessiten­t plus d’efforts et de travail».

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Bouyahi sous les couleurs du NAHD
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