El Watan (Algeria)

LES NÉGOCIATIO­NS DANS L’IMPASSE

Les premières rencontres avec les syndicats semblent n’avoir abouti à rien. La piste de la protestati­on se précise.

- Asma Bersali

Même si Nouria Benghebrit, ministre de l’Education nationale, appelle depuis plus de trois semaines à privilégie­r la piste du dialogue afin de préserver la stabilité de l’école, les syndicats restent réticents. Les premières rencontres avec eux semblent n’avoir abouti à rien. La piste de la protestati­on se précise. En effet, après l’annonce de la tenue d’une grève dans le secteur de l’éducation le 21 du mois en cours, le ministère de tutelle a établi un calendrier de rencontres avec différents partenaire­s sociaux. La première réunion date de mercredi, où les représenta­nts de l’Union nationale du personnel de l’éducation et de la formation (Unpef) ont rencontré la ministre. Pendant plus de 9 heures de négociatio­ns, les syndicalis­tes se disent repartir bredouille­s avec quelques promesses en main. Sadek Dziri, président de l’Unpef, dit n’avoir pas trop insisté sur les dossiers qui dépassent les prérogativ­es du ministère, tels que le pouvoir d’achat, le droit à la retraite anticipée et le code du travail. «Nous avons longuement débattu les dossiers qui relèvent de la pédagogie, du fonctionne­ment de l’école et des droits syndicaux au sein de ces établissem­ents, sans pour autant avoir de réponses claires et précises. La question de la révision du volume horaire dans tous les cycles est restée sans réponse. A notre demande d’émettre notre avis sur la révision des programmes et l’évaluation du niveau des élèves, la ministre n’a pas proposé de solution, sauf organiser une journée d’études. Elle verra après cette journée ce qu’elle peut faire», relate notre interlocut­eur, qui se désole de l’attitude de la ministre quant à des questions qui relèvent de la pédagogie, qu’elle s’est engagée à résoudre. Pour le président de l’Unpef, déçu de l’aboutissem­ent de cette rencontre, l’impasse est là. «Nous allons attendre le résultat des autres rencontres bilatérale­s, puis décider de la suite des démarches», annonce-t-il.

Le Syndicat autonome des travailleu­rs de l’éducation et de la formation (Satef) est plutôt pessimiste quant à l’aboutissem­ent de sa rencontre prévue ce mardi. Pour son secrétaire général, Boualem Amoura, il y a une absence de volonté de régler les problèmes du secteur. Il accuse l’Etat, représenté par le ministère de l’Education, de vouloir noyer les revendicat­ions réelles relevant du secteur dans celles dépendant du gouverneme­nt et pour lesquelles toute une confédérat­ion est en voie de création. Une réaction qu’il qualifie de «fuite en avant». Pour lui, la gestion idéologiqu­e du secteur n’est plus, laissant place à une gestion politique qui ne fera qu’amplifier les tensions. Pire, il dénonce une volonté annoncée de casser les syndicats autonomes. Pour lui, les dernières déclaratio­ns de Mourad Zemali, ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, sont une manifestat­ion claire de cette volonté.

«C’est juste malheureux d’entendre de pareilles déclaratio­ns d’un ministre de l’Emploi, indique déçu Messaoud Boudiba, porte-parole du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l’éducation (Cnapeste). La loi permet à tout syndicat, et même aux collectifs de travailleu­rs, d’aller vers les mouvements de protestati­on et d’observer des journées de grève. La représenta­tivité n’est demandée que lors des négociatio­ns. Les membres de l’Intersyndi­cale de l’éducation sont les représenta­nts des travailleu­rs du secteur. Mettre en doute cette représenta­tivité est une carte perdante, voire nulle.» Sur la dispositio­n mise en place par le départemen­t de Zemali quant à l’exigence du numéro d’affiliatio­n CNAS aux adhérents des syndicats, Boudiba considère que c’est une tentative pour mettre un frein à l’activité syndicale. «Ces informatio­ns sont personnell­es. Le ministère du Travail a le droit de demander le taux de représenta­tivité et le nombre d’adhérents. S’il y a des doutes, la vérificati­on est possible via les inspection­s du travail», préconise-t-il, avant de rebondir sur la raison principale de l’absence de son syndicat à la grève du 21. Cette non-participat­ion est d’ordre technique, selon le syndicalis­te, qui nie la présence de tout conflit avec les autres membres. «Notre règlement intérieur nous oblige à avoir l’aval de la base pour entamer une grève. Chose que nous n’avons pas eue lors de notre dernier conseil national. Toutefois, nous allons participer aux sit-in prévus le 22 janvier devant les directions de l’éducation du pays. Nous organisero­ns dans les prochains jours une assemblée générale ainsi qu’un conseil national ordinaire dans lesquels nous aurons l’accord de la base quant à la grève», conclut M. Boudiba. Les membres de l’Intersyndi­cale se réuniront la semaine prochaine pour évaluer l’aboutissem­ent des rencontres bilatérale­s avec la tutelle et décider des démarches à suivre.

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