L’extrême droite allemande caresse l’idée d’une sortie de l’UE
Après la GrandeBretagne, où un vote crucial sur le Brexit est prévu demain, le débat sur une sortie de l’UE gagne l’Allemagne : l’extrême droite a décidé hier de faire campagne en ce sens, brisant ainsi un tabou national. Réuni en congrès à Riesa dans la région de Saxe, son principal bastion électoral, le parti Alternative pour l’Allemagne (AfD) a adopté un programme en ce sens en vue des élections européennes de fin mai. Les délégués du mouvement l’ont fait prudemment, sans fournir de date et en stipulant que le «Dexit», version germanique pour Deutschland du Brexit britannique, devrait intervenir «en dernier recours», si l’Union européenne n’était pas réformée de fond en comble «dans un délai raisonnable». Mais c’est la première fois dans l’histoire allemande d’après-guerre qu’un parti politique ose ouvertement remettre en cause l’idée de l’appartenance nationale à l’Union européenne, ancrée dans l’ADN national. L’attachement à la construction européenne a longtemps fait figure d’identité nationale de remplacement dans ce pays écrasé de honte pendant des décennies par la barbarie nazie. «L’AfD essaye de réhabiliter une position nationaleallemande» dans le débat, juge Klaus-Peter Sick, historien et politologue, interrogé par l’AFP. «Ce positionnement constitue une normalisation de cette droite nationale par rapport à ce qu’il se passe chez les voisins, en Italie ou en France. En avançant ses pions sur ce terrain, l’AfD réalise un test au sein même du parti et auprès de son électorat pour savoir si c’est une thématique qui porte», ajoute-t-il. Le programme entériné par le principal parti de l’opposition depuis fin 2017 à la Chambre des députés allemands, face aux conservateurs d’Angela Merkel et aux sociaux-démocrates qui gouvernent avec eux, est le fruit d’un compromis interne durement négocié. Il souligne que faute de «réformes profondes» de l’UE, «nous estimons nécessaire, en dernier recours, une sortie de l’Allemagne ou une dissolution de l’Union européenne» et la création à la place d’une simple communauté fondée sur les intérêts économiques.