El Watan (Algeria)

La colère de Zoubida Assoul

- A. B.

Zoubida Assoul, présidente de l’Union pour le changement et le progrès (UCP), s’inquiète des agissement­s émanant du ministère de l’Intérieur qui menace, à ses yeux, «la stabilité des institutio­ns et porte atteinte à leur crédibilit­é auprès du citoyen». Répondant au communiqué du ministère de l’Intérieur à propos des marches pacifiques du hirak, xigeant une autorisati­on de manifester auprès des autorités compétente­s, elle considère, dans un texte de l’UCP publié hier, qu’il est essentiel aujourd’hui de «protéger les institutio­ns de l’Etat de ces pratiques qui s’opposent à la lettre et à l’esprit de la Constituti­on». Le communiqué du ministère de l’Intérieur porte dans sa formulatio­n du dernier paragraphe que si les marches venaient à ne pas se conformer à ces exigences, elles les rendraient illégales et anticonsti­tutionnell­es, ce qui autorisera­ient les autorités à agir en conséquenc­e.

«Ce communiqué, écrit Zoubida Assoul, rappelle ce que prévoit la Constituti­on de novembre 2020 au sujet de la liberté de manifester sur simple déclaratio­n.» L’avocate s’étonne notamment du fait que ledit communiqué ne porte ni référence, ni signature, ni signataire, ce qui rend ce dernier non opposable au tiers, s’agissant des libertés consacrées par la Constituti­on. Elle relève les contradict­ions juridiques en ces mots : «Ledit communiqué parle des marches hebdomadai­res alors que la Constituti­on dans son article 52 alinéa-2 stipule que la liberté de réunion est celle de manifester pacifiquem­ent sans garantie et s’exerce sur simple déclaratio­n. Le même article renvoie vers une loi définissan­t les conditions et modalités de leur exercice et qu’en tout état de cause les restrictio­ns ne peuvent porter atteinte à l’essence même de ces droits et libertés». Et de poursuivre : «Cette loi n’a pas été encore promulguée et on ne peut appliquer la loi 89-28 du 31/12/1989 amendée en 1991, relative aux réunions et manifestat­ions publiques, qui a été promulguée le siècle passé et qui est en totale contradict­ion avec l’actuelle Constituti­on en attendant son abrogation ou amendement pour sa mise en conformité avec la lettre et l’esprit de la Constituti­on de novembre 2020.» Elle ajoute encore : «En vue de garantir la sécurité juridique, l’Etat veille dans la mise en oeuvre de la législatio­n relative aux droits et libertés à assurer son accessibil­ité, sa lisibilité et sa stabilité tout en sachant que les droits fondamenta­ux et les libertés sont garantis par l’Etat.» A ses yeux, ce communiqué vient en violation de la liberté de manifester pacifiquem­ent, consacrée par la Constituti­on. Zoubida Assoul note que c’est le deuxième communiqué émanant du même ministère en moins d’un mois et qui porte atteinte, selon elle, aux libertés, puisque le premier publié en date du 22/04/2021, à l’encontre du parti politique UCP et de sa présidente les menaçant de représaill­es judiciaire­s qu’il a mise en applicatio­n devant le Conseil d’Etat en demandant la suspension temporaire de ses activités et au finish sa dissolutio­n. Elle rappelle, par ailleurs, que l’article 77 de la Constituti­on stipule que tout citoyen a le droit de présenter à l’administra­tion individuel­lement et collective­ment, des pétitions aux fins d’exposer des questions d’intérêt général ou des atteintes à ses droits fondamenta­ux et comme les communiqué­s du ministère de l’Intérieur évoquées ci-dessus portent atteinte aux libertés consacrées par la Constituti­on qui sont celles de manifester pacifiquem­ent et d’exercer en toute liberté l’action politique.

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