Malgré les arrestations, les manifestants mobilisés
L Un important dispositif policier a été déployé en ville, notamment avant le début de la marche.
La marche du hirak a drainé des milliers de personnes hier à Tizi Ouzou, malgré les arrestations opérées par la police avant le début de la manifestation. «C’est un défi de marcher pour répondre au pouvoir qui veut instaurer une autorisation de manifester dans le cadre d’un mouvement populaire qui demande son départ», a martelé un militant politique qui nous a déclaré qu’en dépit du dispositif important de policiers déployé pour empêcher la marche du 117e vendredi, les citoyens ont bravé le mur de la peur pour protester contre le système. Ainsi, les premiers carrés des marcheurs se sont ébranlés peu avant 13h, en allant vers le centre-ville. Là, des policiers étaient déjà postés, en grand nombre, dans plusieurs endroits, tout en procédant à des arrestations. «Il y a plusieurs personnes arrêtées, dont l’ancien journaliste de Dzair TV Mourad Aït Mimou, qui travaille actuellement pour le site électronique L’avant-garde», nous a informé un confrère qui a, lui aussi, failli être interpellé. Puis, devant cette vague d’arrestations, vers 13h30, une grande foule est venue du sens inverse pour se diriger vers le lieu habituel du départ de la marche (devant le portail principal du campus universitaire de Hasnaoua). Dès lors, la police a commencé à lever son dispositif déployé sur l’itinéraire de la marche pour éviter, sans doute, tout affrontement avec les marcheurs, qui ont formé une grande procession en criant des slogans hostiles contre le pouvoir. «Klitou leblad ya seraquine !» (Vous avez pillé le pays, bandes de voleurs), «Pouvoir assassin !», ont-ils scandé, entre autres. Des participants à cette action de protestation du hirak ont également brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : «Pour une Algérie libre et plurielle», «Rien ne peut arrêter un peuple déterminé» et «Pour un Etat civil et non militaire». Les portraits d’artistes engagés et de révolutionnaires, comme Matoub Lounès et Abane Ramdane, ont été brandis par la foule qui criait, à gorge déployée, «Ulac lvot Ulac !» (Il n’y aura pas de vote). Dans l’un des carrés de la marche, nous avons aussi entendu des manifestants scander «Grève générale li isqat enidham» (Grève générale pour faire tomber le régime) et des slogans stigmatisant Nezzar, Toufik et la police. D’ailleurs, à leur arrivée devant le commissariat de la sûreté urbaine du rond-point Djurdjura, des éléments du même carré ont assailli cette structure. Il y a même eu quelques jets de pierres avant que d’autres marcheurs n’interviennent en criant «Sylmiya, sylmiya» (Pacifique, pacifique).
La foule a ainsi continué son itinéraire dans le calme, et tout en exigeant la libération des détenus du hirak, et ce, jusqu’au mémorial des Martyrs de la Guerre de Libération nationale en face de la placette M’Barek Aït Menguellet (ancienne gare routière).