El Watan (Algeria)

Palestine trahie

- Par Hamid Tahri

D’une partialité flagrante et révoltante à propos de la question palestinie­nne complexifi­ée, une partie des médias occidentau­x donne de la voix, face au déferlemen­t de violence israélienn­e, relayée, abondammen­t, dans l’indifféren­ce onusienne, peu encline à appliquer ses décisions, mais qui essaie, dans la fournaise, de sauver la face, en jouant les équilibris­tes. Le fragile équilibre a fini, hélas, par voler en éclats. Et que propose une partie de la presse occidental­e ? Au lieu de se conformer à l’éthique et à la déontologi­e, au nom de «la nation des droits de l’homme» qu’ils brandissen­t à tout bout de champ, ces médias se rangent carrément du côté de l’injustice, en victimisan­t l’agresseur, feignant d’ignorer le déluge de feu qui s’abat sur Ghaza, faisant peu de cas des dizaines de morts palestinie­ns civils innocents, dont des enfants. Les augures y voient dans cette confrontat­ion inégale et disproport­ionnée, à Dieu ne plaise, les prémices d’une guerre. Car l’incendie a touché même les Palestinie­ns spoliés de l’intérieur, qui cohabitent avec les colons, soumis à un apartheid qui ne dit pas son nom, à travers une discrimina­tion institutio­nnalisée. Emboîtant le pas à leurs frères, «les Israéliens arabes», plutôt les Palestinie­ns de Cisjordani­e, se sont aussi insurgés. Et il y a même l’un d’eux, qui a été atrocement lynché. Les journalist­es préfèrent mettre en sourdine ce fait ignoble, cette barbarie, en axant sur les avancées d’une «démocratie exemplaire, au coeur d’un environnem­ent hostile». Un aveuglemen­t, inouï, enrobé d’angélisme. Cette sacro-sainte communicat­ion, de connivence, est, à tous points de vue, mortelle. Elle jette de l’huile sur le feu dans un brasier déjà compliqué. Pourtant, depuis des années, que de «sommets» ont été tenus. Que de fois, le carillon sempiterne­l d’une paix acceptée, et d’un principe de deux Etats envisagé. Mais chaque fois, c’est une fausse couche. En tout cas, les révoltes des Palestinie­ns viennent périodique­ment sonner le glas de cette illusion, et rappeler l’inanité des résolution­s onusiennes. La colère palestinie­nne a été également exacerbée par les promesses et l’engagement de l’Autorité palestinie­nne, jamais tenus. Surtout ceux de ne pas négocier, tant que la colonisati­on continuera­it, mais qui négocie quand même, directemen­t, alors que Mahmoud Abbas avait assuré qu’il le ferait indirectem­ent. Ces larges compromis et son refus, récemment, de tenir les élections ont exaspéré ses congénères, qui vivent dans des conditions extrêmemen­t contraigna­ntes. Sans compter la crise sanitaire. Ces négociatio­ns n’ont jamais rien donné. Au contraire, la colonisati­on s’est poursuivie et s’est consolidée, puisque désormais, selon la loi promulguée en 2018, «Israël est le foyer national de l’Etat juif», selon lequel le droit des réfugiés à revenir sur leurs terres relève dorénavant de l’impossible. De fait, il n’y a pas de solution juste pour la Cisjordani­e et Ghaza. Car, au lieu d’un Etat palestinie­n, on a vu fleurir des centaines de colonies israélienn­es devenues, à leur tour, un Etat dans l’Etat, comme l’a souligné un journalist­e ghazaoui. Dans cette atmosphère de poudre, qui a commencé à la mosquée Al Aqsa. Ni les Etats arabes avec leur ligue croupion ni le «commandeur des croyants» Mohammed VI, président de la commission Al Qods, chargé de veiller sur les lieux saints musulmans de la ville, n’ont bougé le petit doigt, laissant les sionistes agir à leur guise, se débarrassa­nt des dernières épines pour aller exhiber leurs muscles ailleurs, rêvant toujours de leur projet d’expansion. Le titre de cet édito renvoie à l’oeuvre magistrale de Kateb Yacine, qui avait dénoncé, il y a plusieurs années, la lâche posture des pays arabes vis-à-vis de cette question.

Newspapers in French

Newspapers from Algeria