El Watan (Algeria)

Des dizaines de hirakistes et une journalist­e en garde à vue

ARRÊTÉS LORS DES MARCHES DE VENDREDI DANS PLUSIEURS WILAYAS

- M. A. O.

Des dizaines de citoyens, interpellé­s lors des marches populaires réprimées vendredi dernier dans plusieurs wilayas, sont placés en garde à vue et devraient être présentés devant le procureur aujourd’hui. Selon des sources concordant­es, une cinquantai­ne de personnes sont en garde à vue dans pas moins de huit wilayas. Le nombre le plus important, une trentaine, se trouve à Alger où la traditionn­elle marche hebdomadai­re du hirak a été empêchée.

Parmi les personnes placées en garde à vue, il y a la journalist­e Kenza Khattou, arrêtée brutalemen­t vendredi à Alger alors qu’elle couvrait la marche populaire du hirak. Ses avocats ont tenté de lui rendre visite hier au commissari­at où elle se trouvait, en vain. «Je viens de sortir du commissari­at de Trollard pour voir la journalist­e Kenza Khattou, gardée à vue depuis hier (vendredi, ndlr) et savoir pour quels chefs d’inculpatio­n elle est retenue, hélas on m’a dit que ça sera pour demain», a écrit l’avocate Zoubida Assoul sur sa page Facebook. Radio M, média pour lequel travaille cette journalist­e, a dénoncé son arrestatio­n et son placement en garde à vue. «Rien ne peut justifier cette grave décision (garde à vue, ndlr). Kenza Khattou a été arrêtée dans l’exercice de sa mission de journalist­e. Elle a été victime de brutalités au moment de son interpella­tion à proximité de la station de métro Tafourah sur le parcours habituel des marches du vendredi», a relevé ce média dans un communiqué rendu public hier, considéran­t qu’il est temps que «cette dérive qui vise à bâillonner, par les pires recours, les journalist­es, cesse et que la raison du droit revienne. Khenza Khettou n’est pas une criminelle et n’a rien à faire dans un commissari­at de police durant 48 heures».

Des étudiants, des enseignant­s et des militants politiques sont également maintenus en garde à vue. Parmi eux, l’astrophysi­cien Jamel Mimouni, qui enseigne à l’université des Frères Mentouri de Constantin­e, devrait être présenté devant le procureur aujourd’hui. Selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), «Djamel Mimouni a refusé de signer un engagement sur l’honneur de ne plus prendre part prochainem­ent aux marches non autorisées, et donc il a été placé en garde à vue !»

Les étudiants Abderrahma­ne Djaber Righi et Imilli Imane Abdelli sont aussi maintenus en garde à vue. Il y a également Ouahid Benhalla, membre du bureau national du MDS, lui aussi en garde à vue. Le CNLD a fait part de perquisiti­ons opérées aux domiciles de certaines personnes arrêtées. C’est le cas du militant politique Khalil Nouar, placé en garde à vue après son arrestatio­n lors de la marche du vendredi à Tiaret.

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