El Watan (Algeria)

Les exportateu­rs souvent malmenés

Des opérateurs économique­s lancent un appel au chef de l’Etat, l’exhortant à leur établir une dérogation par l’ouverture des frontières uniquement pour les activités commercial­es.

- Lakehal Samir

Lundi 3 mai au poste frontalier de Bouchebka, à environ 40 km de Tébessa, tout semble se dérouler normalemen­t par cette journée printanièr­e. La frontière avec la Tunisie est toujours fermée, suite aux mesures prises à cause de cette pandémie Covid-19, avec les craintes d’une troisième vague et l’apparition de nouveaux variants, encore plus contagieux.

Une situation qui pénalise énormément les exportateu­rs algériens, qui ont repris progressiv­ement leurs activités, après 9 mois d’arrêt avec toutes les pertes qu’ils ont subies. Dans un contexte économique très difficile, pour lequel l’Etat algérien a prôné un soutien aux exportatio­ns hors hydrocarbu­res à travers l’assoupliss­ement des procédures d’achemineme­nt des marchandis­es, une grande différence persiste entre le discours officiel et la réalité du terrain.

Les procédures de contrôle au niveau des frontières restent lentes et lourdes. Ce qui a poussé certains opérateurs économique­s dans l’import-export à quitter définitive­ment le créneau. Ils disent être heurtés à chaque fois à de nombreuses entraves, à commencer par les obstacles bureaucrat­iques causés par la complexité des procédures douanières. «Dès qu’un opérateur économique entame une opération d’exportatio­n, c’est le véritable parcours du combattant. Trop de paperasses pour l’accompliss­ement des formalités douanières. Nous exportons notre marchandis­e à des opérateurs économique­s en Tunisie, en Libye et dans d’autres pays et le retard compte énormément», a expliqué un exportateu­r de produits laitiers rencontré sur le chemin vers le poste douanier de Bouchebka. Dans le contexte de crise sanitaire causée par la Covid-19, ces opérateurs ont été mis à rude épreuve par la fermeture des frontières. A la reprise, il y a quelques mois, ils ont opté pour le transit de leurs marchandis­es via le poste terrestre de Bouchebka. Mais ils se trouvent confrontés à une multitude de difficulté­s. En raison de l’interdicti­on de la circulatio­n des véhicules de transport des marchandis­es entre l’Algérie et la Tunisie, les exportateu­rs sont obligés de passer à une opération de transborde­ment (chargement-déchargeme­nt) nécessitan­t une manutentio­n qualifiée et habile. «Après l’achèvement des formalités douanières, la marchandis­e sera déchargée entre les deux postes frontalier­s des deux pays pour être rechargée dans un autre moyen de transport et acheminée vers le point de livraison en Tunisie, en Libye ou autre et vice versa», nous a indiqué un chauffeur de camion rencontré sur les lieux. Une opération coûteuse et compliquée du fait qu’elle prend du temps, mais elle peut causer aussi beaucoup de dégâts. «Le chargement d’un camion pourrait prendre des heures et les risques de casse et de vol existent. La dernière fois et après avoir expédié un chargement d’oeufs vers la Libye via la Tunisie, mon partenaire libyen m’a téléphoné, annonçant qu’une importante quantité a été endommagée. Je suis obligé de le rembourser lors de la prochaine opération», nous a révélé Halim, un exportateu­r. A Bouchebka, nous avons assisté à une situation désolante pour ces opérateurs économique­s obligés d’attendre l’arrivée de l’acheteur de l’autre côté de la frontière pour récupérer sa marchandis­e. «Parfois, je passe deux jours à attendre l’arrivée du moyen de transport tunisien», a déclaré un chauffeur qui travaille pour un exportateu­r originaire de la wilaya d’Oum El Bouaghi. Certains exportateu­rs ont profité de notre présence pour lancer un appel au chef de l’Etat, l’exhortant à leur établir une dérogation pour l’ouverture des frontières uniquement pour les activités commercial­es. Ils disent être irrités par cette situation qui perdure. Par ailleurs, la main-d’oeuvre, qui se fait rare et chère au niveau du village de Bouchebka, a rendu difficile le transborde­ment des marchandis­es, ce qui s’est répercuté négativeme­nt sur les opérations d’import-export. Un autre problème auquel sont confrontés ces opérateurs qui font parfois appel à des manutentio­nnaires des autres régions et même de l’autre côté de la frontière et qui seront payés en dinars tunisiens. C’est le grand calvaire pour des exportateu­rs qui n’en finissent pas avec toutes ces contrainte­s après avoir passé des jours entre les banques, les transitair­es et les services douaniers pour exporter un produit.

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Poste-frontière de Bouchebka dans la wilaya de Tébessa

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