El Watan (Algeria)

Election des rédacteurs de la nouvelle Constituti­on

- Amnay Idir

l Depuis octobre 2019, le pays s’est mobilisé pour réclamer «un nouveau Chili» et une société plus juste l D’où remplacer la Constituti­on héritée de la dictature Pinochet l Le drapeau des Mapuches, la principale ethnie «indigène» a flotté lors des marches populaires, traduisant une prise de conscience des droits brimés des minorités.

Les Chiliens ont commencé hier à voter pour désigner les rédacteurs de leur nouvelle Constituti­on. Ils sont 14 millions appelés aux urnes pour choisir parmi 1373 candidats, 155 élus. Etalé sur deux jours pour limiter les possibilit­és de contagion à la Covid-19, le scrutin comprendra aussi des élections locales de maire, de conseiller municipal et, pour la première fois, de gouverneur régional. Le Chili est l’un des rares pays de l’Organisati­on de coopératio­n et de développem­ent économique­s (OCDE) qui n’a pas d’autorités régionales élues.

Remplacer la Constituti­on rédigée en 1980 sous le régime militaire d’Augusto Pinochet (19731990) constitue une des revendicat­ions issues du soulèvemen­t social déclenché en octobre 2019 pour réclamer la justice sociale.

Après la victoire du «non» au référendum de 1988 sur le maintien au pouvoir d’Augusto

Pinochet, la Constituti­on subit des réformes.

Les mesures les plus antidémocr­atiques ont été retirées après la fin de la dictature. Mais le modèle néolibéral imposé sous Pinochet est aujourd’hui encore protégé par la Constituti­on. Ainsi, en 1989, est consacrée la fin de la dictature militaire, en inscrivant dans la Constituti­on le principe de pluralisme politique, les sièges de sénateurs à vie sont abolis, et le mandat présidenti­el est réduit de six à quatre ans.

Le changement de la Loi fondamenta­le actuelle, qui limite l’action de l’Etat et consacre l’activité privée dans tous les secteurs, notamment l’éducation, la santé et les retraites, constitue une des conditions sine qua non quant à amorcer des réformes dans un pays où les inégalités sociales continuent à sévir. La nouvelle Constituti­on doit être rédigée dans un délai de neuf mois, prolongeab­le une seule fois de trois mois supplément­aires. Elle sera approuvée ou rejetée en 2022 par un référendum à vote obligatoir­e. Ce processus électoral est le premier au monde à élire une Assemblée constituan­te sur une base paritaire, avec un nombre égal d’hommes et de femmes. Il est marqué également par le fait qu’il réserve 17 sièges aux 10 peuples autochtone­s du Chili, (Mapuches, Rapa Nui, Aymaras, Quechua, Lickananta­y, Diaguita, Colla, Kawashkar, Chango et Yaga).

L’opposition de gauche, dispersée sur 69 des 70 listes en lice, entend proposer un nouveau modèle pour le pays, avec différents droits sociaux garantis, comme l’éducation, la santé ou le logement. De leur côté, les candidats de la droite au pouvoir regroupés sur une seule liste alliée à l’extrême droite défendent le système actuel, qui, selon eux, a favorisé la croissance économique du pays. Les premières estimation­s sont attendues ce soir.

La hausse des tickets de métro à Santiago a déclenché un mouvement de contestati­on le 18 octobre 2019. Malgré la suspension de cette décision et les mesures sociales proposées par le président conservate­ur, Sebastian Pinera, (augmentati­on de 50% du minimum vieillesse, cotisation­s des employeurs au régime de retraites, gel des tarifs de l’électricit­é entre autres), la contestati­on face aux conditions socioécono­miques et aux inégalités s’est étendue à d’autres régions et revendique une nouvelle Constituti­on. Le mouvement de protestati­on ne s’identifie à aucun parti politique ou syndicat. En octobre 2020, plus de 78% des Chiliens se sont prononcés par référendum en faveur du remplaceme­nt de la Constituti­on.

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