Les syndicats sans grandes illusions
N Les syndicats de l’éducation commenceront à défiler à tour de rôle dans le département de Mohamed Ouadjaout. Le programme de rencontres bilatérales annoncé par la tutelle vise l’apaisement d’un secteur en ébullition depuis plus d’un mois.
Sur instruction du président de la République, plusieurs départements ministériels ont rouvert les portes du dialogue avec les partenaires sociaux. Alors que le ministère de la Santé a entamé des rencontres bilatérales avec les partenaires sociaux durant la dernière semaine du Ramadhan, celui de l’Education nationale reçoit un premier syndicat aujourd’hui. Invités à tour de rôle, les syndicats restent pessimistes quant aux résultats de ce qu’ils appellent un «pseudodialogue». «La rencontre avec le ministère est un non-événement. Nous estimons que c’est encore une fois une ruse pour gagner du temps», souligne Boualem Amoura, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef). Pour lui, cette manière de faire est dangereuse, étant donné qu’«il y a le feu à la maison». «Nous avons demandé l’amélioration du pouvoir d’achat des travailleurs et eux nous ressortent le statut particulier. Un dossier qui, une fois ouvert pour la quatrième fois, nous prendra encore plus de 5 ans pour arriver à un consensus. Quand on veut noyer un problème, on lui crée une commission», lâchet-il dépité. Selon Boualem Amoura, son syndicat, qui sera reçu le 27 de ce mois, n’a pas grand-chose à dire, étant donné que «la tutelle est au courant de toutes nos revendications mais a choisi de faire la sourde oreille».
Le constat est le même du côté du Conseil des lycées d’Algérie (CLA). Mieux, son président, Zoubir Rouina, estime que ces rencontres ne sont que de la poudre aux yeux. «Le but est de contourner l’opinion publique et dire que la tutelle n’est pas contre le dialogue. Le problème est que nos principales revendications, à savoir le pouvoir d’achat et le droit à la retraite sans conditions d’âge, ne relèvent pas du ministère mais du gouvernement. Nous n’espérons rien», martèle le syndicaliste, qui rejoint Meziane Meriane, coordinateur national du Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Snapeste), dans sa démarche de garder la protestation intacte jusqu’à ce que le gouvernement donne les preuves de sa bonne intention à satisfaire les revendications soulevées par les travailleurs.
Plus concret, Sadek Dziri, président de l’Union nationale du personnel de l’éducation et de la formation (Unpef), avait proposé l’attribution urgente d’une prime provisoire aux travailleurs de l’éducation afin de relever le pouvoir d’achat en érosion constante.
Il faut savoir que les 14 syndicats qui ont appelé à la grève de 3 jours la semaine dernière comptent se rencontrer avant la fin de semaine pour décider de l’attitude à tenir vis-à-vis de la situation. La piste du boycott des examens de fin d’année n’est pas à écarter.