El Watan (Algeria)

Les stations de dessalemen­t sauvent la mise

L Alors que les besoins en eau exprimés par la wilaya d’Oran s’élèvent à 555 000 m3/jour, la station d’El Mactaa est dotée d’une capacité globale pouvant aller jusqu’à 500 000 m3/j, mais elle ne produit réellement que des quantités situées entre 300 000 e

- Djamel Benachour

AOran, l’alimentati­on en eau potable est assurée actuelleme­nt à hauteur de près de 70% par les ressources non convention­nelles, c’est-à-dire grâce aux stations de dessalemen­t d’eau de mer. Le chiffre communiqué par Oussama Heleili, le directeur général de la Société de l’eau et de l’assainisse­ment d’Oran (SEOR), responsabl­e de la distributi­on, rend compte de cette dépendance vis-à-vis de cette technologi­e qui permet de produire de l’eau potable à partir de l’eau de mer, qui s’est finalement avérée salutaire. La dépendance est fluctuante et il est arrivé qu’on enregistre des pics atteignant les 85%, précise-t-on à ce sujet. Il faut juste faire avec les aléas de cette industrie qui exige des arrêts techniques pour la maintenanc­e préventive, curative ou de procédures qui changent, etc. Des arrêts qui, hormis ceux conjonctur­els pour travaux, contraigne­nt la SEOR à adopter des régimes de distributi­on d’un jour sur deux, comme cela a été le cas récemment pour toucher 49% des ménages, suite à la baisse de production de la méga station d’El Mactaa (qui fournit également la wilaya de Mascara). Un retour graduel à un fonctionne­ment normal de cette station a permis de revenir à une distributi­on en H24 au profit de 93% des ménages. Alors que les besoins en eau exprimées par la wilaya d’Oran s’élèvent à 555 000 m3/jour, la station d’El Mactaa est dotée d’une capacité globale pouvant aller jusqu’à 500 000 m3/j mais elle ne produit réellement que des quantités situées entre 300 000 et 380 000 m3/j. A cela il faudra ajouter la station Kahrama, implantée à Bethioua, d’une capacité de 60 000 m3/j ainsi que celle de Chatt El Hilal à Beni Saf, dans la wilaya de Aïn Témouchent, d’une capacité de 200 000 m3/j qui alimente également Oran. La station Kahrama qui, comme son nom l’indique, produit également de l’électricit­é, mise en fonction au milieu de la décennie 2000, devait également sécuriser les besoins de la zone industriel­le d’Arzew. Mise en avant depuis longtemps, notamment durant la décennie 1990, l’idée de recourir au dessalemen­t de l’eau de mer n’a pas été accueillie de manière unanime par les profession­nels du secteur à l’époque, à cause justement de la dépendance à une technologi­e qui vient de l’étranger. La wilaya d’Oran ne dispose pas de barrages et ses ressources naturelles propres ne représente­nt aujourd’hui que 2%, concentrée­s dans la station de Bredeah ainsi que quelques puits et forages. Pour alimenter notamment son chef-lieu, qui n’a pas cessé de prendre de l’ampleur, y compris durant la période coloniale, on a dû compter sur les réserves provenant des régions voisines, à commencer par la partie ouest où des investisse­ments ont été consentis pour l’adduction d’eau à partir des wilayas de Tlemcen ou de Aïn Témouchent. A un moment, on s’est rendu compte que les réserves étaient plus importante­s du côté est, mais que les capacités de transport n’étaient pas très développée­s. On a donc investi dans les capacités de transport côté est pour ramener de l’eau à partir des barrages situés dans cette zone. Aujourd’hui, du côté ouest, les eaux superficie­lles proviennen­t de l’oued Tafna (Aïn Témouchent) et le cratère de Dzioua. C’est, précise-t-on, un bassin «inter-saisonnier» de 13 millions de mètres cubes de capacité, dont les resserves dépendent évidemment de la pluviométr­ie, particuliè­rement en déficit cette année, comme le constate une employée du secteur ayant participé à une journée de visite de sensibilis­ation autour de la nécessité de l’économie de l’eau. Celui-ci est rempli à partir des oueds, sinon on procède à des lâchers à partir du barrage Boughrara, indiquet-on également. Du côté est, l’eau provient du barrage Chelif, de Kerrada dans la wilaya de Mostaganem, mais on recourt parfois au barrage Gargar pour des apports supplément­aires. Ce système d’adduction dénommé MAO a été entrepris, grosso modo, en même temps que les stations de dessalemen­t grâce à l’embellie financière d’avant la crise pétrolière, ce qui a permis à Oran de passer d’une ville qui a pendant des années réellement souffert du manque d’eau, à une ville où pendant des années l’eau coulait en H24. Un changement du tout au tout. Les eaux superficie­lles n’alimentent Oran qu’à hauteur de 28%, mais cet apport contribue largement au confort lié à la disponibil­ité de l’eau dans les robinets. Malheureus­ement, la baisse de la pluviométr­ie, et c’est le cas cette année même si l’espoir reste permis avant l’été, affecte cette disponibil­ité à profusion. Selon les informatio­ns rapportées auprès des officiels qui ont eu à s’exprimer sur le sujet, le taux de remplissag­e des barrages est particuliè­rement bas, avec des déficits évalués à plus de 50% fin décembre 2020. Si Oran ne devait dépendre que des eaux superficie­lles, la situation serait catastroph­ique, admet-on à ce sujet. «Il faut cependant prendre en considérat­ion le fait que la gestion de l’eau soit intégrée dans une vision globale pour le pays et à l’échelle régionale», rappelle un cadre de l’Agence du bassin hydrograph­ique (ABH) Chott Echergui, dont le siège est situé depuis un an à Belgayed,

la nouvelle zone urbaine située à l’est d’Oran. Le bassin en question englobe 9 wilayas de l’ouest du pays, dont 5 intégrées en totalité (Oran, Aïn Témouchent, Sidi Bel Abbès, Tlemcen et Saïda) et 6 autres partiellem­ent (El Bayadh, Laghouat, Mostaganem, Naama, Mascara et Tiaret). Ici, on se garde de donner les chiffres précis sur la situation des barrages, mais on annonce que des réunions du comité du bassin se tiendront (habituelle­ment deux fois par an) pour, entre autres, centralise­r les informatio­ns et examiner les plans de gestion des ressources en eau mobilisées, en particulie­r les barrages en situation de déficits d’apports naturels nécessitan­t des arbitrages d’affectatio­n entre les différents usages, et qui seront soumises aux autorités avant de décider de la répartitio­n en fonction de la disponibil­ité de toutes les ressources et des besoins exprimés par chaque wilaya. A titre indicatif, pour ce qui est des usages, les apports en ressources non convention­nelles que produisent les stations de dessalemen­t permettent de conserver des quantités supplément­aires provenant des ressources naturelles pour les affecter à l’irrigation. Ces quantités dépendront elles aussi des aléas climatique­s liés à la pluviométr­ie et au remplissag­e des barrages.

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