La logique selon Djilali
En présentant ses listes pour les élections, Soufiane Djilali s’en est pris au hirak et à ses slogans, particulièrement au plus fameux d’entre eux : «Yetnahaw ga3», qu’il a qualifié d’«illogique». Effectivement, si on enlève tout le monde, que faire sur une terre où il n’y a personne dedans, pas même le présentateur du JT de l’ENTV. C’est logique, sauf qu’en réalité ce n’est pas le sens du slogan, il fait référence à tous ceux qui ont participé de près ou de loin au régime Bouteflika, qui sont encore très nombreux dans les administrations et institutions, organes de contrôle et de surveillance, structures d’Etat et réseaux politico-financiers jusqu’au plus haut sommet de l’Etat. D’ailleurs, l’ANIE ayant rejeté 10 000 candidatures de Jil Jadid, le leader du parti a accusé «les partis de l’allégeance» d’avoir manipulé le fichier électoral, alors que la logique voudrait que puisque ces partis de l’allégeance, qui ne peuvent être que le FLN et le RND, ont pu manipuler des fichiers électoraux et vont
participer au scrutin du 12 juin, la partie semble mal engagée. Pourquoi alors participer ? Parce que Soufiane Djilali a logiquement rappelé que «le régime Bouteflika réprimait sans
hésitation», même si celui-ci a mis beaucoup moins de journalistes, militants, professeurs, coiffeurs ou islamologues que l’actuel, et «a acheté les consciences en distribuant des
quotas lors des élections», ce qui n’a pas empêché Soufiane Djilali de participer aux élections de 2012, deux mois après son agrément, ainsi qu’à la présidentielle de 2014 de laquelle il s’est retiré à la dernière minute. Logique ? Oui, parce qu’il s’inscrit dans la logique générale qui dit qu’avec les mêmes que l’ancienne Algérie, on va créer la nouvelle Algérie et qu’en mettant tout le monde en prison, en censurant le maximum de médias et en interdisant les marches, le pays sera plus libre. Comment ? C’est de la logique douzdouz, Djilali était contre l’élection du 12 décembre avec l’ANIE, mais pour celle du 12 juin avec l’ANIE.