El Watan (Algeria)

La grande inquiétude

- Nouri Nesrouche

Trois organisati­ons : le Comité algérien contre la torture et les conditions carcérales inhumaines, le Comité national de libération des détenus (CNLD) et la Coordinati­on nationale des universita­ires algériens pour le changement (Cnuac) appellent à la constituti­on «en urgence» d’un front anti-répression afin de faire face à ce qui est «devenu l’unique feuille de route du pouvoir», écrivent-ils dans une déclaratio­n publiée hier. Les rédacteurs du texte, au vitriol, estiment que les gouvernant­s, «délégitimé­s par leurs élections et par leur prédation», se trouvent dans une impasse et cherchent la confrontat­ion frontale avec le peuple, faute de pouvoir l’écouter. Un peuple en colère et pourtant si pacif ique, souligne-t-on.

«Avec ces milliers d’arrestatio­ns, près d’une centaine en prison, une violence inouïe, des traumatism­es graves et cet état de siège policier dans la capitale élargi ce vendredi noir à toutes les villes d’Algérie, la rupture est définitive­ment consommée entre ce peuple résistant et ces gouvernant­s liberticid­es», est-il écrit.

Une situation politique intolérabl­e qui s’ajoute à la précarité économique de la population et le spectacle de la prédation qui se poursuit ; une situation devant laquelle il ne faut plus se taire, avisent les signataire­s de la déclaratio­n. «On ne peut se taire devant la torture, la violence des arrestatio­ns, le piétinemen­t des lois, l’arbitraire partout et une justice astreinte à l’omnipotenc­e vulgaire du téléphone. On ne peut accepter que la peur s’installe au sein d’une population fatiguée par la récurrence de la violence politique et sociale. On ne peut pas s’empêcher de crier notre colère face au désarroi social d’une population précarisée quand on sait l’enrichisse­ment et la prédation qui continuent sur les richesses, propriété du peuple, qui aspire à sa souveraine­té», poursuit-on. La troïka appelle à une large coalition de comités, collectifs, associatio­ns, partis, personnali­tés, engagés dans le mouvement populaire, mais aussi la diaspora et son potentiel mobilisate­ur, à s’unir, au-delà des différence­s, contre ce qui est qualifié de «répression sauvage, aveugle qui aggrave le fossé entre la société et son Etat, cet Etat instrument­alisé par ce régime autoritair­e et illégitime».

Les initiateur­s de l’appel avertissen­t à la fin que cette démarche unitaire ne doit pas sortir du cadre de la «silmya».

«Restons pacifiques en conjuguant nos efforts, notre intelligen­ce collective, nos énergies, nos conviction­s pour agir fortement et crier notre colère à l’unisson contre ce pouvoir répressif», précise-t-on encore.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Algeria