La curieuse volte-face de la Seaal
N Annoncée en début de journée hier, la décision d’abolir le système d’alimentation de la capitale en eau en H24 a été vite retirée. La Seaal, responsable de cette annonce, a été rapidement rappelée à l’ordre.
Il est important de consommer de manière rationnelle et d’être solidaires pour assurer la disponibilité de l’eau pour tous.» C’est en ces termes que la Société des eaux et de l’assainissement d’Alger (Seaal) a motivé sa démarche de rationalisation de l’eau dans la capitale, avant de revenir sur sa décision et maintenir le H24. Aller vers un programme de distribution de l’eau est-il justifié ? Il faut le dire, la Seaal a été très pédagogue dans son annonce, en faisant le bilan de la situation des ressources dans la capitale. Dans son premier communiqué partagé en masse sur les réseaux sociaux avant d’être supprimé, cette entreprise souligne qu’Alger est alimentée en eau potable à partir des barrages (60%), des forages (20%) et par les eaux dessalées à hauteur de 20%. «La baisse de la pluviométrie enregistrée durant les trois dernières années a provoqué un déficit dans la quantité d’eau superficielle stockée dans les barrages, engendrant une perte dans le volume de production de 340 000 m3/jour (de 1,2 million m3/jour à 860 000 m3/j). Devant cette situation, nous informons nos aimables usagers, qu’à partir du 18 mai 2021, une distribution en continu sera mise en place quotidiennement afin qu’ils soient approvisionnés de façon régulière. A cet effet, l’alimentation en eau potable, au niveau de toutes les communes de la wilaya d’Alger sera assurée, chaque jour, entre midi et 20h», souligne la Seaal en rassurant que cette démarche est provisoire et qu’un programme d’urgence est mis en place pour pallier ce manque de la ressource. Il consiste en le renforcement des ressources souterraines par la réalisation de 100 nouveaux forages et la réhabilitation et l’extension de 3 stations monoblocs de dessalement de l’eau de mer, à savoir celles de Palm Beach, Aïn Benian et Zéralda. Ce communiqué a créé la polémique sur la Toile. Les facebookeurs n’ont pas hésité à rappeler à la Seaal que le pseudo H24 n’existe presque pas, étant donné que plusieurs communes de la capitale connaissent des perturbations continues dans l’alimentation en ce produit de nécessité absolue. Selon des sources rapprochées du département de Kamel Mihoubi, ministre des Ressources en eau, c’est cette vague d’indignation qui a poussé les hautes autorités du pays à rappeler à l’ordre la Seaal et lui imposer le maintien de l’alimentation en H24, du moins durant cette période de précampagne des élections législatives. Pourtant, nos mêmes sources dévoilent que le communiqué supprimé de Seaal a été préparé il y a plus d’une semaine et envoyé aux plus hautes autorités du pays pour validation. Ce qui a été approuvé ! Au-delà de l’aspect politique de cette volte-face, il est nécessaire de rappeler que l’Algérie passe par une période de stress hydrique qui ne cessera de se confirmer au fil des années. Changements climatiques et position géographique dans une zone aride à semi-aride sont des facteurs qui pousseront tôt ou tard notre pays à aller vers des solutions radicales, telles que le retour vers les planches horaires de distribution de l’eau. D’ailleurs, la Seaal aurait envoyé des textos automatiques à ses abonnés que l’application du contenu du communiqué supprimé est reporté à une date ultérieure. Probablement après le 12 juin, date des élections législatives.