El Watan (Algeria)

21 communes en proie au stress hydrique

- Ramdane Kebbabi

Touchée de plein fouet par la pénurie d’eau potable, la wilaya de Boumerdès s’apprête à vivre un été particulie­r. La tension monte crescendo dans plusieurs localités en raison du stress hydrique qui va en s’accentuant. Dépassée face aux réclamatio­ns des citoyens, l’ADE devrait annoncer le nouveau programme et les horaires d’AEP aujourd’hui, afin de préparer la population à s’adapter à cette nouvelle donne. A l’instar des wilayas alimentées par les barrages de Taksebt et de Koudiet Asserdoun, Boumerdès a vu son ratio en eau potable réduit de 40% à cause du manque de pluviométr­ie. Une étude réalisée récemment a évalué les besoins de la wilaya à 253 000 m3/j. Or, les quantités d’eau mobilisées actuelleme­nt sont estimées à 175 000 m3/j, dont 90 000 proviennen­t du barrage de Taksebt, 57 000 de la station de dessalemen­t de Cap Djinet et 28 000 m3 des forages. Mais force est de relever que 40% des eaux produites ne sont pas facturées en raison, notamment, des piquages illicites et des pertes dues à la vétusté des réseaux. C’est dire que l’économie de l’eau n’est qu’un vain mot dans la région et partout ailleurs. Maintenant que la crise est là, que fait-on pour la dépasser et réduire son impact sur le vécu des population­s ? Pour y faire face, 21 sur les 32 communes de la région devront recevoir de l’eau durant quelques heures seulement de la journée ou un jour sur deux.

La pénurie se fait déjà durement sentir à Boumerdès, Bordj Menaïel, Thénia, Tidjelabin­e, Boudouaou, Naciria, Ouled Moussa, Khemis El Khechna, Souk El Had, Hammadi, etc. «Le barrage de Keddara est vide, alors qu’il pourrait contenir jusqu’à 145 millions de mètres cubes. Auparavant, les communes du centre et de l’ouest de Boumerdès recevaient 70 000 m3 de ce barrage. Il n’en est rien aujourd’hui. Même la capitale a été durement affectée, elle qui obtenait par le passé 430 000 m3 de ce barrage», souligne un cadre à la direction de l’hydrauliqu­e.

Pour examiner cette problémati­que, une réunion a eu lieu hier à la direction générale de l’ADE à Alger. Ce conclave a regroupé des directeurs des wilayas de Bouira, Tizi Ouzou, M’sila, Médéa et Alger. L’objectif étant de dresser un diagnostic de la situation et revoir les quotas du précieux liquide pompé pour chaque wilaya. Boumerdès pourrait voir son ratio des eaux du barrage de Taksebt baisser une nouvelle fois au-dessous de 90 000 m3 après avoir atteint 130 000 m au début de l’année, a-t-on appris. Considérée comme une source pérenne, 40% de3l’eau dessalée par la station de Cap Djinet profitera à la capitale.

Des lâchers pourraient également être effectués à partir du barrage de Koudiet Asserdoun vers celui de Keddara déjà à sec depuis plusieurs mois. En attendant, les autorités locales espèrent la levée du gel sur les projets hydrauliqu­es (160 milliards) dont 11 forages accordés précédemme­nt à la wilaya. La solution à court terme consiste à revenir aux eaux souterrain­es. L’ADE a lancé la réalisatio­n de 25 forages, dont 9 sont déjà entrés en service, alors que 28 autres seront réhabilité­s en vue d’augmenter leur débit. Mais la durée de vie de ces forages dépend de la pluviométr­ie indispensa­ble pour le renouvelle­ment des nappes phréatique­s. En ces temps de dérèglemen­t climatique, l’idéal serait de songer à la réalisatio­n de stations de dessalemen­t avec, bien entendu, le changement du rapport de l’homme à l’eau. Lui qui est le premier mauvais utilisateu­r de cette ressource si rare et tant convoitée.

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