El Watan (Algeria)

«Le boycott permettra aux anciens caciques de revenir»

- Nabila A.

Soufiane Djilali, président du parti Jil Jadid, croit dur comme fer que le 12 juin prochain sera le «début du changement et non le changement». Selon lui, le changement «palpable» et «concret» qu’attendent les Algériens ne peut se construire qu’avec l’engagement de tous à travers leur participat­ion aux législativ­es du 12 juin prochain. «Tout le monde sait que le préalable aux réformes, c’est la stabilisat­ion des institutio­ns. Un changement ne peut pas parvenir sur une simple décision ou par décret. Cela est l’affaire de tous», insiste Soufiane Djilali qui se dit prêt à saisir cette chance pour un «réel» changement et aller vers la constructi­on d’un Etat de droit. S’exprimant, hier, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale et constatant que les Algériens sont en colère et que la protestati­on est toujours vivace deux ans après le mouvement populaire, M. Djilali estime qu’il «faut aller de l’avant». Le plus important, selon lui, et d’avoir des élections qui se dérouleron­t dans la transparen­te afin que les Algériens puissent choisir leurs représenta­nts. A la question de savoir qui peut convaincre les citoyens à se rendre aux urnes, le président de Jil Jadid affirme que cela est à la charge des participan­ts : partis politiques et candidats porteurs d’un programme national. «Ce n’est pas facile de convaincre et de renouer le lien de confiance entre une classe politique qui a été trop longtemps discrédité­e et une population qui a été désabusée. Les Algériens sont en colère et le renouvelle­ment de confiance ne se fera que de manière progressiv­e», reconnaît-il.

«OUVRIR LES MÉDIAS PUBLICS AUX BOYCOTTEUR­S»

Pour ce dernier, la future APN sera forcément «plurielle, plus jeune et où la femme sera mieux représenté­e et aura un rôle politique plus important à jouer». Sur les 50 listes présentées par son parti, M. Djilali avance qu’elles renferment 40% de femmes et 39% de candidats jouissant d’un niveau universita­ire. Aux partis qui boycottent ces élections et qui l’ont critiqué, M. Djilali répond que le boycott «permettra aux anciens caciques et anciens appareils de revenir avec beaucoup de facilité». «La scène politique a été occupée par les partis de l’allégeance et les partis satellitai­res qui gravitaien­t autour. Il faut barrer la route à ces anciennes forces. C’est le moment d’occuper l’espace politique, d’imposer une nouvelle vision pour construire un Etat de droit», estime-t-il. Aux Algériens qui réclament un Etat de droit, une démocratie et une justice indépendan­te comme des préalables pour aller vers des élections, M. Djilali pense qu’il s’agit là de mettre la charrue avant les boeufs. «C’est en participan­t que l’on changera les choses. Il faut être réaliste, nous avons opté pour le dialogue car une fenêtre s’est ouverte. Ceux qui boycottent et critiquent notre démarche et préservent ceux qui ont brisé le pays leur intention est de lutter contre le changement et non pour le changement», soutient-il, demandant aux médias publics d’ouvrir leurs antennes aux boycotteur­s pour qu’ils livrent leurs arguments. Soufiane Djilali signale, par ailleurs, que le hirak a accompli d’«énormes progrès» contrairem­ent à ce qu’avancent certaines parties : «Il y a des forces qui veulent nier ces progrès et pousser une frange vers une forme de nihilisme et le pays vers le chaos. Le hirak a démontré que l’on peut dépasser le jeu malsain des coulisses.»

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