Les élèves cachés du rétrofuturisme

700 arrestations, selon la LADDH, et 44 manifestants pacifiques placés sous mandat de dépôt, selon le CNLD, en une seule journée, c’est le record que vient de battre la Nouvelle Algérie. Une performance de haut niveau que n’ont égalée ni Ben Bella ni Boumediène ou même Bouteflika, score olympique qui n’a d’équivalents que du côté de la Corée du Nord des Kim Jong, l’Ouganda de Idi Amin Dada, le Chili de Pinochet ou la France coloniale. Mais pourquoi ? A cause des élections qui approchent, selon le CGFD, pour casser définitivement le hirak, selon la TDFEP, ou pour le plaisir, selon le LBHBJ. Sauf que derrière ces étranges procédés d’un pays qui veut officiellement rompre avec l’autoritarisme précédent, il y aurait une tendance, le rétrofuturisme, courant mixant l’imagerie «rétro» et les technologiques futuristes, comme la Toyota FJ-Cruiser avec son hypertechnologie embarquée mais qui adopte une forme ancienne, calée d’ailleurs sur la vieille FJ-40 des années 1960, ou les fusées post-modernes qui ressemblent à celles de Tintin. En bref, le rétrofuturisme s’appuie sur deux bases, l’avenir comme on le voyait dans le passé et le passé comme on le voit du futur. Tout ça pour dire que comme les dirigeants algériens sont majoritairement des hommes du passé qui n’ont très peu de futur, ils ont adopté d’anciennes méthodes comme les rafles avec des styles modernes telles l’incitation à attroupement non armé ou la gestion démocratique des foules. Si l’auteur de ce dernier concept est paradoxalement en prison, l’idée globale est de revenir aux années 1970 mais avec un style nouveau, ANIE, compte Twitter présidentiel, 7 chaînes de télévision de l’EPTV (ex-ENTV) et des tasers Guerre des étoiles qui vont remplacer les matraques. Oui, le résultat est identique, mais il y a une recherche. On dit même que Kamel Rezig, adepte du rétrofuturisme, qui vient d’estimer que «les prix des fruits et légumes durant le Ramadhan ont été raisonnables», va s’habiller en poulet science-fiction pour les élections.