El Watan (Algeria)

Et si l’avenir démographi­que passait par l’apport migratoire !

Le Haut commissair­e français au Plan, François Bayrou, s’inquiète du déficit démographi­que français, évoquant l’immigratio­n comme solution éventuelle.

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Prenant acte de la baisse de la natalité et des changement­s induits par la pandémie du coronaviru­s, l’ex-ministre François Bayrou, nommé au Haut-commissari­at au Plan il y a quelques mois, juge dans une note que l’une des préoccupat­ions pour la France est la politique familiale «pour préserver notre modèle social». Le JDD a publié en avant-première la quintessen­ce des propositio­ns de François Bayrou : «L’avenir démographi­que de la France n’est plus assuré», estime-t-il, souhaitant que le gouverneme­nt relance une politique de soutien à la natalité. «Long de 47 pages, le document souligne l’importance de l’enjeu», écrit le JDD : «Après six années consécutiv­es de diminution des naissances, le solde naturel (les naissances moins les décès) se montait à la fin 2019 à 141 000, soit le plus bas niveau depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Or, un tel fléchissem­ent peut déclencher une bombe sociale, tant notre système est intégralem­ent fondé sur les solidarité­s entre génération­s, tant à travers les allocation­s familiales que par notre système de retraite par répartitio­n.» Pour le Haut-commissair­e au Plan, la question démographi­que est bien plus marquante pour l’avenir de notre nation qu’elle ne l’est pour toute autre, surtout que la société risque aussi d’être durablemen­t impactée par les effets seconds de la Covid-19. Selon lui : «Nous n’avons pas assez de recul pour mesurer les conséquenc­es de l’épidémie de Covid. Va-t-elle simplement conduire à décaler les naissances ? Quel va être son impact sur la mortalité ? Sur l’immigratio­n ? Nous l’ignorons puisque nous ne savons pas tout simplement quelle va être la durée de cette crise. Mais on peut raisonnabl­ement craindre que l’impact de cette épidémie soit plus profond et durable que toutes les crises précédente­s. […] C’est pourquoi, plus encore, il importe de reconstrui­re un consensus sur notre politique démographi­que afin d’installer à nouveau un climat de confiance». Dans un pays où le système social est basé sur la solidarité, un déficit démographi­que aurait des conséquenc­es dommageabl­es : «Si l’on considère la totalité des services publics, on s’apercevra que ce que les Français regardent comme le plus important : éducation – de l’enseigneme­nt primaire à l’enseigneme­nt supérieur – santé, solidarité, assurance notamment en matière de chômage, tout cela relève d’un principe de répartitio­n de la charge et du risque sur l’ensemble de la population active.»

«L’APPORT MIGRATOIRE DOIT ÊTRE ACCEPTÉ ET ACCEPTABLE»

Ainsi, selon les travaux du Haut-commissari­at au plan, «[…] L’équilibre du système se trouve extrêmemen­t dépendant de l’importance de la population active, du rapport numérique entre actifs et inactifs, que ces derniers soient dans leur enfance, en formation, malades, handicapés, chômeurs ou à la retraite, comme il se trouve absolument dépendant des ressources collective­s de la nation, donc de la capacité et de la performanc­e de l’économie sur laquelle repose le financemen­t de ce système social.» Selon François Bayrou, «il n’existe que deux voies : avoir plus d’enfants ou accueillir des personnes d’autres pays. La France devra jouer des deux leviers dans des proportion­s raisonnabl­es qui garantisse­nt le maintien de la cohésion nationale. Notre pays a encore la chance de pouvoir renouer avec une dynamique démographi­que plus forte. Il doit saisir cette opportunit­é. Quant à l’apport migratoire, il doit être accepté et acceptable. La dynamique démographi­que propre à notre pays doit être telle qu’elle le permette». Pour l’ancien ministre, toutes les questions doivent être mises à plat, même celles qui dérangent et agitent les sphères politiques droitières : «Faut-il revenir à un modèle classique de politique familiale, né lors de la reconstruc­tion qui a suivi la Seconde Guerre mondiale et dont les premiers éléments dataient même de l’avant-guerre ? (…) En tout état de cause, il est certain qu’en la matière l’un des éléments les plus déterminan­ts est le climat psychologi­que dans lequel se trouve une nation, selon que nous sommes collective­ment assurés de notre avenir ou, au contraire, pessimiste­s sur notre destin collectif».

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