Des professeurs mettent en garde contre la tentation du tout-sécuritaire
Les signataires de la pétition, dont Nourdine Melikechi qui est à la NASA, condamnent «fermement la politique du tout-sécuritaire adoptée par les pouvoirs publics pour faire échec au hirak pacifique».
Une centaine d’enseignants universitaires s’élève contre la répression qui s’abat sur les militants engagés dans le mouvement populaire, le hirak. Dans une pétition lancée hier, ces universitaires disent «non à la politique de la peur» et condamnent «fermement la politique du tout-sécuritaire empruntée par les pouvoirs publics pour faire échec au hirak pacifique et responsable dont ils ont vanté les mérites devant l’opinion nationale et internationale». Ces universitaires expriment leur entière solidarité avec les enseignants persécutés, arrêtés ou mis sous contrôle judiciaire et réclament leur libération ainsi que celle de tous les détenus d’opinion. Parmi les premiers signataires, il y a Hasni Abidi, enseignantchercheur à Genève, Mohamed Mebtoul de l’université d’Oran, Nourdine Melikechi de Delaware State University, Adel Abderrezak de l’université de Khenchela, Achi Nacira de l’université de Tizi Ouzou, Addi Houari de Washington University, Arous Zoubir de l’université Alger 2, Bensaad Ali, chercheur à Paris, Boudjemaa Redouane de l’université
Alger 3, Dris Aït Hamadouche Louisa de l’université Alger 3 et Mohamed Hennad de l’université d’Alger. Il faut rappeler que la vague de répression et d’arrestations ciblant les militants du hirak, dont des enseignants et des chercheurs à l’université, a suscité de vives réactions d’indignation et de solidarité. Des sit-in et rassemblements de dénonciation des arrestations et de soutien aux personnes arrêtées ont été tenus dans plusieurs campus universitaires à travers le pays. Hier, lors des traditionnelles marches du mardi organisées à Tizi Ouzou et à Béjaïa, les manifestants ont exprimé leur soutien aux enseignants arrêtés et à tous les détenus d’opinion. Des organisations universitaires ont dénoncé cette répression et réclamé l’arrêt de toute intimidation, poursuites ou harcèlement contre les enseignants universitaires et les militants engagés dans le hirak.
Le bureau national du Syndicat des enseignants du supérieur solidaires (SESS) a affirmé «avoir vécu, comme tout le monde, la répression qui s’est abattue sur les citoyens et citoyennes du hirak vendredi 14 mai 2021». «Nous ne pouvons qu’adresser tous nos respects aux enseignants universitaires pour leur courage, mais surtout pour le fait d’avoir décidé de rester debout avec et aux côtés du peuple», a souligné le SESS, appelant dans son sillage les universitaires à «montrer leur attachement aux libertés fondamentales et parmi celles-ci les libertés d’expression et de manifestation». De son côté, la Coordination nationale des universitaires pour le changement (CNUC) a affiché son «soutien indéfectible à Kaddour Chouicha et Djamila Loukil». «Kaddour Chouicha et Djamila Loukil se sont unis pour la vie, mais cette vie tous deux l’ont consacrée à la défense de l’Algérie, de son peuple et de son université comme à l’information de leurs concitoyen(ne)s», est-il écrit dans le communiqué.
Il est à préciser que plusieurs professeurs d’université participant aux marches populaires hebdomadaires ont été interpellés vendredi dernier dans plusieurs wilayas. Parmi eux, le Pr Djamel Mimouni de l’université de Constantine, qui a été placé sous contrôle judiciaire.