FERHAT MEHENNI PLACÉ EN GARDE À VUE À PARIS
Ferhat Mehenni, président du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), qui vit en exil en France, a été placé hier matin en garde à vue pour une durée de 24 heures dans les locaux de la direction régionale de la police judiciaire dans le 17e arrondissement de Paris. Jusqu’en fin d’après-midi, personne n’était en mesure d’expliquer les motifs réels de cette arrestation, y compris ses plus proches collaborateurs. Certains y verraient un lien avec les dernières déclarations des autorités algériennes accusant le MAK de préparer des attentats en Algérie. Si elle n’est pas prolongée, la garde à vue devrait se terminer ce matin à 11h.
Le président du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), Ferhat Mehenni, a été placé hier vers 11h (heure de Paris) en garde à vue dans les locaux de la direction régionale de la police judiciaire dans le 17e arrondissement de Paris, a indiqué à El Watan Aksel Bellabaci, son conseiller et chargé de mission. Ce dernier n’était pas, en revanche, en mesure de donner plus d’information sur cette convocation ni les raisons exactes qui ont conduit à l’arrestation de Ferhat Mehenni. «Il a juste reçu un appel téléphonique de la police aux alentours de 10h30 mardi, lui intimant l’ordre de se rendre au commissariat du 17e avant 11h. J’étais avec lui. Arrivés sur place, ils lui ont signifié qu’il était en garde à vue pour 24h, c’est-à-dire jusqu’à mercredi 11h.»
A la question de savoir si une plainte, par exemple, avait été déposée contre le MAK ou contre Ferhat Mehenni lui-même par une tierce personne, Aksel Bellabaci a répondu par la négative, expliquant que «le président du MAK n’a de problème personnel avec personne et qu’il est un militant politique pacifique et démocratique».
Qui a donc intérêt avec cette convocation de Ferhat Mehenni par la police française ? Son conseiller Aksel Bellabaci subodore qu’elle pourrait être liée aux déclarations récentes des autorités algériennes accusant le MAK de «terrorisme». «Si c’est dans ce cadre-là, la France a donc toute la légitimité de vérifier si effectivement notre mouvement est un mouvement terroriste», avant de balayer d’un revers de la main ces accusations qui «ne tiennent pas debout une seule minute».
L’avocat de Ferhat Mehenni, qui aurait pu donner plus de détails sur les raisons qui ont conduit à l’arrestation du président du MAK, était dans les locaux de la police avec son client. En revanche, il a suffi de peu de temps pour que l’esplanade du Tribunal de grande instance de Paris dans le 17e soit envahie par les militants du MAK. Ils ont répondu à l’appel lancé par le mouvement sur les réseaux sociaux et lors d’un «live» sur Facebook organisé depuis la devanture du tribunal de Paris. Les partisans de Ferhat Mehenni ont exigé la libération de leur président, scandant des slogans hostiles au régime algérien et à la France, tels que «Algérie coloniale, France complice !» et «Kabylie indépendante !» Mais vers 15h30, les forces de l’ordre ont demandé aux manifestants de quitter les lieux, avançant le respect du couvre-feu qui devait intervenir à 19h. Les «Makistes» ont quitté l’esplanade du tribunal dans le calme, ils se sont donné rendez-vous pour aujourd’hui à la même place, si leur président ne serait pas relâché dans la nuit.
Sur les réseaux sociaux, la nouvelle s’est répandue telle une traînée de poudre. Des centaines de commentaires ont été postés sur le réseau «Siwel l’agence d’information Kabyle». Certains ont accusé le gouvernement algérien d’être derrière la mise en garde à vue de Ferhat Mehenni, d’autres ont dénoncé ce qu’ils appellent la «françalgérie qui veut faire disparaître la Kabylie pour voler facilement les richesses du pays».