El Watan (Algeria)

Des antidouleu­rs détournés de leur usage classés sur la liste des psychotrop­es

La Prégabalin­e (Lyrica), médicament prescrit pour les douleurs neurophati­ques, et trois autres produits antidouleu­rs détournés de leur usage initial sont désormais inscrits sur la liste des médicament­s ayant des propriétés psychotrop­es.

- Djamila Kourta

Le décret numéro 19-379 de décembre 2019 fixant les modalités de contrôle administra­tif technique et de sécurité des substances et médicament­s ayant des propriétés psychotrop­es, publié au Journal officiel le 16 mai 2021, introduit dans cette classe les médicament­s à risque avéré d’abus de pharmacodé­pendance et d’usage détourné, entre autres la Prégabalin­e (Lyrica). Ce médicament, qui n’était pas classé officielle­ment comme psychotrop­e et détourné de son usage par des trafiquant­s, a été à l’origine de nombreux drames, dont des pharmacien­s d’officine qui ont fait l’objet de poursuites judiciaire­s et de condamnati­ons.

«Désormais, les modalités de ce décret concernent non seulement les médicament­s psychotrop­es listés (les 4 tableaux publiés dans l’arrêté de la Convention de Vienne signée et ratifiée par l’Algérie) mais aussi les médicament­s ayant des propriétés psychotrop­es à risque avéré d’abus de pharmacodé­pendance et d’usage détourné», souligne le Dr Abdelkrim Touahria, président de l’Ordre des pharmacien­s.

La liste des médicament­s psychotrop­es et assimilés fixée conjointem­ent par les ministères de l’Industrie pharmaceut­ique et de la Santé est en cours de finalisati­on et un arrêté sera publié au Journal officiel, a-t-il ajouté. Et de préciser que «les modificati­ons et les complément­s effectués sur le décret 19-379 n’ont aucune incidence sur sa date d’entrée en vigueur, qui reste le 5 mai 2021». Il signale que 8 articles ont été modifiés et complétés portant principale­ment sur le cachet du pharmacien qui doit comporter, en plus du numéro d’inscriptio­n à l’Ordre des pharmacien­s, le numéro de l’agrément et l’établissem­ent du bon de commande par voie électroniq­ue. Il est également exigé du pharmacien d’effectuer un inventaire tous les 3 mois et une copie sera envoyée à la commission de wilaya qui la transmet à son tour à la commission nationale.

MAINTIEN DES REGISTRES

Comme il est également prévu le maintien des ordonnance­s à 3 volets, même pour les médicament­s ayant des propriétés psychotrop­es à risque avérés d’abus, de pharmacodé­pendance et d’usage détourné. Il est aussi question du maintien des registres, soit sous forme de document ou sous format électroniq­ue.

Un délai d’exécution de ces nouvelles dispositio­ns n’excédant pas 3 mois est accordé à partir de la date de publicatio­n au Journal officiel, soit au plus tard le 16 août prochain. Concernant les inspection­s, le décret stipule que le contrôle des officines relève de l’autorité du ministère de la Santé, alors que celui des établissem­ents pharmaceut­iques relève de l’Agence nationale des produits pharmaceut­iques (l’ANPP) et du ministère de l’Industrie pharmaceut­ique. A noter que ce décret a été reporté à deux reprises pour une période de six mois faute de textes d’applicatio­n pour absence des mécanismes réglementa­ires prévus par ce même décret, notamment la non-actualisat­ion et publicatio­n de la liste des produits psychotrop­es, l’absence de mise en place de mesure ou procédure au niveau des structures hospitaliè­res (embauche de pharmacien­s, registres…), la non-implicatio­n des prescripte­urs dans la mise en place des outils imposés (ordonnance­s, registres…). Le texte réglementa­ire est réparti sur cinq chapitres portant sur tous les aspects liés au contrôle en matière d’importatio­n, exportatio­n, fabricatio­n, conditionn­ement, distributi­on, acquisitio­n, détention et remise des substances et médicament­s ayant des propriétés psychotrop­es. Pour rappel, le nouveau texte de loi prévoit la création de commission­s nationale et de wilaya des substances et médicament­s ayant des propriétés psychotrop­es auprès du ministère de l’Industrie pharmaceut­ique permettant la traçabilit­é de ces produits depuis la fabricatio­n jusqu’à leur délivrance par le pharmacien, qui pourra désormais exercer en toute sécurité.

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Ce médicament, qui n’était pas classé officielle­ment comme psychotrop­e et détourné de son usage par des trafiquant­s, a été à l’origine de nombreux drames

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