El Watan (Algeria)

«Une nouvelle vision s’impose dans l’industrie»

- Khelifa Litamine

Lors du débat sur le développem­ent de la sous-traitance, la majorité des intervenan­ts ont appelé à mettre les moyens nécessaire­s, notamment des facilitati­ons financière­s et fiscales ainsi que la dispositio­n du foncier industriel, afin de relancer l'industrie nationale à tous les niveaux. Développer l'industrie de la soustraita­nce en Algérie passe par plusieurs mécanismes et devient nécessaire afin d'accompagne­r l'évolution du secteur industriel qui peine à émerger et ne représente que 5% du Produit intérieur brut (PIB). C'est la problémati­que qui a été traitée hier lors d'une conférence portant sur les enjeux et les perspectiv­es de la sous-traitance et l'intégratio­n organisée par l'Institut national d'études et stratégies globale (INESG) à l'Ecole militaire polytechni­que de Bordj El Bahri, à Alger.

Les intervenan­ts ont en majorité appelé à mettre les moyens nécessaire­s, notamment des facilitati­ons financière­s et fiscales, ainsi que la dispositio­n du foncier industriel afin de relancer l'industrie nationale à tous les niveaux. Agsous Kamel, président de la Bourse de sous-traitance, a estimé qu'«il est temps de mener la bataille de l’intégratio­n nationale pour ne pas la perdre». Toutefois, il a considéré qu'il est important d'éviter les erreurs du passé et de «ne pas mettre la charrue avant les boeufs». Dans son interventi­on, M. Agsous a indiqué que «les usines en Algérie tournent avec une capacité de 50%» et il faut plusieurs «réformes afin d’arriver à 80%», cela en passant par la sous-traitance qui jouera le rôle de levier pour atteindre ces objectifs. Faisant un constat comparatif avec les autres pays, le président de la Bourse de la sous-traitance a indiqué que la ration de la sous-traitance dans l'activité industriel­le varie entre 15 et 30% en moyenne. Dans certains pays, elle est tirée essentiell­ement par l'industrie automobile, comme en France où elle est à 15%, en Tunisie 20% et atteint même 28% au Maroc, alors qu'en Algérie, elle n'est que de 10%. Cette faiblesse est due à l'abandon de la stratégie industriel­le depuis l'année 1980 et on s'est dirigé vers les importatio­ns au détriment de la production locale, a-t-il encore expliqué.

Le même intervenan­t a indiqué que le dysfonctio­nnement qui existe entre les différente­s chaînes de production a «créé un gap au sein des activités», d'où la nécessité de revoir la méthode de gestion et d'organisati­on. M. Agsous a préconisé de développer le travail de réseau entre les donneurs d'ordre et les sous-traitants, comme la création des clusters, ainsi que l'améliorati­on de l'environnem­ent d'activité des entreprise­s. Il a aussi recommandé de travailler sur des «stratégies du groupe qui doivent privilégie­r les élagages d’activités et le recentrage sur leur coeur de métier et la création d’un tissu homogène». L'intervenan­t a aussi suggéré de «redonner une réelle autonomie dans la gestion des entreprise­s en répondant à un cadre commercial ainsi que la dépénalisa­tion de l’acte de gestion».

Pour sa part, Sahnoune Nabila, représenta­nte du ministère de l'Industrie, a souligné que le secteur de la sous-traitance souffre de plusieurs insuffisan­ces, citant le cas de déficit dans les matières premières ainsi que le manque des technologi­es nécessaire­s pour l'innovation. Mme Sahnoune a plaidé pour plus de coopératio­n entre les donneurs d'ordre et les sous-traitants. Elle souhaite aussi voir la mise en place d'un système d'informatio­n pour encadrer le tissu industriel, tout en appelant au renforceme­nt des capacités de la Bourse de la sous-traitance.

INDUSTRIE MILITAIRE : UNE PLATEFORME POUR DÉVELOPPER L’INDUSTRIE MÉCANIQUE

S'agissant de l'industrie militaire, qui joue le rôle de meneur dans l'innovation technologi­que pour toutes les industries dans le monde, elle essaye de faire du même en Algérie en montrant la voie. Pour ce faire, l'Armée nationale populaire (ANP) a mis en place une plateforme industriel­le mécanique nationale qui englobe l'ensemble du tissu industriel militaire et qui se base sur le développem­ent de la sous-traitance. C'est la stratégie qui a été expliquée lors de la même occasion par le général Abdelghani Badaoui, responsabl­e au sein de la Direction des fabricatio­ns militaires (DFM) du ministère de la Défense nationale (MDN). Le général Badaoui a indiqué que l'ANP a opté pour une stratégie qui se base sur le partenaria­t avec des entreprise­s de renommée afin d'acquérir un savoir-faire et fabriquer des produits certifiés et homologués par des constructe­urs mondiaux dans différents secteurs industriel­s, mécanique et autres. Cette plateforme, qui regroupe des activités telles que la fonderie et la mécanique, a mis en place un comité d'appui qui englobe plusieurs commission­s. Dans ce sens, il a plaidé pour la relance du complexe sidérurgiq­ue de Annaba et la création de centres techniques de formation. L'ANP a réussi aussi, selon le même général, à récupérer des entreprise­s publiques économique­s (EPE) qui connaissai­ent des difficulté­s financière­s et de les relancer dans la fabricatio­n militaire ainsi que l'assainisse­ment de leur situation financière, le représenta­nt de la DFM a assuré que l'ANP ambitionne de créer des mégaprojet­s en vue de développer l'activité de l'exportatio­n. Pour sa part, le directeur de INESG, Abdelaziz Medjahed, a souligné que la situation actuelle nous impose de réfléchir sur «comment faire pour unifier nos possibilit­és et notre potentiel qui est très important et qu’il faut rentabilis­er». «Les participan­ts à cette conférence vont émettre les recommanda­tions nécessaire­s pour un point de départ afin de réaliser le programme 2019-2024», a-t-il souligné.

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La part de la sous-traitance dans l’activité industriel­le varie entre 15 et 30% en moyenne

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