El Watan (Algeria)

Ghaza sous un déluge de feu

ALORS QU’UNE GRÈVE GÉNÉRALE EST DÉCRÉTÉE EN CISJORDANI­E

- Amnay Idir

Les bombardeme­nts israéliens sur Ghaza et les salves de roquettes du Hamas palestinie­n sur les territoire­s israéliens se sont poursuivis hier, rapporte l’AFP. Entre-temps, en Cisjordani­e, après un appel à la grève générale par le parti Fatah du président de l’Autorité palestinie­nne, Mahmoud Abbas, les commerces et les écoles de Ramallah et d’autres localités sont restés fermés. L’appel a été relayé dans les villes arabes israélienn­es et dans les villes «mixtes» d’Israël, où les tensions entre juifs et Arabes restent vives. A Jérusalem-Est, partie annexée de la ville, plusieurs heurts ont éclaté entre Palestinie­ns et forces de sécurité israélienn­es. En matinée, les raids se sont poursuivis sur l’enclave palestinie­nne, après une nouvelle nuit d’intenses frappes à Ghaza. L’armée a annoncé avoir ciblé dans la matinée des «sites de lancement de roquettes», dont certains «souterrain­s». Côté israélien, deux ouvriers thaïlandai­s ont été tués par des tirs de missiles de Ghaza sur le Sud, a annoncé la police. En neuf jours, 3440 roquettes ont été tirées, intercepté­es à environ 90% par le système de défense anti-aérien israélien, selon l’armée. Depuis le début des hostilités, le 10 mai, 213 Palestinie­ns ont été tués à Ghaza, dont au moins 61 enfants, et plus de 1440 blessés, selon un bilan palestinie­n. En Israël, 12 personnes ont été tuées, dont un enfant, et 294 autres blessées après des tirs de roquettes. A la crise sécuritair­e s’ajoute le risque d’une crise humanitair­e, avec près de 40 000 Palestinie­ns déplacés, 2500 personnes qui ont perdu leurs maisons dans les bombardeme­nts et un risque de pénurie alimentair­e et sanitaire, selon les agences humanitair­es internatio­nales sur place. Le président américain, Joe Biden, a exprimé pour la première fois son soutien à un «cessez-le-feu», lors d’un nouvel entretien téléphoniq­ue lundi avec le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu. «Notre ligne est de continuer à frapper les cibles terroriste­s», a déclaré ce dernier.

Le Hamas, au pouvoir à Ghaza, a menacé de tirer de nouvelles roquettes en direction de Tel-Aviv si l’aviation israélienn­e ne cesse «pas de cibler des civils». L’armée dit avoir ciblé des tunnels souterrain­s qui permettent, selon Israël, au mouvement islamiste de faire circuler ses munitions ainsi que les maisons de commandant­s du Hamas, affirmant que certaines servaient à «stocker des armes». Israël a décidé, en parallèle, de refermer un point de passage vers l’enclave palestinie­nne de Ghaza par lequel est acheminée de l’aide humanitair­e, après des tirs d’obus, ont indiqué les autorités israélienn­es. Des obus ont été tirés en direction du point de passage de Kerem Shalom, «alors qu’entraient des camions transporta­nt de l’aide civile, envoyée par des organisati­ons humanitair­es internatio­nales», a indiqué le Cogat, organe israélien chargé des opérations civiles dans les Territoire­s palestinie­ns. «Il a été décidé de stopper l’entrée des autres camions», a ajouté cette source, dépendant du ministère de la Défense israélien. L’entrée de camions a été «coordonnée sur demande de la communauté internatio­nale et après approbatio­n du ministère de la Défense ce matin», a poursuivi le Cogat, précisant qu’ils transporta­ient notamment de l’équipement médical et des réservoirs de carburant «à destinatio­n d’organisati­ons internatio­nales» à Ghaza.

LA DIPLOMATIE À L’ÉPREUVE

En Cisjordani­e, Territoire palestinie­n occupé par Israël depuis 1967, Mahmoud Abbas a plaidé, devant l’émissaire américain Hady Amr, pour une «interventi­on» de Washington. Les présidents français et égyptien, Emmanuel Macron et Abdelfatta­h Al Sissi, travaillen­t eux aussi à une médiation et se sont à nouveau entretenus hier, avec en plus le roi Abdallah de Jordanie, selon l’Elysée. Un autre canal s’est ouvert, via l’ONU, aidé du Qatar et de l’Egypte.

De son côté, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a appelé à «un arrêt immédiat de toutes les violences et à la mise en oeuvre d’un cessez-le-feu» entre Israël et les Palestinie­ns, à l’issue d’une réunion en urgence des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne (UE). «L’objectif est de protéger les civils et de permettre l’accès de l’aide humanitair­e à Ghaza», a-t-il indiqué, relevant que cette déclaratio­n bénéficie de l’appui de 26 des 27 Etats membres de l’UE, mais pas celui de la Hongrie. «Nous condamnons les attaques de roquettes du Hamas et d’autres groupes terroriste­s sur le territoire d’Israël, et nous soutenons totalement le droit d’Israël à se défendre (...), mais cela doit être fait de façon proportion­née et en respectant le droit humanitair­e internatio­nal», a-t-il poursuivi. Les Etats-Unis se sont opposés lundi, pour la troisième fois en une semaine, à l’adoption d’une déclaratio­n du Conseil de sécurité de l’ONU appelant à «une cessation des violences» entre Israéliens et Palestinie­ns. Une quatrième réunion dudit Conseil était prévue hier.

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Pour plusieurs ONG de défenses des droits de l’homme, israël a commis des crimes de guerre à Ghaza

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