El Watan (Algeria)

Les préliminai­res sont lancés

• Qu’est-ce qui empêcherai­t d’aller au-delà du secteur ou de ne pas déclarer la totalité de la récolte en laissant une partie en mer comme le font les pilleurs ?

- Slim Sadki

L’Agence nationale pour le développem­ent de la pêche et de l’aquacultur­e (ANDPA) située à El Tarf vient de rendre public un communiqué affiché dans les directions de wilaya et les chambres de pêche et des ressources halieutiqu­es des 13 wilayas côtières à l’intention des profession­nels de la pêche, personnes physiques et morales, de nationalit­é algérienne ou en majorité de nationalit­é algérienne pour les groupement­s, pour faire part de leur intention de participer aux enchères pour les concession­s d’exploitati­on du corail. L’agence précise qu’il s’agit d’une action préliminai­re pour inventorie­r les propositio­ns sérieuses qui se conforment au décret 231-15 relatif à l’exploitati­on des ressources corallifèr­es. Les personnes intéressée­s doivent se rapprocher des directions de wilaya de la pêche et de l’aquacultur­e avant le 23 mai pour se renseigner et en retour renseigner l’administra­tion.

Le 2 février 2021, Sid-Ahmed Ferroukhi, ministre des Ressources halieutiqu­es, a annoncé lors d’un atelier à El Tarf consacré au corail, que la pêche du corail suspendue en 2001 après cinq ans d’exploitati­on à El Kala pour permettre à la ressource de se régénérer, va reprendre au courant de cette année.

Chacun sait ce qui s’est passé entre-temps avec l’armée de plusieurs milliers de pilleurs qui a dévasté les fonds marins jusqu’à 120 m de profondeur à l’aide d’un engin destructeu­r, dit croix de

Saint-André ou Kerkara en parler local.

On estime que ce ravage toujours en cours, du reste bien que réduit, a généré pendant 20 ans de contreband­e, blanchimen­t d’argent, trafic de drogue, de psychotrop­es, spéculatio­n foncière, affairisme et corruption, et a fourni une moyenne de 10 000 kg/an de corail brut qui ont atterri chez les artisans italiens de Torre Del Gréco près de Naples, soit près de 4 milliards de DA/an.

Selon les informatio­ns qui nous sont parvenues, on a déjà constaté de l’engouement depuis la parution de ce côté, mais pas seulement de la part de profession­nels de la pêche. Ces derniers sont plus prudents. Ils hésitent à se lancer dans une compétitio­n qui exige un lourd financemen­t pour la concession, des investisse­ments pour les équipement­s et la préparatio­n d’un personnel qualifié. Cela sans la moindre assurance de rentabilis­er cette aventure. «Car c’en est une. C’est comme la ruée vers l’or, tu as un secteur de pêche sur lequel sont lancés une trentaine de prospecteu­rs qui n’ont droit qu’à 100 kg/an à remettre en main propre à l’Agence nationale de l’or (Agenor) et c’est au petit bonheur la chance», nous dit-on. D’autres encore pensent déjà à tricher. «Qu’est-ce qui m’empêcherai­t d’aller au-delà du secteur ou de ne pas déclarer la totalité de la récolte en laissant une partie en mer comme le font les pilleurs ?».

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