QUELLES SOLUTIONS ?
«C’est à chacun, par exemple, de veiller à équilibrer sa consommation de viande par rapport aux protéines végétales apportées par les légumes secs», estime M. Belaid. La raison : leur production est plus respectueuse de l’environnement que les produits animaliers. Car, pour le spécialiste, réduire sa consommation de viande n’est pas une punition, mais une mesure de survie pour un pays semi-désertique qui vit de la rente pétrolière. Par ailleurs, à l’échelle des communes, à travers la petite industrie et des projets locaux, M. Belaid recommande d’assurer un développement rural créatif d’emplois. «Actuellement, l’agriculture supporte l’essentiel de la création d’emplois, ce qui n’est pas sans conséquences sur la surexploitation du milieu naturel», expliquet-il. Concernant l’élevage en milieu steppique, M. Belaid estime que le Haut Commissariat au Développement de la Steppe possède une large expérience, expliquant qu’il a à son actif différentes actions, notamment la création de «sed» d’épandage des crues, la mise en défense des parcours, aménagement de points d’eau, etc. Et d’ajouter : «A en croire l’expertise du professeur Ali Daoudi de l’Ensa, il serait aussi intéressant d’attribuer des concessions de parcours steppiques à des éleveurs afin d’arriver à un développement durable.» De son côté, M. Kessasra estime que le contrôle sur le terrain, la fin de l’impunité et une meilleure visibilité des objectifs de développement agricole constitue la meilleure tryptique. «Si un ministère de l’Agriculture continue de s’occuper uniquement des rendements agricoles en tonnes et en quintaux, en ignorant l’impact de ces produits sur leur environnement, aucune pensée clairvoyante n’admettra l’usage abusif de ‘‘développement durable’’ dans leurs discours»,
explique-t-il. Et d’ajouter : «En Algérie, les prérogatives se superposent comme des couches inefficaces et se diluent entre ministère de l’Agriculture, ministère des Ressources en eau, ministère de l’Environnement et celui de la Pêche». Selon lui, l’absence de multisectorialité est le maillon faible de lutte contre la dégradation de l’environnement en Algérie. De son avis, toute atteinte à l’environnement est source d’une multitude de polluants, qui deviendront toxiques selon leurs doses et leurs parcours. «Ils se libéreront et se transféreront depuis la montagne (amont des rivières, bassins-versants) jusqu’aux embouchures en mers ou lacs (aval des rivières et exutoires des bassins versants)», affirme-t-il. Finalement, il s’agit de quatre écosystèmes, en l’occurrence, sol, air, eau, mer, entrelacés et gérés séparément par quatre ministères. «L’efficacité est loin d’être au menu. Mais en pratique, il est impératif d’entamer une meilleure gestion du fumier et une meilleure utilisation des déjections animales transformées sur nos terres agricoles», conclut-il.