El Watan (Algeria)

«Nous avons déjà alerté les autorités sur l’insécurité au niveau des établissem­ents scolaires»

- Propos recueillis par Salima Tlemçani S. T.

Comment expliquer que des institutri­ces soient agressées à l’intérieur de leurs logements de fonction se trouvant dans l’enceinte même de l’école ?

Les neuf institutri­ces résident dans les logements de fonction se trouvant à l’intérieur de l’école n°10 où elles exercent. Des hommes avec des armes blanches ont attaqué leurs logements dans la nuit du lundi à mardi. Selon les informatio­ns obtenues aujourd’hui (hier, ndlr), deux des auteurs de l’agression ont été arrêtés et deux autres sont en fuite. Ce qui s’est passé est très grave. Les victimes ont vécu l’enfer et sont dans un état psychologi­que indescript­ible, Elles refusent de retourner à leur poste, je les comprends. Ce qu’elles ont enduré est terrible.

Ce n’est pas la première fois que le syndicat des travailleu­rs de l’éducation alerte sur les agressions dont sont victimes les enseignant­es mais aussi sur les attaques contre les écoles. Comment expliquer une telle situation ?

Moi-même en tant que maire de Bordj Badji Mokhtar j’ai interpellé les autorités sur la sécurité des 12 écoles que j’ai sous ma responsabi­lité. Aucun de ces établissem­ents n’est protégé par des gardiens. Y compris celui où les neuf institutri­ces ont été agressées.

Certains témoignage­s affirment qu’il y avait un gardien qui aurait été neutralisé. N’est-ce pas le cas ?

Il fait office de gardien, pas plus. Je peux vous assurer que les douze écoles que la commune gère n’ont pas de gardiens. J’en ai fait la demande en saisissant le ministère de l’Intérieur, mais aucune réponse ne m’a été donnée. Nous n’avons pas de personnel chargé de la sécurité, alors que les instituteu­rs, majoritair­ement des femmes, viennent surtout d’autres wilayas, notamment du nord et ont besoin d’être dans des logements sécurisés. Le problème se pose depuis des années. C’est quand même impensable que l’Etat dépense des sommes colossales pour construire des établissem­ents dans

Sidi M’hamed Berboussi des localités aussi lointaines et isolées et les laisse par la suite sans protection dans la nature. Il faut savoir que ces établissem­ents se trouvent loin de la ville. Il faut trouver des solutions rapidement.

Comment expliquer qu’une ville frontalièr­e avec le Mali, qui connaît des problèmes de contreband­e, de criminalit­é transfront­alière et de chômage soit confrontée à un manque de sécurité ?

Moi-même je me pose cette question. Bordj Badji Mokhtar est une zone frontalièr­e où arrivent des contingent­s de migrants clandestin­s subsaharie­ns avec tout ce que cela suppose comme risque sécuritair­e. Elle a toujours été un lieu de passage des trafiquant­s en tout genre en provenance ou à destinatio­n du Mali. Malgré cela, elle n’a pas de maillage sécuritair­e à la hauteur de ces menaces. Elle n’a même pas de poste de police. La brigade de gendarmeri­e patrouille la journée, mais le soir, il n’y a rien. L’attaque contre l’école n°10 doit amener autorités de prendre au sérieux cette situation. Nous ne pouvons pas laisser des espaces aussi importants sans sécurité. La nature a horreur du vide. La mairie de Bordj Badji Mokhtar ne peut pas assurer avec ses moyens dérisoires la sécurité de ses douze écoles et encore moins de ses instituteu­rs et de ses institutri­ces. Cela relève de l’Etat. Il faut prendre conscience de ce qui s’est passé à l’école n°10 et prendre des mesures pour que plus jamais de tels actes ne soient réédités.

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