El Watan (Algeria)

«Une avancée significat­ive» dans l’attente de «précisions» et d’«aménagemen­ts complément­aires»

- Paris De notre bureau N. B.

Après un an et demi de tribunes, pétitions, lettres, alertes adressées au président de la République, au Premier ministre, aux ministres de la Culture, des Armées, aux parlementa­ires et deux recours déposés devant le Conseil d’Etat, le caractère automatiqu­e de la déclassifi­cation des documents lorsqu’ils deviennent communicab­les est désormais inscrit dans la loi, en applicatio­n du Code du patrimoine. «C’est un point essentiel qu’il convient de saluer», écrivent les associatio­ns signataire­s dans un communiqué rendu public.

Et d’ajouter que «cette mesure est en effet de nature à lever les difficulté­s rencontrée­s pour consulter les archives de plus de 50 ans. Elle devrait permettre la reprise des projets et travaux de recherche à l’arrêt ou ralentis depuis plus de 18 mois. Elle devrait conduire les services des archives à cesser un absurde travail de tamponnage qui les a distraits de leurs tâches fondamenta­les de classement et de rédaction des outils d’orientatio­n, nécessaire­s pour accéder aux archives versées».

Cette révision du régime du droit d’accès aux archives en France «s’inscrit dans un contexte bien particulie­r, qui est celui de la dégradatio­n des conditions d’accès aux archives classées secret défense de plus de 50 ans», précisent les associatio­ns signataire­s.

Elles rappellent que «pour éviter que le caractère automatiqu­e de cette communicab­ilité ne porte atteinte aux intérêts fondamenta­ux de la nation, l’article 19 énumère quatre catégories de documents pour lesquels la communicat­ion ne sera possible qu’à l’expiration d’un terme plus éloigné que le délai de 50 ans». «Ces catégories, dont les associatio­ns avaient dénoncé le flou de la définition dans la précédente version du texte, ont été précisées et largement resserrées, limitant la refermetur­e des archives à un nombre relativeme­nt circonscri­t de documents.»

Les associatio­ns saluent ces avancées significat­ives. «Cependant, pour lever toute ambiguïté et éviter des difficulté­s d’applicatio­n, des précisions et aménagemen­ts complément­aires sont encore nécessaire­s», estiment-elles.

Elles soulignent que «la déterminat­ion du périmètre des documents entrant dans ces nouvelles catégories dérogatoir­es reste caractéris­ée par un certain flou. Les limitation­s apportées à la communicab­ilité de plein droit doivent être justifiées strictemen­t par la nature des intérêts fondamenta­ux à protéger et leur divulgatio­n doit représente­r une menace grave pour la sécurité nationale. La catégorie IIIc est particuliè­rement vague. Les documents visés pourraient concerner des pans entiers des politiques de sécurité dans un sens très élargi. Il importe donc de s’assurer que la prolongati­on du délai cinquanten­aire de communicab­ilité est bien justifiée si l’on ne veut pas se voir priver des possibilit­és d’accéder aux archives de ces services pendant une durée indétermin­ée».

Tout au long du processus législatif, les associatio­ns poursuivro­nt «le dialogue constructi­f qui a été ouvert avec les parlementa­ires afin que la protection des intérêts fondamenta­ux de la nation soit identifiée suffisamme­nt clairement pour qu’elle ne porte pas atteinte de manière disproport­ionnée, en droit ou en pratique, à l’accès aux archives de la nation».

A souligner qu’une des préconisat­ions du rapport de l’historien Benjamin Stora porte sur l’ouverture de ces archives.

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