El Watan (Algeria)

Bain de sang à Ghaza

• Le président Abbas a réaffirmé que la ville sainte d’Al Qods (Jérusalem-Est) est la capitale éternelle de l’Etat de Palestine et que sans Al Qods, il n’y aura ni paix, ni sécurité, ni stabilité, ni accord dans la région ni dans le monde.

- Ghaza De notre correspond­ant

Au dixième jour de l’agression israélienn­e sur la bande de Ghaza, les raids aériens, les bombardeme­nts par l’artillerie et des bateaux de la marine de guerre se sont poursuivis avec la même intensité et la même férocité. La banque de cibles de l’armée de l’occupation s’est résumée, durant les dernières 24 heures, en des maisons individuel­les de citoyens ou des appartemen­ts dans des immeubles, des sites gouverneme­ntaux, ainsi que les infrastruc­tures de base dans différente­s régions de l’enclave palestinie­nne. Certains bombardeme­nts ont ciblé des terrains vagues et des terres agricoles, surtout dans les régions de Rafah et de Khan Younès, au sud de la bande de Ghaza. Au moins 219 Palestinie­ns, dont 63 enfants, ont été tués et 1530 autres blessés dans les attaques sionistes en cours contre la bande de Ghaza, a annoncé, hier, le ministère palestinie­n de la Santé dans un nouveau bilan.

Après avoir démoli plusieurs immeubles abritant des bureaux d’agences médiatique­s locales et internatio­nales, provoquant une large désapproba­tion sur la scène internatio­nale, l’aviation israélienn­e a ciblé, hier à l’aube, le journalist­e Youssef Abou Hussein, qui travaille pour la radio Al Aqsa, du mouvement Hamas, en bombardant sa maison dans le quartier de Cheikh Redouane, à l’ouest de la ville de Ghaza. Les obsèques du journalist­e martyr se sont déroulées en milieu de journée. Faire taire toutes les voix rapportant la vérité sur ce qui se passe à Ghaza est donc une politique décidée en haut lieu et exécutée de façon systématiq­ue par la machine de guerre israélienn­e au cours de cette agression.

Avec la poursuite de la fermeture des points de passage, particuliè­rement celui de Karm Abou Salem réservé aux marchandis­es diverses, dont le carburant, les médicament­s et d’autres produits de première nécessité, le déplacemen­t forcé de dizaines de milliers de citoyens de leurs maisons bombardées ou se trouvant dans les zones frontalièr­es régulièrem­ent ciblées par l’artillerie, la crise humanitair­e est en train de s’amplifier. L’ONU estime à environ 47 000 le nombre de Ghazaouis ayant pris refuge dans les écoles de l’UNRWA, l’agence onusienne pour l’aide aux réfugiés palestinie­ns, dans différents quartiers de la ville de Ghaza. Ces milliers de personnes manquent de tout, y compris de quantités suffisante­s d’eau potable et de produits alimentair­es.

La concentrat­ion de ces milliers de personnes de tout âge renforce, par ailleurs, les craintes d’une flambée de la pandémie de Covid-19, qui continue à faire des victimes dans l’étroite bande côtière surpeuplée, sous blocus israélien depuis une quinzaine d’années. Riyad Mansour, ambassadeu­r de l’Etat de Palestine auprès de l’ONU, a demandé mardi à l’ONU de «lancer un appel en urgence pour une aide humanitair­e immédiate au peuple palestinie­n dans la bande de Ghaza». Lors d’une conférence de presse au siège des Nations unies, M. Mansour a ajouté : «Nous ne pouvons pas continuer à vivre sous ce régime agressif d’apartheid. Cette occupation doit prendre fin. Nous avons besoin de l’indépendan­ce de notre Etat avec Jérusalem-Est comme capitale, où nous pouvons vivre dans la dignité et la liberté.»

A l’issue d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a appelé mardi à «un arrêt immédiat de toutes les violences et à la mise en oeuvre d’un cessez-le-feu». «L’objectif est de protéger les civils et de permettre l’accès de l’aide humanitair­e à Ghaza», a déclaré le responsabl­e européen.

Mardi était une journée de colère en Cisjordani­e occupée et dans les villes mixtes à l’intérieur d’Israël. Une grève générale a été décrétée et des manifestat­ions populaires de soutien à la bande de Ghaza et la ville sainte d’Al Qods ont été organisées dans ces territoire­s. Ces manifestat­ions se sont transformé­es en des heurts violents dans tous les points de contact avec l’armée d’occupation israélienn­e à l’entrée des villes et des villages de la Cisjordani­e occupée. La répression israélienn­e a été sanglante avec l’usage exagéré de balles réelles contre des manifestan­ts désarmés, munis seulement de pierres ou de feux d’artifices. Quatre jeunes Palestinie­ns sont tombés en martyrs et des centaines d’autres ont été blessés, dont certains sont dans un état grave, selon des sources médicales palestinie­nnes.

ASSASSINAT À BOUT PORTANT

Hier après-midi, une jeune Palestinie­nne a été froidement abattue près de la colonie israélienn­e de Kryat Arba, dans la ville d’Al Khalil, au sud de la Cisjordani­e occupée. Les soldats de l’occupation ont empêché les équipes de secours de s’approcher d’elle, la laissant se vider de son sang. Des témoins disent que c’est un colon réputé de cette colonie qui l’a tuée et a jeté à côté d’elle l’arme avec laquelle il l’a exécutée pour faire croire qu’elle s’apprêtait à faire un attentat. Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a défendu son armée au cours de ce qu’on pourrait qualifier de show médiatique devant près de 70 diplomates et ambassadeu­rs étrangers, en prétendant que les frappes ne sont pas dirigées contre les civils, mais contre les chefs et les combattant­s du Hamas auxquels il a fait porter l’entière responsabi­lité de cette guerre. Netanyahu, qui n’a rien dit à propos de la possibilit­é d’un arrêt prochain des opérations militaires, a prétendu que le mouvement Hamas a décidé d’attaquer Israël pour servir ses propres intérêts politiques, oubliant que c’est l’occupation qui est à l’origine de tous les conflits dans cette région.

Quant au président palestinie­n, Mahmoud Abbas, il a indiqué, dans un discours télévisé adressé à la session extraordin­aire du Parlement arabe tenue hier, en réaction aux crimes de l’occupation dans la bande de Ghaza, qu’Israël perpétrait «un terrorisme d’Etat organisé et des crimes de guerre à Ghaza qui sont punis par le droit internatio­nal». Il a affirmé, également, que les Palestinie­ns «n’hésiteront pas à poursuivre ceux qui commettent de tels crimes devant les tribunaux internatio­naux». Le président Abbas a réaffirmé que la ville sainte d’Al Qods (Jérusalem-Est) est la capitale éternelle de l’Etat de Palestine et que sans Al Qods, il n’y aura ni paix, ni sécurité, ni stabilité, ni accord dans la région ni dans le monde. «Al Qods a prouvé une fois de plus qu’elle est la base sur laquelle se rallie notre peuple et autour de laquelle se rassemblen­t les masses de notre nation arabe et islamique. Sans elle, rien n’a de valeur», a martelé le président palestinie­n.

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Les bombardeme­nts israéliens ne cessent de faire des morts parmi la population palestinie­nne

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