El Watan (Algeria)

Un autre vendredi sans hirak à Constantin­e

- S. Arslan

Vendredi 21 mai au quartier du Coudiat, à Constantin­e. Il était à peine 10h quand le fourgon bleu de la police a pris place devant le portail de la mosquée El Istiqlal, sur le boulevard de la Liberté. Il fait partie du dispositif sécuritair­e mis en place chaque week-end en prévision de la marche, même si certains engins sont parqués de manière permanente durant les jours de la semaine. C’est le cas pour la place Amirouche et celle des Martyrs. Dans cette dernière, un camion équipé de canons à eau était prêt à toute interventi­on.

Hier, les images des arrestatio­ns de vendredi dernier étaient encore présentes dans les esprits, surtout dans les rangs des figures les plus connues, notamment les universita­ires. Sur le parcours traditionn­el du hirak, il y avait plus de policiers en uniforme ou en civil que de passants. Vers midi, un climat de tension régnait déjà à la place des Martyrs. Au square Bachir Bennacer, situé juste en face, et connu pour être un lieu de rassemblem­ent pour les hirakistes avant la prière du vendredi, des policiers patrouilla­ient à pied au milieu des randonneur­s et autres personnes qui occupaient les bancs publics.

A la rue Larbi Ben M’hidi, où se trouve la mosquée Djamaâ El Kebir, l’un des points de départ de la marche, la présence policière était bien remarquabl­e. Un véhicule a même été garé à l’entrée de la rue Kadid Salah, dans le quartier de R’cif, alors que des policiers faisaient la ronde dans les rues d’Essayada, Sidi Bouannaba, Casanova et autres artères de la vieille ville. Les autorités semblaient décidées à ne rien laisser au hasard. «Après les arrestatio­ns de vendredi dernier où des animateurs du hirak ont été conduits vers les commissari­ats de la ville, on appréhende toujours que de nouvelles arrestatio­ns soient opérées ; nous avons décidé de ne pas marcher, en attendant ce que les prochains jours pourront apporter, mais soyez sûrs, le hirak se poursuivra sur les réseaux sociaux, comme il l’a fait durant la pandémie», nous a confié Ryadh, un habitué des marches du vendredi. Cette situation d’interdicti­on officieuse du hirak s’est confirmée lors d’une tournée que nous avons effectuée en ville à 13h45, heure du début de la marche. Entre la place Amirouche et Bab El Kantara, en passant par la place des Martyrs, les boulevards Boudjeriou et Belouizdad, c’est la même topographi­e. Un centre-ville presque désert et une circulatio­n automobile réduite à cause de la chaleur qui régnait. Une ambiance assez particuliè­re quand même au vu de l’animation que le hirak provoquait chaque vendredi et qui n’a pas connu de fléchissem­ent même durant les week-ends du mois de Ramadhan. Hier vers 15h, aucune informatio­n n’a circulé sur d’éventuelle­s arrestatio­ns, en attendant ce que les prochains jours vont révéler pour ce mouvement populaire qui continue de faire de la résistance.

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