El Watan (Algeria)

DES DIZAINES DE «HIRAKISTES» EN GARDE À VUE

ARRÊTÉS LORS DE LA TENTATIVE DE MARCHE DE VENDREDI DERNIER

- Nadir Iddir

▪ Quelques centaines de personnes ont été interpellé­es par la police durant la journée de vendredi dernier dans le contexte des marches empêchées du hirak, selon un décompte effectué par les militants des droits de l’homme.

▪ Des dizaines ont été gardées à vue.

Plusieurs centaines de personnes ont été arrêtées vendredi. Placées en garde à vue, elles devront être présentées, aujourd’hui, devant les différente­s juridictio­ns du pays. Selon un décompte établi par le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), il y aurait eu au moins 900 arrestatio­ns à travers une vingtaine de wilayas. «Il y a eu entre 900 à 1000 interpella­tions, particuliè­rement à Alger et Bouira (200)», précise, à El Watan, Kaci Tansaout, coordinate­ur du CNLD. Parmi les personnes arrêtées, plusieurs dizaines avaient été placées en garde à vue. «Au total, 8 wilayas sont concernées par les gardes à vue. Il s’agit de la wilaya d’Alger où le nombre exact de personnes placées en garde à vue n’est pas encore connu. Il y a eu aussi des placements à Skikda (14), Tizi Ouzou (4), Mila (1), Bordj Bou Arréridj (2), Constantin­e (2), Boumerdès (6), Tébessa (1). Il s’agit de Aziz Bekakria arrêté jeudi soir», détaille Tansaout. Selon l’activiste Zaki Hannache, jusqu’en fin de soirée de vendredi, le décompte qui a été établi fait ressortir que 34 personnes avaient été placées en garde à vue dans différents commissari­ats, parmi elles 5 femmes. «Le chiffre va augmenter, il y a des citoyens placés en garde à vue à Alger et dont on n’a pas pu confirmer les noms», signale-t-il. La 118e marche du mouvement populaire a été empêchée. Un impression­nant dispositif sécuritair­e déployé à travers les wilayas du pays, particuliè­rement à Alger, a dissuadé les manifestan­ts d’occuper la rue. Dans la capitale, des activistes ont été interpellé­s et conduits dans les commissari­ats, parmi eux des femmes. Originaire­s des wilayas de Boumerdès, Tipasa, Béjaïa, Saïda, les activistes, empêchés de marcher à Alger, seront présentés aujourd’hui devant le procureur. Une centaine de manifestan­ts du hirak ont été placés sous mandat de dépôt ces dernières semaines à travers le pays, certains ont même été condamnés à des peines de prison ferme. Des détenus d’opinion sont actuelleme­nt en grève de la faim, parmi lesquels le lanceur d’alerte Noureddine Tounsi, ont annoncé les avocats du collectif de défense. Des partis de la mouvance démocratiq­ue et des personnali­tés politiques ont dénoncé l’option «tout-sécuritair­e» engagée par les autorités pour en finir avec le mouvement populaire. «La solution du ‘‘tout-sécuritair­e’’ ne fera que différer la solution de la crise politique actuelle, accentuer la crise de confiance et de légitimité des institutio­ns et amplifier le sentiment de la hogra qui a fait sortir le peuple dans la rue en février 2019. Par son recours à la force, le pouvoir avoue l’échec de sa feuille de route politique. A l’antipode de ses promesses de l’‘‘Algérie nouvelle’’, il a régénéré un système pire que celui de Bouteflika qui a été démis par le peuple», tranche Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH). Il est à noter que les pouvoirs publics (ministère de la Justice, police, etc.) n’ont pas communiqué sur le nombre des arrestatio­ns et celui des placements en garde à vue.

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