Difficiles épreuves sur toute la ligne
Aujourd’hui, la majorité des élèves des trois paliers sont appelés à composer pour le dernier trimestre. Un rendez-vous pédagogique organisé sur fond de protestation et de boycott.
En effet, près de 10 millions d’élèves devront passer les examens du dernier trimestre, dont le baccalauréat blanc. Un événement pédagogique tenu au moment où plusieurs milliers d’enseignants et de fonctionnaires de l’éducation sont en grève et annoncent le boycott des procédures administratives liées à la fin de l’année. Les syndicats, 14 au total, qui ont adopté cette démarche, reprochent à la tutelle l’absence de volonté sincère de répondre positivement à leurs multiples revendications, essentiellement celles en relation avec la protection du pouvoir d’achat et le droit à la retraite sans condition d’âge. «Nous revendiquons le minimum de sincérité dans le dialogue. Chose malheureusement non trouvée chez notre tutelle. En l’absence de cette volonté sincère de prendre en charge nos revendications, nous avons décidé, nous les proviseurs de lycée, de boycotter toutes les opérations liées à la clôture de l’année scolaire. Nous boycottons également la préparation des examens officiels», déclare Ahmed Fettoum, coordinateur national du Conseil national autonome des directeurs de lycée. Il souligne que le boycott du baccalauréat est déjà effectif dans plusieurs wilayas, telles que Annaba où les proviseurs n’ont pas répondu à l’invitation du directeur de l’éducation ni du wali. Pour notre syndicaliste, le boycott ne concerne pas les compositions. «Nous ne voulons pas retenir les élèves. Toutefois nous nous abstenons de tenir les conseils des classes et d’établir les bulletins», ajoute-t-il.
Quel impact auront ces actions sur les élèves ? Missoum Abdelkader, pédagogue, formateur à l’Institut national de formation du personnel de l’éducation et coordinateur des écoles associées à l’Unesco, reste pessimiste. «Cette année scolaire est caractérisée par la Covid-19, un démarrage tardif des cours, des perturbations des grèves cycliques diverses et l’absence de communication au niveau de la tutelle. Les élèves, leurs parents et les enseignants sérieux sont complètement désorientés. Les examens de fin d’année se préparent dans un climat scolaire démotivant. De plus, le marasme ambiant dans le secteur de l’éducation ne favorise pas les apprentissages. Beaucoup d’élèves sont livrés à eux-mêmes ou handicapés par le recours aux moyens du bachotage et du dressage des cours particuliers aliénants. Dans un tel climat, peut-on s’attendre à plus de chances de réussite ?» s’interroge notre interlocuteur, qui souligne que cette scolarité perturbée ne favorise pas les apprentissages structurés. Pour lui, les taux limités de réussite aux examens de fin d’année ne peuvent plus continuer à «maquiller» les lacunes de ces apprentissages. En plus des lamentations sur ce qui est communément désigné sous le vocable du «niveau», notre pédagogue considère que les effets pervers du système éducatif et de l’évaluation sont visibles par le taux très élevé de redoublement en début de cycle universitaire. «Peut-on continuer à cacher le soleil avec un tamis ? Il est temps que cela cesse pour donner la chance à toutes ces personnes sérieuses, élèves et enseignants, qui font tout pour réussir et être au rendez-vous lors de ces examens de fin d’année», conclut M. Missoum. Il est à savoir que les syndicats tiendront un sit-in ce mercredi devant l’annexe du ministère de l’Education nationale au Ruisseau, à Alger. Ceci au moment où le Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l’éducation (Cnapest) a annoncé le report de toute protestation ou mouvement de grève jusqu’au lancement de la prochaine rentrée scolaire.