L’élection s’annonce houleuse
● Des dérives éthiques et déontologiques entachent le scrutin.
L’élection pour le renouvellement de moitié des Conseils de l’Ordre des médecins chirurgiens-dentistes et pharmaciens, prévue pour jeudi prochain, le 27 mai, s’annonce houleuse. L’opération, qui a débuté dans les différentes wilayas où il y a eu des votes par correspondance, affiche déjà la couleur. Des irrégularités et des manquements aux principes d’éthique et de la déontologie ont été dénoncés par les représentants des Ordres. «Ce n’est que le renouvellement de la moitié de ces Conseils et on enregistre de tels comportements condamnables et qui n’honorent pas la profession médicale. Qu’en sera-t-il pour le reste», s’indigne un membre du Conseil d’éthique et de déontologie. Il signale que dans certains régions du pays qui ont commencé le vote par correspondance «il y a eu une fraude massive de ces élections avec un bourrage des urnes. C’est honteux que cela arrive au sein de la corporation médicale». D’ailleurs, l’Association nationale des praticiens hospitalo-universitaires (ANPHU) déclare, dans un communiqué rendu public hier, qu’à l’approche du renouvellement de moitié des Conseils de l’Ordre des médecins, chirurgiens-dentistes et pharmaciens, l’ANPHU «constate avec amertume des dérives éthiques, déontologiques et réglementaires portant atteinte à ce qui est censé être défendu ou respecté : le code de déontologie médicale», et de s’incliner à la mémoire des martyrs du devoir emportés par la pandémie, tous secteurs confondus, et d’appeler à plus de vigilance face à cette pandémie persistante de coronavirus. L’ANPHU a tenu à préciser que dans ses statuts l’objectif est de diffuser et vulgariser les principes éthiques et déontologiques au sein des professionnels de la santé. «L’ANPHU renferme en son sein des membres qui ne prétendent à aucune promotion électorale ou nominative à un poste supérieur. Cependant, depuis ces dernières années, nous constatons que le clientélisme et le populisme constituent des credo pour lesquels même la mobilisation contre la pandémie de Covid-19 n’a pas empêché certaines ardeurs afin d’arriver à des fins inavouées», précise la même source. Et de dénoncer : «A la veille du renouvellement des sections ordinales, les seules bribes d’informations qui nous parviennent sont celles des élus potentiels qui promettent une vie meilleure aux cotisants de l’Ordre. Au lieu d’être transparent en publiant les noms des médecins (connus pour leur probité) membres des commissions électorales de candidature, de dépouillement et de recours, certains diffusent plutôt les photos des membres pour lesquels ils vous suggèrent de voter !» L’ANPHU s’indigne contre ces pratiques et de s’interroger : «La déontologie médicale autorise-t-elle cette publicité sur les réseaux sociaux ?» «Une campagne électorale pour quel dessein et qui s’arrêtera quand ? Où sont les comités d’éthique ou de régulation ou du code électoral qui devaient veiller au respect de cette déontologie pour laquelle nous allons voter ? Sommes-nous en train d’accéder à un terrain de non-droit où tous les coups sont permis pour ce soi-disant renouveau médical ?» Ainsi, l’ANPHU appelle la commission électorale, «si elle existe, de revenir aux textes fondateurs, notamment l’arrêté du 13 octobre 1992 définissant les conditions et les modalités d’organisation et de déroulement des élections des premiers Conseils régionaux et national de déontologie médicale, dans ses alinéas 2 et 3 de l’ article 19, pour espérer entreprendre toute initiative de renouveau». Et à l’Association d’espérer que «les nouveaux-anciens élus des Conseils de l’Ordre ne subissent pas les ingérences syndicales, politiques ou administratives, au contraire ils doivent être les garants de l’équité et de l’indépendance du corps médical». Et d’ajouter : «Puissent ces Conseils de l’Ordre apporter l’espoir de justice et démasquer les imposteurs et profiteurs à tous les échelons au détriment des patients et de la formation en sciences médicales.» Et de s’atteler à plus de communication sur leurs activités et veilleront au respect du code de déontologie, de l’éthique professionnelle et de la loi sur la santé. «Il ne faut pas continuer à attendre les administrations centrales des ministères de la Santé, de l’Enseignement supérieur et du Travail et des Affaires sociales pour rappeler l’égalité des chances aux concours et promotions de grade, qui doivent se faire dans la transparence, et la prise en charge des patients dans les meilleures conditions», conclut le communiqué.