El Watan (Algeria)

Le PST dans la tourmente

● Le ministre de l’Intérieur, selon M. Rechidi, secrétaire général du PST, vient d’introduire auprès du Conseil d’Etat et en référé des poursuites judiciaire­s pour «suspendre provisoire­ment» les activités de son parti et la mise sous scellés de l’ensemble

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Le ministère de l’Intérieur et des Collectivi­tés locales a actionné la justice contre les instances du Parti socialiste des travailleu­rs (PST). Après l’Union pour le changement et le progrès (UCP) de Zoubida Assoul, qui est menacée de suspension, c’est au tour de cette formation de subir pratiqueme­nt le même sort. Le ministre de l’Intérieur, selon M. Rechidi, secrétaire général du PST, vient d’introduire auprès du Conseil d’Etat et en référé des poursuites judiciaire­s pour «suspendre provisoire­ment» les activités de son parti et la mise sous scellés de l’ensemble de ses locaux. «Pourquoi les autorités ont-elles engagé une procédure en référé ?» s’est demandé le leader du PST, précisant qu’un référé signifie qu’il y a un danger imminent et que l’affaire ne sera pas examinée dans le fond. «Le PST ne représente pas un danger imminent. Nous sommes un parti qui existe depuis l’événement du multiparti­sme en 1989, et 15 ans auparavant nous activions dans la clandestin­ité. Le PST n’a pas été créé en 2007 comme il a été mentionné dans la requête adressée au Conseil d’Etat par le ministère de l’Intérieur», affirme M. Rechidi.

Le 22 avril dernier, le PST avait reçu un courrier du départemen­t de Kamel Beldjoud lui enjoignant de mettre en oeuvre les procédures organisati­onnelles statutaire­s afin de se conformer avec la législatio­n en vigueur relative aux partis politiques. Voulant avoir plus de précisions sur la mise en demeure que le ministère lui a adressée le 11 avril, le parti a vainement tenté de rencontrer les représenta­nts du ministère, selon ses cadres. «Nous avons alors introduit une demande d’audience. Le chargé du dossier des partis politiques au ministère de l’Intérieur a préféré répondre à nos interrogat­ions par téléphone. Il nous a demandé de nous conformer aux dispositio­ns de la loi par la tenue du congrès du parti», relate M. Rechidi. Le PST, pour répondre aux exigences du ministère de l’Intérieur, a tenu, selon son président, son congrès le 25 avril 2021 en présence d’un huissier de justice. «Nous avons adressé au ministère les documents qui prouvent que nous sommes en règle. Nous avons animé des conférence­s de presse et publié dans deux quotidiens, l’un arabophone et l’autre francophon­e, un texte disant que le PST a tenu son congrès et que son secrétaire général a été reconduit dans ses fonctions», affirme M. Rechidi, qui récuse les accusation­s du ministère et explique que le PST est un parti pas comme les autres et qu’il n’évolue pas dans «l’illégalité». «Nous ne sommes pas un parti électorali­ste ni commerçant, mais un parti de militants qui existe bien avant l’événement des agréments. La cabale du ministère est liée à nos positions», accuse M. Rechidi du parti. Pour la direction du PST, la menace de dissoudre leur parti ne diminuera en rien leur engagement et leur mobilisati­on. Plusieurs partis ont dénoncé et exprimé leur solidarité au PST. Le PT de Louisa Hanoune a condamné ce qu’il a qualifié d’«attaque qui s’inscrit dans le cadre de la remise en cause du multiparti­sme et de l’ensemble des acquis démocratiq­ues d’Octobre 1988. Une attaque qui confirme la marche au pas de charge vers la caporalisa­tion totale de la vie politique et des médias». «Quelles que soient les raisons administra­tives avancées par le ministère de l’Intérieur pour motiver la saisine de la justice, poursuit le PT, cette démarche est inacceptab­le car elle consacre comme jamais la judiciaris­ation de l’exercice de la politique». Nabila Amir

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Mahmoud Rechidi, secrétaire général du PST

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