El Watan (Algeria)

Les Nations unies appellent à régler les «causes profondes» du conflit

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Après les traumatism­es de la quatrième guerre entre le Hamas et Israël, l’Organisati­on des Nations unies (ONU) a appelé hier à une reconstruc­tion à long terme de la bande de Ghaza, rapporte l’AFP. A l’heure où les services publics de la bande de Ghaza ramassent les gravats, que les commerçant­s dont les boutiques ont été soufflées par les bombardeme­nts évaluent leurs pertes, mais aussi que la vie tente de prendre un semblant de normalité, une mission de l’ONU sonde l’enclave palestinie­nne pour chiffrer les dommages de 11 jours de conflit avec Israël.

Cette nouvelle guerre a tué 248 personnes dans l’enclave palestinie­nne, dont 66 enfants et des combattant­s, selon les autorités locales. En Israël, les tirs de roquettes de Ghaza ont fait 12 morts, dont un enfant, une adolescent­e et un soldat, d’après la police. Mais au-delà du millier d’appartemen­ts détruits, des routes crevassées ici et là, des dommages à court terme aux infrastruc­tures de traitement de l’eau, c’est toute la question des traumatism­es psychiques dus aux bombardeme­nts et du futur de la bande de Ghaza, et de la Palestine en général qui surgit. «Nous ne devons pas simplement nous placer dans une approche de reconstruc­tion (...) car cela revient à Sisyphe : vous construise­z, vous détruisez, vous reconstrui­sez, vous détruisez. Nous devons avoir une approche plus large centrée sur le développem­ent humain», a estimé le chef de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestinie­ns, Philippe Lazzarini. «Ce qui veut donc dire que cela doit être accompagné d’un vrai processus politique», ajoute-t-il, soulignant la nécessité d’éviter une «normalité artificiel­le» à Ghaza, où les deux millions d’habitants, et en particulie­r les jeunes, seraient dépendants de l’aide, sans futur, «jusqu’à la prochaine éruption de violences». D’où l’importance de traiter les «causes profondes» du conflit israélopal­estinien, ce qui signifie par exemple l’importance de la levée, par Israël, du blocus imposé depuis 2007 à ce territoire palestinie­n, mais aussi de donner «un sens du futur». «Il y a peut-être eu moins» (de maisons détruites que pendant la guerre de 2014)», a indiqué la Coordinatr­ice de l’aide humaine pour les Territoire­s palestinie­ns, Lynn Hastings, dont les services chiffrent pour l’heure à un millier le nombre de commerces ou résidences «complèteme­nt détruits». Mais «une chose que j’ai entendue est que la population de Ghaza est plus traumatisé­e que jamais (...) plusieurs personnes sans espoir» et cela «doit vraiment

être pris en considérat­ion», a-t-elle ajouté.

SOLUTION À DEUX ÉTATS

De son côté, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, est attendu dans la région dans les prochains jours. «Le président (Joe) Biden est très clair : il reste attaché à une solution à deux Etats», a déclaré hier le secrétaire d’Etat américain sur la chaîne ABC. «En fin de compte, c’est la seule façon d’assurer l’avenir d’Israël comme Etat juif et démocratiq­ue, et c’est la seule façon de donner aux Palestinie­ns l’Etat auquel ils ont droit.» Et d’ajouter : «Il est vital que les Palestinie­ns aient de l’espoir et des opportunit­és, et qu’ils puissent vivre en paix et en sécurité, de la même façon que c’est important pour les Israéliens», soulignant que Palestinie­ns et Israéliens devraient pouvoir vivre «à un niveau égal de sécurité, de paix et de dignité». Il a noté qu’il est trop tôt pour relancer des négociatio­ns pour une solution à deux Etats, le plus urgent étant d’envoyer de l’assistance internatio­nale à la population de Ghaza et de reconstrui­re. La solution à deux Etats, fondée sur l’idée d’Israël et d’un Etat palestinie­n vivant pacifiquem­ent côte à côte, est un virage de la diplomatie américaine après l’administra­tion républicai­ne de Donald Trump, qui a coupé toute aide à l’autorité palestinie­nne en apportant un soutien marqué au Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. L’idée est de passer à des actions «plus positives», a-t-il poursuivi. «Il faut trouver un moyen de rompre le cycle» de violences. Interrogé sur ABC sur la façon dont l’administra­tion Biden allait s’assurer que l’aide internatio­nale parvienne à la population de Ghaza et ne soit pas utilisée pour réarmer le Hamas, qui a tiré plus de 3000 roquettes sur Israël, A. Blinken s’est montré confiant. «Nous avons coopéré dans le passé, et nous continuons à le faire, avec des organisati­ons indépendan­tes qui peuvent aider à la reconstruc­tion et au développem­ent, pas des entités quasi gouverneme­ntales», a-t-il dit. «Le fait est que le Hamas n’a apporté que destructio­n au peuple Palestinie­n». Il a signifié que ses interlocut­eurs palestinie­ns seraient les responsabl­es de l’Autorité palestinie­nne qui contrôlent la Cisjordani­e, mais pas Ghaza. «Le vrai défi ici, c’est d’aider les Palestinie­ns, et plus particuliè­rement l’Autorité palestinie­nne, à être plus productive pour sa population, et bien sûr, Israël a un grand rôle à jouer là aussi.»

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