El Watan (Algeria)

«Notre activité a été sérieuseme­nt touchée»

- Propos recueillis par Kamel Benelkadi K. B.

Peut-on avoir un aperçu général sur l’état du marché immobilier ?

On parle en général de stagnation, il y a incontesta­blement moins de transactio­ns immobilièr­es. On sort non seulement de la période de la Covid-19, mais aussi d’une année de hirak intense où c’était le brouillard total, les gens n’investissa­ient pas, parce qu’ils ne voyaient pas clairement l’avenir. Personne ne savait comment s’y prendre et à quoi cela allait aboutir, on commençait à revenir à une vie plus ou moins normale en période estivale, même si, faut-il le rappeler, les vacances ont été décalées jusqu’aux mois d’août-septembre.

Il y a eu un problème d’aspect financier, pas de travail, certains ont consommé leurs réserves, il y a eu un manque de liquidités ; ce qui s’est réalisé comme transactio­ns, c’est à peu près la location, il y a des obligation­s (gens en fin de contrat obligés de quitter les lieux ou changer d’emplacemen­t), sur les petites ventes, il y a eu les F3 pas trop chers, la situation a profité aux opportunis­tes qui ont eu des occasions, mais cela ne reflète pas la situation globale du marché. Notre activité a été sérieuseme­nt touchée, plusieurs confrères ont baissé rideau. On peut avoir la températur­e chez les notaires, qui ont eu leur activité en berne à cause de l’absence de transactio­ns. Maintenant, cela reprend timidement, surtout avec ce qui a été distribué ici et là sous toutes les formes, en prenant le F3 comme repère, car c’est lui qui a la part du lion.

Il y a donc eu une reprise...

Je ne dirais pas qu’il y a reprise, mais ça commence à bouger un petit peu. On assiste à un frémisseme­nt du marché avec ce qui a été distribué comme logements à Alger, Constantin­e et les grandes villes, où il y a justement l’émergence des nouvelles villes. Quand on donne un appartemen­t à Sidi Abdellah, ça ne convient pas toujours aux concernés : ce n’est pas pratique du tout, c’est loin, moyens de transport insuffisan­ts, plus le facteur temps : il y a 1h30 de route à l’aller et idem au retour. Il y a des gens qui sont en train d’échanger, de vendre ou de louer ailleurs…

Comment voyez-vous l’avenir proche ? La situation va-t-elle se normaliser ou faudra-t-il davantage de temps ?

Normalemen­t, il faut du temps, l’Etat table sur 1 million de logements entre 2020-2024, les délais dans la forme ne sont pas respectés, mais ils le sont dans le fond.

Si la stabilité financière et économique du pays et surtout sanitaire est garantie, je verrais un avenir plus ou moins radieux. Il faut s’attendre à une stabilité des prix, mais on ne reviendra pas aux coûts d’avant, il y a la crise économique, il n’y a pas d’argent, de travail…

Si on prend l’exemple des grandes locations des sociétés nationales et étrangères, qui peuvent se permettre de louer à fort budget, il n’y a rien, on voit des villas à 350 000 et 400 000 DA rechuter à 200 000 DA et qui ne trouvent pas preneurs : c’est une crise sanitaire qui est devenue économique, ce n’est pas spécifique à l’Algérie.

Cela complique énormément la situation. Si on arrive à gérer cette crise, c’est déjà pas mal, qu’on n’a pas un désastre du point de vue humain, si l’économie s’effondre, ça va être très compliqué de redémarrer. Il y a l’adage qui dit que quand l’immobilier va, tout va ; pour le moment, je crois que c’est l’inverse, tout marche, sauf l’immobilier.

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Nordine Menaceri

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