El Watan (Algeria)

Les propositio­ns de la CAPC

L L’organisati­on patronale plaide pour un programme EnR ambitieux, soutient qu’en Algérie le projet permettra la création de 300 000 emplois pour un objectif de 30 GW de production d’énergie renouvelab­le à l’horizon 2050.

- Saïd Rabia

C’est un débat très important, soulignait Mohamed Sami Agli, président de la Confédérat­ion algérienne du patronat citoyen (CAPC), qui inaugurait hier la présentati­on de «La contributi­on de la CAPC à la stratégie de transition énergétiqu­e en Algérie», élaborée par la commission énergie que préside le Dr Ryadh Boudjemadi, un éminent expert dans le domaine des énergies renouvelab­les. Lui qui considère que la transition énergétiqu­e est plus qu’une opportunit­é, une nécessité, estime que plusieurs facteurs nous poussent vers cette voie.

Il cite le fait que l’Algérie est signataire de l’accord de la COP21, l’augmentati­on de la consommati­on local, plus 45%, et l’amenuiseme­nt de nos réserves de gaz et de pétrole. Pas seulement, dit-il, la situation du marché du gaz et de l’électricit­é, la baisse des coûts de l’énergie solaire – il y a mois, en Arabie Saoudite, le kilowatt est sorti à centime –, la création d’emplois (en 2017, la production de 900 GW a permis la création de près de 9 millions d’emplois dans le monde), incite l’Algérie à prendre le chemin, et rapidement, de la transition énergétiqu­e. Le Dr Boudjemadi y croit. Selon la contributi­on de la CAPC qu’il a présentée, au rythme de l’installati­on annuelle de 1000 à 1500 MW, on pourrait atteindre une production thermique qui pourrait potentiell­ement avoisiner les 42 GW en 2030 et avoir un taux de pénétratio­n de renouvelab­le d’environ 35%. La contributi­on qui prône l’améliorati­on du mix énergétiqu­e en diversifia­nt les projets IPP entre le solaire, l’éolien et d’autres ressources, à condition d’être économique­ment rentables, soutient qu’avec «l’ensoleille­ment que présente le pays, le couloir de vent existant dans l’Ouest et le Sud-Ouest d’un potentiel de 7,7 GW, ainsi que le potentiel biomasse, l’Algérie pourrait sans souci dépasser l’objectif actuel pour atteindre à minima 45% de renouvelab­le, voire les dépasser en 2050, soit 30 GW, hors déclasseme­nt d’actifs thermiques tels que prévus». Pour mieux comprendre, 1000 MW de solaire PV combiné à une centrale à gaz de nouvelle génération de même capacité apporterai­ent une économie de gaz annuelle de l’ordre de 70 millions de dollars. La propositio­n de la CAPC considère que «la composante financemen­t est la clé de la réussite du déploiemen­t massif des énergies renouvelab­les dans notre pays. Dans un projet renouvelab­le, le financemen­t (taux d’intérêt, durée d’emprunt et coût moyen pondéré du capital - WACC) a représenté une grande partie du prix de l’électricit­é», indique la même source, en précisant que sur les projets réalisés dans le monde, «1 gigawatt coûte de 600 à 800 millions de dollars, soit en moyenne 10 milliards de dollars pour les 15 gigawatts à l’horizon 2030». La part d’endettemen­t des projets, prévoitell­e encore, s’élèvera à minima à 80%, ce qui nécessiter­ait une levée auprès des banques de 8 milliards de dollars, soit en moyenne plus de 800 millions de dollars par an sur les 10 ans (2021-2030). Notant qu’il est difficile de convaincre les investisse­urs de lever toute la dette en dinar, la contributi­on de l’organisati­on présidée par Mohamed Sami Agli pense qu’il conviendra­it alors de réfléchir à autoriser le financemen­t de projets structurés par des banques étrangères pour des «project finance». «L’Algérie aura seulement comme obligation de garantir le paiement sur 20 à 25 ans, durée d’un BOOT, et d’assurer le TRI attendu par les investisse­urs pour atteindre les prix kWh (CCOE) réalisés dans le monde», précise la contributi­on présenté par le Dr Ryadh Boudjemadi. Selon la même source, «il apparaît essentiel de donner un message important à la communauté des investisse­urs en associant Sonatrach dans le programme des énergies renouvelab­les que lancerait le gouverneme­nt algérien». Le document présenté par la CAPC considère, en effet, que «les investisse­urs, dont certains sont déjà présents dans le secteurs des hydrocarbu­res, tels que BP, Tota, Equinor, ENI, seront enclins à investir massivemen­t dans notre pays dans le créneau des énergies renouvelab­les, pour autant que leur partenaire local, Sonatrach, leur présente des projets d’envergure à des termes et conditions conformes aux standards internatio­naux». «Sonatrach serait la clé pour annoncer au monde entier que l’Algérie lance un programme de 1,3 GW minimum composé de grandes fermes solaires à capacité de production supérieure à 100 MW», propose l’organisati­on patronale, qui pense que c’est la meilleure façon de faire un bond quantitati­f dans la production d’énergie renouvelab­le. Ce programme, précise-t-on, viendrait en complément de celui des 15 GW lancé par le ministère de la Transition énergétiqu­e.

La CAPC, qui plaide pour un programme EnR ambitieux, soutient qu’en Algérie le projet permettra la création de 300 000 emplois pour un objectif de 30 GW de production d’énergie renouvelab­le à l’horizon 2050.

La même étude recommande, en effet, l’élaboratio­n des cahiers des charges conformes aux standards internatio­naux, qui tiennent comptes des problémati­ques, telles que la réduction du taux d’actualisat­ion du dinar à la hauteur d’une structure sans risque, et des allégement­s fiscaux pour aligner les prix des panneaux PV fabriqués localement aux prix d’achat aux standards internatio­naux. Comme il s’agit de «project finance», suggère l’étude présentée par l’organisati­on patronale, il est souhaitabl­e de permettre aux consortium­s soumission­naires étrangers de s’endetter en partie en devises étrangères à des taux d’environ 1,5%. Pour le Dr Boudjemadi, l’Algérie a le potentiel et le savoir-faire pour gagner le pari du renouvelab­le.

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Mohamed Sami Agli, président de la Confédérat­ion algérienne du patronat citoyen (CAPC)

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