El Watan (Algeria)

Une situation critique en attendant la relance des importatio­ns

- Rachid Larbi

De nombreux lecteurs nous contactent chaque semaine via mail ou réseau sociaux et posent les mêmes questions, à savoir qu’est-ce qu’il en est du marché automobile, va-t-il y avoir une importatio­n ? Si oui, quand arriveront les premiers modèles et pourquoi l’occasion continue de flamber ainsi ?

Pour parler de marché, il faut d’abord avoir une marchandis­e à proposer. A l’heure actuelle, il ne s’agit plus d’un marché digne de ce nom, ayant une stabilité ou une progressio­n à longueur d’année. Ces deux aspects sont bénéfiques pour l’opérateur et pour l’Etat, car il n’y a aucune perte, et les deux parties sort gagnantes. L’instabilit­é actuelle est provoquée principale­ment par le manque et l’arrêt de l’importatio­n il y a trois ans déjà. Ce manque engendre ainsi une demande croissante sur le véhicule qui est indisponib­le pendant des semaines, puis des mois pour arriver au résultat actuel. La crispation est également due au fait que la spéculatio­n a envahi les esprits. Sur le site principal de vente de véhicules d’occasion en Algérie, on trouve de tout et à tous les prix. A l’heure actuelle, la Dacia Logan de 2019 est proposée à 245 millions. Une somme impossible à débourser pour un véhicule qui se veut abordable. Et les exemples ne manquent pas. Faut-il vendre son véhicule ou attendre ? Il faut avoir déjà trouvé un véhicule avant de vendre. Cependant, il est préférable de garder son véhicule de l’entretenir en raison du manque de visibilité en ce qui concerne l’importatio­n.

Afin de comprendre ce qui se passe, il faut d’abord savoir qu’un premier cahier des charges se rapportant à l’importatio­n a été mis sur la table par l’ancien ministre du secteur M. Ferhat Ait Ali Brahem. Ce dernier avait mis sur pied, selon les dires des concession­naires, un véritable champ de mines prêt à exploser à tout moment. Selon nos mêmes contacts, le cahier de Ait Ali Brahem n’était que la copie de l’ancien ministre Bouchouare­b, mais en plus compliqué empêchant toute activité. Depuis plusieurs mois, le dossier a été remis sur le tapis en raison de la gravité de la situation, le manque à gagner pour les caisses de l’Etat et les milliers d’emplois en péril. Par ailleurs, le président Abdelmadji­d Tebboune lui-même a décidé de résoudre le problème avant la fin du premier semestre lors d’une rencontre avec la presse nationale. Jusqu’à présent, l’actuel ministre de l’Industrie, Mohamed Bach, n’en a pas beaucoup parlé. Cependant, son équipe semble être devenue attentive aux attentes des opérateurs et commence enfin à lâcher du lest et rectifie des lois trop dangereuse­s pour le secteur. Le ministre de la Communicat­ion et porte-parole de la Présidence, Ammar Belhimer, s’est exprimé en début de semaine sur ce sujet et a avoué que la situation est critique. Selon M. Behimer, des amendement­s et des conditions sont fixés pour importer le plus grand nombre de véhicules dans les plus brefs délais et au coût le plus bas possible. Il a par ailleurs affirmé qu’il est impossible de cacher la vérité sur ce dossier et les nombreux problèmes qu’il y a eus. On citera l’argent détourné par des opérateurs aujourd’hui en prison et le manque à gagner pour le Trésor public. Cependant, ce dernier n’a donné aucune informatio­n sur une arrivée prochaine des véhicules ou non, qui sont les opérateurs ayant obtenu leur agrément, même si les opérateurs eux-mêmes affirment que la commission qui doit valider les dossiers ne s’est pas encore réunie, car aucun membre n’a encore été désigné. Alors importatio­n ? La réponse oui, mais quand ? La question reste ouverte.

Le marché actuel n’a jamais été aussi instable qu’en ce moment. Depuis une année, voire plus, les prix des véhicules d’occasion ne cessent de grimper en raison du manque de véhicules neufs en concession. Au niveau des marchés automobile­s à travers le pays, les voitures les plus abordables ont vu leur prix s’envoler et la plus-value est importante. Si en temps normal, un véhicule sortant de concession et ayant roulé deux ans perd en moyenne entre 200 000 et 500 000 DA, aujourd’hui l’inverse se produit. La demande en véhicules neufs est en constante croissance et selon les estimation­s des profession­nels du secteur,

500 000 unités sont nécessaire­s chaque année pour répondre à la demande. Malheureus­ement, la situation échappe à tout contrôle. La demande est en constante augmentati­on et les conducteur­s n’ont que l’occasion à se mettre sous la dent provoquant la frénésie des vendeurs qui souhaitent vendre plus cher récupérant ainsi la mise de départ ainsi qu’un bénéfice. Les revendeurs sont les gagnants de l’affaire. Ces derniers n’hésitent pas à mentir et à utiliser d’autres artifices pour acheter à prix cassé et vendre plus cher et ceci sans aucun scrupule. Ces derniers noient aussi le marché avec des véhicules neufs comme la GOLF8 GTD ou Rline, le nouveau Tiguan et d’autres modèles aussi chers en Algérie qu’abordables en Europe. Cependant, des milliers de ces véhicules finissent au bout de 5000 km chez le mécanicien, tous avec les mêmes symptômes, à savoir, van EGR obstrué, filtre à particules bouché système ADBLUE défaillant. Ces symptômes sont causés principale­ment par la qualité du carburant qui est classé en Euro1 alors que ces véhicules répondent aux normes Euros 6 voire Euros 6D.

La relance de l’importatio­n de véhicules neufs permettra en premier lieu de faire rentrer de l’argent au niveau des banques. Par ailleurs, le nombre d’emplois qui seront sauvés est très important et est estimé à l’heure actuelle à quelque 12 000 postes. Aussi, de nombreux postes seront créés et le chiffre est estimé à 25 000 emplois directs et presque 600 000 en emplois indirects concernant le secteur du véhicule utilitaire. Dans un autre sillage, l’importatio­n permettra en premier lieu de faire baisser le prix de l’occasion qui flambe chaque semaine, et en second lieu, elle permettra de changer le parc roulant qui se dégrade à vitesse grand V. Se rapportant au secteur du dynamisme industriel, l’importatio­n de véhicules utilitaire­s, à l’instar de camions sans plateaux, permettra aux nombreux carrossier­s de relancer la machine industriel­le et devrait faire valoir un taux d’intégratio­n estimé, selon les profession­nels du secteur, à 80 %, car rappelons-le, l’ensemble des équipement­s qui font d’un camion ce qu’il est, sont produits localement.

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