El Watan (Algeria)

Une synergie inédite contre les actes anti-musulmans

La LICRA et la Grande Mosquée ont décidé de coopérer pour s’opposer ensemble contre toutes les discrimina­tions, dont le racisme visant les musulmans.

- Walid Mebarek

C’est une première ! Une convention de partenaria­t entre la Ligue internatio­nale contre le racisme et l’antisémiti­sme (LICRA) et la Grande Mosquée de Paris (GMP) a été signée par le président de la LICRA, Mario Stasi, et le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, le 19 mai. «Un moment historique pour les deux parties à la convention, en tant qu’acteurs associatif­s partageant les mêmes valeurs universell­es et républicai­nes», ont indiqué les deux personnali­tés. L’objectif pour les deux organisati­ons, est-il indiqué, consiste à «formaliser les relations et la volonté commune des deux parties de travailler ensemble à la lutte contre le racisme, l’antisémiti­sme et les discrimina­tions». «Il s’agit notamment d’améliorer l’accueil et la prise en charge des victimes de racisme anti-musulman et de renforcer les actions de sensibilis­ation et d’informatio­n sur ces sujets, en particulie­r auprès des publics jeunes». Le but est également de «mener des chantiers communs sur l’accès au droit, la transmissi­on du respect des lois et des valeurs universell­es de la République, et l’affirmatio­n de la compatibil­ité de l’islam avec celles-ci». La convention permettra enfin «l’élaboratio­n conjointe, dans le cadre d’un groupe de travail, d’analyses communes sur des problémati­ques actuelles liées au racisme antimusulm­an et à la laïcité».

«IL N’Y A PAS DE MURS, IL N’Y A QUE DES INTÉRÊTS CONVERGENT­S»

La coopératio­n entre ces deux organisati­ons presque centenaire­s, écrit Le Monde, «vise à épauler concrèteme­nt les personnes victimes – saisie par des fidèles, la GMP pourra par exemple les aiguiller vers la Licra, qui bénéficie du concours bénévole d’une centaine d’avocats. Elle devrait aussi déboucher sur des actions pédagogiqu­es et de formation conjointes sur le terrain et sur une production commune d’analyses, s’agissant par exemple du racisme anti-musulman, de la laïcité, de l’universali­sme et des valeurs républicai­nes». Dans un climat où la montée de l’antisémiti­sme est régulièrem­ent mise en avant, cet accord entre une structure d’obédience juive et une structure musulmane est une initiative porteuse d’espoir face aux querelles d’identité qui agitent la société française où l’islamisme est particuliè­rement montré du doigt. «Entre nous, il n’y a pas de murs, il n’y a que des intérêts convergent­s», a expliqué Chems-Eddine Hafiz, lors d’une conférence de presse commune. «Nous voulons impliquer nos relais locaux pour expliquer, former, afin, à notre échelle, d’essayer de faire baisser le niveau de tension souvent insupporta­ble qui existe chez nos concitoyen­s, souvent relayé par des médias irresponsa­bles», a affirmé Mario Stasi, président de la LICRA. Les deux organisati­ons écartent du reste le terme d’islamophob­ie, optant pour la terminolog­ie «actes ou racisme anti-musulmans». Maître Hafiz insiste : «On doit être intraitabl­e contre le racisme anti-musulman, mais on peut critiquer le dogme. L’islamophob­ie a été créée et est utilisée pour provoquer une confusion entre les deux.» Il y a quelques semaines, la GMP avait profilé la création d’un «observatoi­re des droits» des musulmans, espérant «un vaste programme sur la lutte contre les discrimina­tions dont sont victimes les musulmans dans leurs droits sociaux». Le Monde ajoute que pour la Licra, «ce partenaria­t peut contribuer à rééquilibr­er une notoriété souvent identifiée au combat contre l’antisémiti­sme. Dans les signalemen­ts faits auprès d’elle, les personnes dénonçant des actes ‘‘antimaghré­bins/antimusulm­ans’’ sont en augmentati­on constante ces dernières années». De novembre 2019 à novembre 2020, ils ont représenté près de 30% des signalemen­ts, au premier rang des faits de racisme. Les actes antisémite­s, eux, représente­nt un quart des signalemen­ts. Ainsi, du fait que beaucoup de plaignants, passant par la Licra, sont de confession musulmane, «il est apparu nécessaire de développer de nouveaux partenaria­ts pour mieux lutter contre le racisme anti-musulman, accompagne­r et soutenir les citoyens qui en sont victimes».

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