Le parallélisme des droits et des devoirs
Face à la montée d’un sentiment xénophobe porté par un microcosme politico-médiatique nourri par les thèses d’extrême-droite, le président Macron semble vouloir fédérer la part modérée de l’électorat.
C’est à Nevers (Nièvre) que le président Emmanuel Macron a été amené à répondre à une question sur le sort des «sans-papiers», dans le contexte compliqué que vivent les migrants. Un sujet remis dans l’actualité par l’entrée subite de milliers de candidats à l’exil européen à Ceuta et Melilla, enclaves espagnoles au Maroc. Un thème qui sature quotidiennement le flot télévisuel exécrable des chaînes qui ont fait du commentaire insensé leur marque de fabrique. S’adressant indirectement aux migrants, Macron leur professe : «Vous avez des devoirs, avant d’avoir des droits. On n’arrive pas en disant ‘‘on doit être considéré, on a des droits’’.» En réalité, Emmanuel Macron s’adresse à la part de l’électorat qui ne comprend pas le tournant extrémiste pris non seulement par les médias, mais par des militaires et des policiers qui ont ces dernières semaines créé un climat séditieux. Son propos avait aussi un ton compassionnel mais ferme, comme pour se distinguer des outrances de rejet quasi absolu de l’immigration qui alimente la machinerie ultra du Rassemblement national, dont la candidate risque d’être de nouveau face à lui en 2022 lors de l’élection présidentielle. Contrairement à Marine Le Pen qui voudrait fermer complètement les vannes, il a rappelé que «la France prend sa part dans l’immigration qu’il y a aujourd’hui, nous continuerons de le faire». Mais aussi, de façon plus protectrice, en apparence : «On va continuer à investir pour héberger et former, mais il faut aussi que celles et ceux qui arrivent sur notre sol prennent leur part de devoirs pour faire l’effort sur la langue, pour faire l’effort pour les formations et ensuite pour avoir un travail, c’est la clé.» Se plaçant sur un registre humaniste délibéré, plus fait pour les électeurs échaudés par le bruit de fond médiatique qui vise à l’hystérie sur les questions d’immigration, Macron devait dire : «On a une culture d’accueil et les choses se passeront bien si chacun fait son devoir, et dit ‘‘je respecte les règles, j’essaie de m’intégrer, j’apprends la langue’’ .» «A ce moment-là, on arrivera collectivement à pacifier les choses, sinon, tous les esprits s’embrasent (…) Nous sommes un pays généreux mais on doit respecter les règles, on ne peut pas donner des papiers à tout le monde.» W. M.