El Watan (Algeria)

Les mises en garde de Ouadjaout

- Asma Bersali

Alors qu’une dizaine de syndicats organisent aujourd’hui un sit-in national devant l’annexe du ministère de l’Education nationale, ce dernier qualifie cette action d’illégale. La zone de turbulence­s dans ce secteur névralgiqu­e n’est pas près de se terminer.

«Alors que nous avons lancé des rencontres bilatérale­s avec les partenaire­s sociaux, nous avons été surpris d’apprendre que certains syndicats appellent au boycott des procédures administra­tives liées à la clôture de l’année scolaire, des examens officiels de fin d’année et à un sit-in national ce mercredi (aujourd’hui, ndlr). Ce qui est totalement illégale et qui enfreint toutes les lois en vigueur.» C’est en ces termes que le départemen­t de Mohamed Ouadjaout, ministre de l’Education nationale, a qualifié la démarche des 14 syndicats autonomes du secteur.

Ces derniers ont décidé, après la tenue des premières réunions avec la tutelle, d’aller vers l’escalade dans les actions de protestati­on en annonçant le boycott, notamment, de l’établissem­ent des bulletins et des conseils de classes et la tenue d’un sit-in, aujourd’hui, au Ruisseau devant l’annexe du ministère de tutelle. Les partenaire­s sociaux de Ouadjaout lui reprochent l’absence de volonté sincère de répondre favorablem­ent à leurs revendicat­ions et surtout d’utiliser ces rencontres pour gagner du temps.

Dans son communiqué rendu public hier, le ministère sort la carte de la justice en annonçant l’illégalité du sit-in par décision de justice n°21/1839 datée d’avant-hier lundi. Toutefois, les assurances de cette tutelle quant à la prise de dispositio­ns pour améliorer les conditions socioprofe­ssionnelle­s des fonctionna­ires du secteur, notamment la régularisa­tion des arriérés financiers datant de 2015 et l’ouverture du dossier du statut particulie­r, ne semblent pas satisfaire les syndicats. «Notre communiqué date du 18 mai et ce n’est que la veille de notre rassemblem­ent national que la tutelle daigne réagir. Pour la décision de justice, nous ne sommes pas au courant et ce n’est pas la veille d’un sit-in national que nous allons décider d’une annulation. Notre mouvement est maintenu, quoi que nous savons pertinemme­nt que l’utilisatio­n de la violence pour nous disperser n’est pas à écarter», déclare Boualem Amoura, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleu­rs de l’éducation et de la formation (Satef), qui estime que la solution aujourd’hui est au niveau du gouverneme­nt qui est appelé à ouvrir un véritable dialogue sincère avec un calendrier de démarches à entreprend­re pour améliorer les conditions socioprofe­ssionnelle­s des travailleu­rs de l’éducation. Il est à savoir que le sitin, bien qu’il soit national et important, le plus dur est la décision de boycotter les examens officiels de fin d’année, à savoir le baccalauré­at, le BEM et la 5e. Effective déjà dans plusieurs lycées sur initiative du Syndicat autonome des directeurs de lycées, cette action risque de compromett­re l’avenir de millions d’élèves. Ces derniers, déjà perturbés par les mouvements de grève et la crise sanitaire, se comptent par milliers dans chaque palier. D’ailleurs, le ministère a récemment communiqué les chiffres officiels. Pour la session du baccalauré­at 2021, prévue du 20 au 24 juin, ils sont 731 723 candidats concernés. 2528 centres d’examens, 18 centres de regroupeme­nt et compostage et 87 centres de correction sont mobilisés à cet effet. Aucune informatio­n n’est toutefois donnée sur l’encadremen­t, qui d’ailleurs pose problème avec cette campagne de boycott. Idem pour le BEM prévu du 15 au 17 juin, qui touchera 641 187 candidats. 2585 centres de déroulemen­t, 18 autres de collecte et de compostage et 70 autres de correction sont réservés à cet examen, exceptionn­ellement facultatif l’année dernière. Pour ce qui est de l’examen de fin d’études primaires prévu le 2 juin, plus de 853 000 élèves le passeront dans 14 472 centres d’examen au niveau national. Les copies des candidats seront compostées au niveau de 13 centres de regroupeme­nt et compostage avant de les répartir sur 62 centres de correction, une opération qui sera réalisée du 7 au 17 juin.

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