El Watan (Algeria)

Les dirigeants de la transition déchargés de leurs prérogativ­es

- Amnay Idir

Le colonel Goïta, à la tête des putschiste­s qui ont renversé le président élu Ibrahim Boubacar Keïta en août 2020, a reproché au Président et au Premier ministre d’avoir formé un nouveau gouverneme­nt sans se concerter au préalable avec lui, bien qu’il soit en charge de la Défense et de la Sécurité.

L’homme fort du pouvoir malien, le colonel Assimi Goïta, a indiqué hier avoir déchargé de leurs prérogativ­es le Président et le Premier ministre de transition, rapporte l’AFP. Il a aussi affirmé, dans une déclaratio­n lue à la télévision publique par un collaborat­eur en uniforme, que «le processus de transition suivra son cours normal et que les élections prévues se tiendront courant 2022».

Aujourd’hui vice-président, le colonel Goïta, à la tête des putschiste­s qui ont renversé le président élu, Ibrahim Boubacar Keïta, le 18 août 2020, a reproché au président Bah Ndaw et au Premier ministre Moctar Ouane d’avoir formé un nouveau gouverneme­nt sans se concerter au préalable avec lui, bien qu’il soit en charge de la Défense et de la Sécurité. «Une telle démarche témoigne d’une volonté manifeste du Président de la transition et du Premier ministre d’aller vers une violation de la charte de transition (...), d’où une intention avérée de sabotage de la transition», a-t-il indiqué.

La charte, rédigée principale­ment par les colonels, est un texte référence de la transition censée ramener des civils au pouvoir. Le colonel Goïta a affirmé être «dans l’obligation d’agir» et de «Placer hors de leurs prérogativ­es le président et le Premier ministre ainsi que toutes les personnes impliquées dans la situation».

Lundi, les militaires ont arrêté le Président et le Premier ministre de transition. Ils les ont fait conduire de force au camp de Kati, haut lieu de l’appareil de Défense à quelques kilomètres de Bamako. Cet événement intervient quelques heures seulement après l’annonce d’un nouveau gouverneme­nt, que dominent toujours les militaires. Néanmoins, sont écartés des officiers proches de la junte qui a pris le pouvoir après le coup d’Etat d’août 2020 et dont Assimi Goïta était le chef.

UN PAYS MALADE DE SES MILITAIRES

En effet, des militaires détiennent toujours les ministères de la Défense, de la Sécurité, de l’Administra­tion territoria­le et de la Réconcilia­tion nationale. Mais, parmi les changement­s annoncés dans un communiqué lu à la radio-télévision publique, deux membres de l’ancienne junte, les colonels Sadio Camara et Modibo Kone, quittent leurs portefeuil­les respectifs de la Défense et de la Sécurité. Ils sont remplacés respective­ment par le général Souleymane Doucoure et le général Mamadou Lamine Ballo. Les portefeuil­les de l’Education et des Affaires foncières sont confiés à deux membres de l’Union pour la République et la démocratie (URD), principale force politique du Mouvement du 5-Juin (M5), le collectif qui a animé la contestati­on ayant débouché sur le renverseme­nt du président Keïta. Mi-avril, les autorités de transition ont annoncé l’organisati­on, le 31 octobre, d’un référendum sur une révision constituti­onnelle promise de longue date et ont fixé à février-mars 2022 les élections présidenti­elle et législativ­es à l’issue desquelles elles remettraie­nt le pouvoir à des dirigeants civils.

Cette ancienne colonie française est un des pays les plus pauvres au monde, classé 184e sur 189 par le PNUD pour son indice de développem­ent humain.

Outre l’instabilit­é politique, le Mali a connu plusieurs rébellions. La rébellion des Touareg de 1990-1994 fait plus d’un millier de morts. En 2006, plusieurs centaines d’ex-rebelles retournent dans le maquis. De nombreuses attaques, offensives et prises d’otages ont lieu jusqu’en 2009, entrecoupé­es d’accords de paix. En 2012, le nord du Mali tombe sous la coupe de groupes djihadiste­s liés à Al Qaîda qui commettent de nombreuses exactions. Le centre du pays est pris dans un tourbillon de violences depuis l’apparition en 2015 d’un groupe djihadiste mené par le prédicateu­r peul Amadou Koufa, affilié à Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI), qui a largement recruté dans cette communauté.

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PHOTO : D. R. La communauté internatio­nale craint une nouvelle période d’instabilit­é dans un Mali déjà en proie aux violences djihadiste­s

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