Un «plan Marshall» pour la transition énergétique
L’Algérie dispose d’un délai de huit ans pour opérer sa transition énergétique. C’est du moins ce qu’a affirmé, il y a quelques jours, à Alger, le ministre de la Transition énergétique et des Energies renouvelables, Chems Eddine Chitour, à l’occasion de la 25e édition de la journée de l’énergie, consacrée à «la transition énergétique et le développement durable». «L’Algérie dispose d’un délai de 7 à 8 ans seulement pour réaliser la transition vers les énergies renouvelables et sortir de la situation actuelle marquée par la dépendance aux énergies conventionnelles», a-t-il indiqué. Pour le ministre, qui aspire à réaliser cet objectif à l’horizon 2030, de façon raisonnable et en association avec tous les secteurs concernés, les pouvoirs publics sont appelés à appliquer, sans plus tarder, «un plan Marshall» en matière des énergies renouvelables pour adopter un nouveau modèle énergétique, garantissant en plus de l’énergie solaire, les énergies thermique et éolienne. L’ex-professeur de L’Ecole nationale polytechnique d’El Harrach a estimé, dans ce sens, que cette transition «relève d’une nécessité et non pas seulement d’une aspiration à la modernité», ajoutant que l’enjeu majeur est de sensibiliser, voire convaincre la société de l’importance de cette transition, mais surtout de mobiliser les compétences scientifiques autour de cet objectif. Pour ce faire, outre les centres de recherche, les écoles supérieures et autres facultés formant des spécialistes dans le domaine des énergies renouvelables, un institut spécialement dédié à la transition énergétique, en l’occurrence l’Institut de la transition énergétique et des énergies renouvelables (ITEER) ouvrira ses portes, en septembre prochain, au pôle universitaire de Sidi Abdellah, à Alger. Cette nouvelle structure, sous tutelle du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS), devrait combler le manque constaté dans le domaine des hautes études sur la transition et la gouvernance énergétique globale, tout en offrant un apprentissage au croisement de la théorie et de la pratique. Ledit institut se veut ainsi un campus d’innovation technologique de référence dans les nouvelles technologies de l’énergie, regroupant des entreprises et des laboratoires, avec une triple ambition de définir et mener des programmes de recherche, de valoriser les résultats de cette recherche sur le plan économique, et de participer à l’effort de formation des professionnels pour la transition énergétique. Le ministre a également affirmé que les pouvoirs publics étudient depuis quelque temps la possibilité de proposer un baccalauréat développement durable, ce qui permettra de développer, selon lui, des spécialités universitaires et des métiers intimement liés à ce domaine. Il convient de rappeler que le MESRS s’est chargé d’élaborer, à travers son directeur général de la recherche scientifique et du développement technologique, un livre blanc, présenté en mars dernier, sur la vision stratégique nationale de la recherche et de l’innovation dans le domaine de la transition et de la sécurité énergétiques. Les rédacteurs du livre blanc ont appelé les plus hautes autorités du pays à «engager des réformes structurelles profondes dans tous les domaines, en se basant sur une nouvelle vision du modèle de production et d’utilisation de l’énergie en Algérie». Et de rappeler que le monde «se dirige, à l’avenir, vers un nouveau mode de consommation d’énergie, qui opérera un changement à l’équilibre des forces et une recomposition du paysage politique au sein des Etats et au niveau régional». Les rédacteurs du même document n’ont pas manqué d’insister sur l’importance de se focaliser sur la formation des compétences qualifiées en vue de leur permettre de maîtriser les technologies de pointe, en sus de l’amélioration de la gouvernance et du développement de méthodes de travail, en vue de concrétiser une production attractive et durable en la matière.