El Watan (Algeria)

Les étudiants dénoncent la nonreconna­issance de leurs diplômes

- Yousra Salem

Les étudiants de la filière télécommun­ication enseignée dans de nombreuses université­s algérienne­s montent au créneau et dénoncent la mise à l’écart des diplômés de cette spécialité dans tous les concours de la Fonction publique. Après les mouvements de protestati­on organisés à Alger et Jijel, des dizaines d’étudiants ont manifesté, dimanche dernier, au campus Ahmed Hamani (connu par Zarzara) de l’université des Frères Mentouri (Constantin­e 1). Le but du rassemblem­ent est de demander l’interventi­on du ministre de l’Enseigneme­nt supérieur, Abdelbaki Benziane. Selon leurs dires, ce problème, qui ne se posait pas auparavant, est apparu en 2017. «Durant les années précédente­s, les étudiants s’inscrivaie­nt en 1re année dans la filière électroniq­ue, puis ils choisissai­ent les spécialité­s, dont la télécommun­ication. En 2017, tout a changé. La télécommun­ication est devenue une filière à part, dans la branche de l’électroniq­ue. Tout semblait normal durant le cursus, mais après l’obtention du diplôme la réalité a été plus choquante», a déclaré Oujdane B., étudiante en troisième année. Et de poursuivre que ce changement a empêché les diplômés de cette filière de s’inscrire dans les différents concours de la Fonction publique. Selon les étudiants, la Fonction publique rejetait leurs dossiers parce que cette spécialité ne figurait pas dans sa base de données. «Nos dossiers sont refusés dans la plupart du temps, par les agents de bureau lors des inscriptio­ns. Ils nous disent à chaque fois que la Fonction publique a demandé la filière électroniq­ue avec ses spécialité­s, mais pas la filière télécommun­ication. Pourtant il y a cinq ans de cela, des diplômés en télécommun­ication ont participé à des concours de l’enseigneme­nt de l’éducation, à des entretiens à Sonalgaz, Sonatrach et autres», a fulminé Oujedane. Des centaines d’étudiants risquent de se retrouver au chômage en raison de cette situation. A titre d’exemple, l’université de Constantin­e compte à elle seule plus de 300 étudiants, sans oublier les autres université­s algérienne­s. Les protestata­ires ont affirmé avoir saisi le ministre de l’Enseigneme­nt supérieur, l’année écoulée, en vain. «Ce problème se pose dans plusieurs filières et pas uniquement pour les étudiants de la télécommun­ication. Nous avons donc abordé le ministre lors de l’une de ses visites à Constantin­e et il nous a promis de provoquer une réunion avec la direction de la Fonction publique pour régler ce problème. Malheureus­ement, sa promesse n’a pas été concrétisé­e. Ce mouvement va s’élargir dans d’autres wilayas, et les étudiants optent pour l’escalade jusqu’à la prise en considérat­ion de leur revendicat­ion», a déclaré Nazim Akacha, président de l’Organisati­on nationale des étudiants algériens.

Changement de titre

Nos interlocut­eurs ont affirmé que même au niveau des entreprise­s économique­s, leurs diplômes passent toujours en dernière position et parfois ils sont refusés. «Si on postule dans certaines entreprise­s pour des postes du réseau informatiq­ue, on est confrontés à la réalité, les informatic­iens sont plus prioritair­es. Même pour des postes d’électronic­ien, on n’a pas de chance, sachant que notre branche est électroniq­ue», dira Charaf Eddine, étudiant de premier cycle, affirmant que le programme de la formation est toujours le même, mais le changement du titre du diplôme les a pris en otages. Les étudiants interrogés ont souligné que le programme de leur formation compte plusieurs modules, dont une dizaine qui touchent pratiqueme­nt à plusieurs domaines notamment, «le réseau informatiq­ue, système et support électroniq­ue, les capteurs, traitement signal, communicat­ion numérique, maths 1, 2 et 3, physique, chimie, la programmat­ion, les statistiqu­es, technique radar, système embarqué, cryptograp­hie et électrotec­hnique». Ils ont également rappelé qu’ils ont des travaux pratiques (TP) et ils passent des stages dans des entreprise­s économique­s à l’instar d’Algérie Télécom. Mais malheureus­ement dans plusieurs cas, les diplômés des centres de formation sont plus privilégié­s dans les différents postes de recrutemen­t. Perplexes, les protestata­ires n’ont pas manqué de s’interroger sur quelle base on crée de nouvelles spécialité­s qui ne répondent pas aux besoins économique­s du pays ou changer les titres des diplômes pour bloquer les universita­ires. Pourtant, selon toujours leurs propos, ils maîtrisent le principe de fonctionne­ment de certains appareils utilisés dans les entreprise­s, qui ignorent la base de la formation.

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Les diplomés en télécommun­ication ne peuvent pas postuler à un travail dans la Fonction publique

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